En Bourgogne, les récents "millésimes chauds" ont donné des vins "plus gourmands", estiment les viticulteurs. Mais, la profession s’est dotée d’un conservatoire des anciens cépages bourguignons pour se préparer à faire face à des effets négatifs à plus long terme.
Une étude internationale qui vient de paraître a analysé les dates de début de vendanges depuis six siècles.
Les résultats montrent que la récolte des raisins a lieu treize jours plus tôt depuis 1988, ce qui est un signe manifeste du réchauffement climatique. Jusqu’en 1987, les vendanges se faisaient en général à partir du 28 septembre et à partir de 1988 elles commencent en moyenne deux semaines plus tôt.
Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur les vignes ?
En Bourgogne, les récents "millésimes chauds" ont donné des vins "plus gourmands, plus soyeux, plus colorés", analyse Jérôme Galeyrand, viticulteur à Gevrey-Chambertin."La vigne est une plante méditerranéenne, elle aime la chaleur, le soleil". "A ce jour, les effets (du réchauffement) sont positifs" dans la région, ajoute Jean-Philippe Gervais, directeur du pôle technique du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). L'évolution du climat "nous a servi sur la qualité de la maturation" du raisin, dit-il.
Mais, à plus long terme, des craintes s'élèvent : les professionnels redoutent des degrés d’alcool trop élevés ou encore une perte d'acidité du vin. L’inquiétude grandit aussi face aux hivers plus doux ou plus brefs, ce qui conduit le cycle végétatif à reprendre plus tôt ou plus vite, exposant davantage la vigne aux gelées.
A quoi sert un conservatoire d'anciens cépages bourguignons ?
Les vignerons ont une "grosse interrogation par rapport au réchauffement climatique", explique Jean-Claude Rateau, viticulteur à Beaune. "Les deux générations qui vont suivre seront sans doute amenées à faire des gros changements dans l'encépagement bourguignon."Le Groupement d'étude et de suivi des terroirs (GEST) a donc créé un conservatoire d'anciens cépages bourguignons : le Sacy, le Roublot, le Melon, le Gouget, le Gouais, le Beaunoir, le Bachet, le Romorantin, l’Abondance, le Gascon, etc.
Depuis 2016, une cinquantaine de variétés (huit pieds par cépage) ont été plantées sur cette parcelle située à Savigny-lès-Beaune, dans les Hautes-Côtes de Beaune.
Objectif : préserver ces cépages qui étaient autrefois cultivés en Bourgogne et les étudier pour évaluer leur adaptation au changement du climat. Ces cépages anciens sont aussi comparés aux cépages actuellement cultivés.
Comment faire pour que le vin de Bourgogne reste du bourgogne ?
"Ce qu'on essaye simplement de faire ici, c'est de ne pas être pris de court", précise Thibault Liger-Belair, vigneron à Nuits-Saint-Georges et président du GEST. "Demain, on aura peut-être besoin d'un cépage avec un peu plus d'acidité, un peu plus de tension, peut-être avec des maturités un peu plus tardives".
Ces cépages anciens pourraient servir à compléter, un jour, les variétés traditionnelles, pour tempérer certains défauts qui pourraient apparaître avec l'évolution du climat.
Mais il n'est pas question de changer du tout au tout, prévient Jean-Claude Rateau. "Il faut que le Bourgogne reste du Bourgogne, avec sa fraîcheur, sa complexité, sa finesse, tout ce qui nous fait rêver dans un vin de Bourgogne et qui fait rêver nos acheteurs."