L’épidémie de coronavirus Covid-19 frappe le secteur de la viticulture, déjà fragilisé par les sanctions américaines sur les importations de vin français. Le gouvernement a annoncé un plan d’aide à ce secteur qui génère de nombreux emplois en Bourgogne et en France.
Pourquoi le monde du vin est-il impacté par l'épidémie de coronavirus ?
Le secteur viticole fait face à une chute de la consommation de vin en raison de la fermeture des bars, cafés et restaurants depuis la mi-mars. Sans compter l'annulation des salons des vins et l’interdiction de recevoir des clients dans les caves. Pour les petits domaines, qui n'ont que peu de trésorerie, l’épidémie de coronavirus est une véritable catastrophe.
Le coup est d'autant plus dur qu'il vient s’ajouter la baisse des exportations de vins français vers les Etats-Unis, suite à l’augmentation des taxes décidée par l'administration Trump en 2019.
Au total, ce sont plus de 85 000 entreprises qui sont concernées partout en France (exploitations viticoles, caves coopératives, négociants vinificateurs).
C’est pourquoi la filière viticole réclamait un plan d'aide de 500 millions d’euros.
Une visioconférence a réuni tous les acteurs du secteur lundi 11 mai 2020. Des mesures ont été annoncées à l’issue de cette réunion à laquelle participaient le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume et le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.
Une première série de mesures de soutien spécifique pour le secteur viticole : exonération de charges pour les TPE/PME en difficulté, 140 M€ pour la distillation de crise et une relance de notre demande du fond de compensation au niveau européen. @gouvernementFR #TousMobilisés pic.twitter.com/13UKqk0Fww
— Didier GUILLAUME (@dguillaume26) May 11, 2020
Quelles mesures ont été annoncées pour soutenir la filière viticole ?
Au total, trois mesures de soutien vont être prises pour assurer la stabilité du marché et la poursuite de l’activité :
1-des exonérations de cotisations sociales pour les TPE (très petites entreprises) et les PME (petites et moyennes entreprises) les plus en difficulté
2-un dispositif de distillation de crise à hauteur de 140 millions d’euros : cela doit permettre aux viticulteurs de distiller les millions d'hectolitres de vin en excédent, pour servir notamment à la fabrication de gel hydroalcoolique.
3-le gouvernement va aussi relancer sa demande d’un fonds de compensation au niveau européen.
Les ministres ont insisté sur le fait que le plan proposé est une première étape et qu'il y aura une clause de revoyure organisée dans les prochaines semaines pour renforcer le plan si nécessaire, notamment via une aide supplémentaire aux distilleries".
Par ailleurs, Bruno Le Maire, Didier Guillaume et Gérald Darmanin ont rappelé que le secteur viticole est pleinement éligible aux mesures de soutien déjà mises en place par le gouvernement pour les entreprises : fonds de solidarité, prêt garanti par l’Etat, report de cotisations sociales et d’impôts, chômage partiel…
Pourquoi la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne est-elle en colère ?
Ces mesures ont été fraîchement accueillies par la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB). La distillation n'était pas demandée par la Bourgogne qui préfère conserver ses vins pour les années à venir. Ces mesures de distillation "vont siphonner le plan national d'aide" dont la Bourgogne a le plus grand besoin, confie à l’AFP Thiébault Huber, président de la CAVB et vigneron à Volnay, en Côte-d'Or.
Le viticulteur bourguignon conteste le montant des exonérations de cotisations sociales : "elles sont estimées à 100 millions alors qu'on les voulait à 400 millions", dit le responsable de la CAVB.
"On met des milliards d'euros dans Air France ou Airbus mais on n'aide pas une filière en danger", enrage-t-il.
Le président de la CAVB a décidé d'écrire au président de la République pour lui faire part de son mécontentement.