Le gouvernement va présenter la "loi anti gaspillage pour une économie solidaire" début juillet 2019. Une des mesures phares est la mise en place de consignes pour les bouteilles en plastique. On fait le point en Bourgogne.
Des jeunes descendant dans la rue pour le climat, un nombre record de citoyens mettant en cause la responsabilité écologique du gouvernement, un bon score des écologistes lors des dernières élections européennes : l’écologie est au cœur des préoccupations d’une grande partie des Français.
Lors de son discours de politique générale, le 12 juin 2019, le Premier ministre, Edouard Philippe, a donné une large place à la lutte contre le gaspillage et la mise en place d’une logique d’économie circulaire.
La loi anti gaspillage pour une économie circulaire, qui doit être présentée début juillet, a pour mesure phare la mise en place de consignes sur les bouteilles plastiques et les canettes.
Actuellement en France, seules 55 % des bouteilles sont recyclées, alors que l’Union européenne a fixé l’objectif de 90 % de bouteilles en plastique recyclées d’ici 2029.
►La consigne doit favoriser le recyclage du plastique
Pour pouvoir atteindre cet objectif, Brune Poirson, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, a réuni un comité de réflexion mercredi 19 juin 2019, composé d’industriels, d’élus, d’associations. Il a pour mission de réfléchir à une amélioration de la gestion des déchets et la mise en place d’un système de consigne pour les bouteilles en plastique.
Ces experts devront définir quels produits vont être concernés par la consigne et les modalités de mise en oeuvre. Tout cela sans pénaliser les collectivités locales qui tirent actuellement des revenus de certains emballages usagés qu'elles revendent pour être recyclés.
Le principe de la consigne est le suivant : au moment de l’achat de sa bouteille ou de sa canette le consommateur paie une caution dont le montant est à définir. Une somme qu’il récupérera au moment où il rapportera l’emballage.
Une pratique qui a longtemps existé avec les bouteilles en verre.
Selon un sondage Ifop, en 2018, les Français ne sont pas effrayés par cette proposition : 83% d’entre eux sont disposés à rapporter leurs bouteilles en plastique à la consigne.
Il existe déjà des initiatives locales en France. Par exemple, des machines récupérant les consignes de bouteilles en plastique ont déjà été installées sur des parkings de supermarchés en Alsace ou en Bretagne.
►Qui gére le recyclage du plastique ?
Aujourd’hui, le recyclage du plastique des particuliers, celui concerné par la consigne, est géré par les collectivités locales. Elles organisent la collecte de ces déchets via la poubelle jaune et les achemine vers des centres de tri spécialisés, comme Bourgogne recyclage.
Cette entreprise familiale indépendante est implantée dans plusieurs villes de Bourgogne-Franche-Comté. Elle recycle de nombreux matériaux, dont le plastique qui est trié en fonction de données techniques.
Au total, Bourgogne recyclage trie 12 000 tonnes de plastique par an, dont 8 000 venant de particuliers . Et sur ces 8 000 tonnes, 2 000 sont concernées par la consigne : les bouteilles en PET (Polyéthyléne tétraphtalate), un plastique recyclable.
Mais, si on compare l’ensemble des emballages plastiques achetés par les particuliers et la quantité recyclée le solde est négatif. D’une part, certains emballages comme les pots de yaourts ne sont pas recyclés et d'autre part, certains particuliers ne trient pas.
Le projet de consigne présenté par la secrétaire d’Etat à la transition écologique a pour but d’attirer les consommateurs qui ne trient pas.
Pour Guillaume Sécula, directeur de Bourgogne recyclage :
Toute incitation au recyclage est une bonne chose et donne du travail à l’économie circulaire. Mais il faut faire attention à ce que la mise en place d’un système de consigne ne soit pas juste un changement de canal de récolte, car cela n’apporterait rien à l’environnement.
►Plastipak : une entreprise qui recycle les bouteilles en plastique
En Bourgogne, une entreprise recycle déjà les bouteilles en plastique pour en refabriquer d'autres.
Il s'agit de l'usine Plastipak, leader européen dans le recyclage de bouteilles plastique. Installée à Sainte-Marie-la Blanche près de Beaune, elle a pour principal actionnaire et premier client, une grande marque de sodas américaine : Coca Cola European Partner France (CCEP).
Dans les locaux de Plastipak, des machines broient, nettoient et émiettent le plastique en continu. Au bout de la chaîne, un nouveau matériau voit le jour, le r-PET, un plastique recyclé qui va entrer dans la fabrication de nouvelles bouteilles de la marque.
En 2019, CCEP prévoit encore de réduire son empreinte carbone en diminuant l’utilisation de plastique vierge de 3 000 tonnes soit 90 millions de bouteilles.
Le plastique des bouteilles, concerné par la consigne, est celui qui se recycle le mieux. Il est aussi celui qui rapporte de l’argent. Mais, dans les poubelles des particuliers les déchets en plastique ne se limitent pas aux bouteilles. On y touve aussi des pots de yaourts, des barquettes, des films plastiques, des emballages qu’il faudra continuer à recycler, même si c’est moins facile et moins lucratif.