Après deux mois de crise sanitaire, la vie reprendra tout doucement son cours, avec un déconfinement progressif. Seuls les commerces essentiels rouviront leurs portes. Mais qu'en est-il des salons de coiffure ? Clients et professionnels espèrent rapidement se retrouver.

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Difficile d'imaginer une reprise le 11 mai

Crise sanitaire rime avec crise capillaire. Depuis le début de l'épidémie de coronavirus Covid-19 et des mesures de confinement, les internautes s'inquiètent... de leur coupe de cheveux. Entre les racines qui repoussent, les cheveux de plus en plus difficiles à dompter, nous sommes nombreux à être prêts à nous raser le crâne en un coup de tondeuse.

Une question nous taraude : quand les salons de coiffure pourront-ils rouvrir ? Clients et professionnels espèrent se retrouver dès le 11 mai, date de levée du confinement évoquée par le gouvernement il y a quelques jours. "Mais on attend toujours un retour officiel concernant la réouverture de nos entreprises" déclare Emmanuel Poyen, président de la Chambre des métiers de Bourgogne-Franche-Comté et président de l'UNEC (Union Nationale des Entreprises de Coiffure) de Bourgogne. "C'est un peu délicat d'affirmer qu'on rouvrira tous le 11." Emmanuel Poyen rappelle que la condition pour que l'économie se relance, c'est que la situation sanitaire se stabilise. Lui s'inquiète des faux-espoirs des uns et des autres. "C'est compliqué pour nous, on ne peut pas être à moins d'un mètre de nos clients." 
 

Après les "Gilets jaunes", la réforme des retraites... le Covid-19

Fermés en même temps que les hôtels, les bars, les restaurants et autres lieux "non-essentiels à la vie de la nation", les salons de coiffure bénéficient cependant d'aides allouées par les institutions. Des prêts à hauteur de 1 500 euros ont commencé à être distribués à certains professionnels.

Mais Emmanuel Poyen craint des diffultés particulières pour les salons ouverts depuis seulement deux ou trois ans. "C'est la troisième vague de difficultés qu'on connaît. Après les Gilets jaunes et les manifestations contre la réforme des retraites, la crise sanitaire actuelle nous cause du tort." Obligés de fermer déjà de nombreux samedis ces trois dernières années, les salons de coiffure font face à une instabilité et insécurité économique. "Il y a un vrai risque que certains salons mettent la clé sous la porte." Le président de l'UNEC Bourgogne souligne le soulagement des professionnels de ne pas avoir à assumer leurs charges et cotisations depuis le début de la crise, "mais il va bien falloir qu'on les paye à un moment donné." 

La solution serait qu'ils nous annulent nos charges. Octobre et novembre, c'est une période creuse pour nous. Même si on bosse bien sur un mois, ça risque de se tendre.
Emmanuel POYEN, président de l'UNEC Bourgogne (Union Nationale des Entreprises de Coiffure)

Des trésoreries mises à mal

Chimène est propriétaire de son salon à Dijon, en Côte-d'Or. "J'ai de la trésorerie d'avance jusqu'au 11 mai." Pour Céline, coiffeuse à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire, "ma deadline c'est le 15 mai". Toutes les deux sont aujourd'hui obligées de piocher dans leur trésorerie pour pouvoir s'en sortir en cette période d'inactivité. Chimène a fait le choix de ne pas se payer pour privilégier sa salariée. Céline, accompagnée d'un apprenti et d'une salariée, s'est débrouillée pour les payer à hauteur de 100 %. 
"Vivre en attendant, c'est compliqué" se lasse Chimène. Elle a fait les demandes pour bénéficier du prêt de 1 500 euros mais attend toujours une réponse. "Je me prépare à une année fiscale difficile. Je ne sais même pas si j'aurai la capacité financière de partir en vacances en 2021." Même son de cloche à Montceau-les-Mines : Céline s'apprête à annuler ses vacances en octobre. Financièrement, elle ne pourra sans doute pas se le permettre.
 


Ce qui risque aussi de les atteindre financièrement, c'est une possible réorganisation du salon "pour respecter les mesures sanitaires". Céline pense déjà à acheter et installer du matériel pour protéger ses client(e)s ainsi que son équipe. "Même si financièrement c'est pas possible du tout. Mais je vais mettre toutes les chances de mon côté pour passer ce virage." 

Protéger les clients est désormais la priorité. "Même si les mesures d'hygiène, on les adoptait déjà avant" : gel hydroalcoolique, serviettes et peignoirs lavés après chaque client(e), etc. "Peut-être qu'on devra penser à n'accueillir qu'un nombre limité de client(e) dans le salon.

"Il y aura un avant et un après Covid"


Chimène a prévu de travailler "6 jours sur 7", Céline compte "allonger les horaires d'ouverture." Au salon de Dijon, on pense qu'il y aura "100 à 150 % de demandes". A Montceau-les-Mines, certaines clientes ont déjà prévenu qu'elles attendraient plusieurs jours après l'ouverture avant de prendre rendez-vous, "par mesures de précaution".

Quoi qu'il en soit, le temps de travail sur chaque client(e) sera plus long. De quoi alors renflouer les caisses ? "Pas vraiment. Qu'on coupe 3 cm ou 5 cm de plus que d'habitude, ça ne nous rapportera rien de plus." Chimène y voit malgré tout un avantage. Elle pense que les coiffeurs vont entrer dans une phase créative. "Ce sera l'occasion de se dire que cette coupe n'est pas mal. Qu'on va retravailler à partir d'autres bases. Les gens auront d'autres envies et nous aussi ! On ne sera plus dans la routine.
 


Ce retour au salon, les deux coiffeuses l'attendent impatiemment. "Plus les jours passent et plus je l'appréhende différemment" confie Céline. Elle prend conscience de tout ce qui va devoir changer au salon, dans son quotidien. "Acheter du matériel jetable pour se protéger d'accord. Mais on doit penser aussi à la planète !" Chimène se dit "frustrée". Elle se sent prête et voudrait retourner travailler rapidement. Elle a même songé à faire des tutos sur internet pour montrer à ses clients comment prendre soin de leurs cheveux. 
Céline, elle, a continué de se former en ligne, grâce à son fournisseur qui, régulièrement, propose des directs sur les réseaux sociaux avec d'autres professionnels, pour réfléchir ensemble à la suite. 
 

On garde espoir. On attend les retours de nos ministres pour savoir à quel moment on va pouvoir remettre de l'huile sur nos ciseaux.
Emmanuel POYEN, président de l'UNEC Bourgogne (Union Nationale des Entreprises de Coiffure)


Beaucoup d'interrogations demeurent encore. Chacune réfléchit à la façon dont elle rouvrira son salon. "Il y aura un avant et un après covid" selon Céline.
Mais une chose est sûre : il leur tarde de rertrouver leurs client(e)s. Le sentiment est d'ailleurs partagé puisque certains demandent déjà à prendre rendez-vous. 
 
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