Le mouvement agricole se poursuit, avec par endroits des opérations ciblées contre des institutions. En Bourgogne, elles sont nombreuses à avoir été la cible des agriculteurs. Entre dépôt de plainte et effort de compréhension, les réactions des élus diffèrent.
Du foin, du fumier, des pneus... Depuis le début du mouvement, les agriculteurs font savoir leur colère en déversant tout un tas d'objets devant des mairies, préfectures et autres bâtiments administratifs. Et ces manifestations commencent à gêner certains élus.
Mercredi, la cour de l'hôtel de ville de Venarey-les-Laumes a été saccagée par plusieurs dizaines d'agriculteurs en colère. Du fumier et des pneus ont été déversés, et des banderoles à l'encontre du maire ont été érigées.
Le maire de Venarey-les-Laumes porte plainte
Ce jeudi, Patrick Molinoz a annoncé porter plainte contre X pour les dégradations subies la veille. S'il est conscient de la situation des manifestants, ces actions ne sont pas du tout au goût du maire de Venarey-les-Laumes. "Ils sont parfaitement légitimes à le faire. Je suis attaché à la liberté d’expression et au droit de manifester. Mais je dénonce sans réserve la méthode utilisée : rien ne justifie de dégrader des bâtiments, de se débarrasser de déchets sur la voie publique, de perturber le travail de fonctionnaires qui n’ont rien à voir avec les sujets agricoles", indique le maire dans un communiqué envoyé ce 1er février.
Les dégradations et la violence ne sont jamais des solutions.
Patrick MolinozMaire de Venarey-les-Laumes
Patrick Molinoz annonce également porter plainte contre le ministre de l'Intérieur pour ne pas avoir su protéger la mairie. "Je dénonce fortement le choix de ne pas protéger les bâtiments publics, laissant aux manifestants toutes libertés. Si l’État ne garantit pas l’ordre public et la protection de tous, c'est notre cadre démocratique qui est menacé." Ce dernier compte par ailleurs envoyer la facture des dégradations au ministère, "car il n’appartient pas aux habitants de Venarey-les-Laumes de payer."
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Les agriculteurs ont ciblé la mairie pour envoyer un message fort à Patrick Molinoz, vice-président à la Région. Michel Neugnot, autre vice-président à la Région, était également concerné par les banderoles à son domicile, selon le Bien Public. Selon la FDSEA 21, plusieurs agriculteurs doivent rencontrer le maire de Venarey-les-Laumes aujourd'hui pour échanger.
"Ne pas porter plainte, c'est soutenir le mouvement"
Dans la Nièvre, c'est la ville de Château-Chinon qui a été visée. Ce mercredi en fin de journée, des agriculteurs se sont rendus à la sous-préfecture. Les manifestants ont déversé de la paille et du fumier devant et dans la cour du bâtiment. Des œufs ont également été jetés sur la communauté de communes Morvan et Grands Lacs de Château-Chinon.
Maire de la commune, Chantal Marie-Malus ne prend pas ces dégradations de façon personnelle. Selon elle, la simple raison de ces incidents, c'est parce que Château-Chinon est une ville sous-préfecture. "Ça ne m’a pas fait plaisir de voir les tracteurs déposer du fumier et des déchets dans la cour, mais je pense que nos agriculteurs expriment une colère justifiée. Nos employés municipaux ont davantage de travail, mais ce sont les aléas des mouvements sociaux."
L'élue ne compte pas porter plainte pour autant. "On est complètement solidaires des agriculteurs de la région. Ne pas engager de poursuites, c’est une forme de soutien du mouvement. Si ça se reproduit souvent, je demanderai des frais pour nettoyer les lieux. Mais si on compare à d’autres endroits, les agriculteurs ont été "soft".
Des antennes de l'OFB visées par le mouvement
Contactée, la préfecture de Côte-d'Or annonce qu'en l’absence de dégradations et de violence, il n'y aura pas d'intervention des forces de l’ordre pour ce type d'actions. Toutefois, le préfet Franck Robine a rappelé à l'ordre la FDSEA 21 au sujet des banderoles affichées devant l'office français de la biodiversité (OFB) de Montbard, où deux noms d'agents figuraient.
Car les mairies et les préfectures ne sont pas les seules institutions visées. L'OFB est également la cible des agriculteurs, comme c'était le cas en début de semaines à Dijon et Montbard.
De nombreuses protestations ont ciblé ces antennes locales, les agriculteurs dénonçant des contrôles excessifs par l'OFB. Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a "dénoncé ces actes minoritaires. S'en prendre à ceux qui font respecter les règles ne me semble pas être une manière de faire progresser le débat." Le Premier ministre Gabriel Attal a placé l'OFB sous "la tutelle des préfets pour faire baisser la pression des contrôles".