Se soigner grâce à la présence d’un cheval : l’association Equi-Sens, à Chenôve (Côte-d'Or), organise des séances d’équithérapie pour des femmes victimes de violences sexuelles. Plusieurs fois par mois, elles montent à cheval pour tenter de redonner du sens à leur vie.
Elles ont entre 25 et 30 ans. Ces femmes, victimes de la traite d'êtres humains et de violences sexuelles, bénéficient de séances d'équitation à l'association Equi-Sens, à Chenôve. Ici, elles apprennent à surmonter leurs difficultés dans la relation à l'autre. À retrouver un équilibre, grâce au cheval.
Le cheval, meilleur ami de l'homme
Manon Cunine est éducatrice spécialisée en formation d'équicienne. Selon elle, le cheval est un biais pour évacuer les maux : "J'ai vu de nombreuses fois des personnes s'adresser au cheval, passer par le cheval, pour exprimer certaines de leurs émotions qui sont beaucoup trop complexes à exprimer à l'autre, mais qui doivent pourtant sortir."
"On a besoin d'oublier le quotidien"
Sandra, 25 ans, victime de violences, vient une fois par semaine, et ces séances lui font du bien. Elle a fui son pays, l'Angola, en 2015. À son arrivée en France, elle est sans papiers et finit entre les mains d’un proxénète. Les séances avec le cheval sont une parenthèse qui lui permet de respirer : "ça m'apaise, sur des moments où on est un peu perturbé. Quand on est à cheval, on est juste en train d'en profiter de ces moments, c'est un truc magique en fait".
Sandra a essayé de régulariser sa situation, lorsqu'elle est arrivée en France. Elle s'est retrouvée à la rue : "je n'ai pas eu le choix que de tomber dans la prostitution. On m'a dit que je n'avais pas le choix si je voulais m'en sortir. J'avais juste envie de mourir à ce moment-là." Les séances avec Bambi, son cheval, lui permettent de mettre à distance ses traumatismes. "Mon pire ennemi c'est le soir, pour dormir, tout revient. On a besoin d'oublier les problèmes, l'angoisse, la peur, toutes ces choses mauvaises que j'ai vécues".
Une équithérapie pour soigner les maux invisibles
Avec l'animal, les femmes retrouvent l'estime de soi, et font taire les angoisses. Charlène Etienne, éducatrice spécialisée à l'association Equi-Sens, explique en quoi les séance sont bénéfiques pour ces femmes qui ont un vécu difficile : "Elles sont vraiment actrices de leur séance, pour reprendre confiance en elles, et décider de leur propre chemin de vie."
Les séances se font en groupe, un autre point positif pour avancer dans la thérapie : "elles se connaissent, c'est un cadre très rassurant. Au fur et à mesure, elles nous font de plus en plus confiance, elles nous font des propositions. Dans un quotidien passé, on ne leur a pas laissé le choix."
Une association en soutien
Soutenues et hébérgées par une association dijonnaise (ADEFO Le Pas), ces femmes sont obligées de se cacher et vivent parfois isolées.
Les séances d'équitation leur apportent un changement radical,"les activités permettent de découvrir autre chose, d'avoir d'autres liens aussi, explique Lola Cunin, assistante sociale à l'association ADEFO Le Pas, au micro de nos journalistes David Ségal et Damien Rabeisen. La resocialisation, c'est quelque chose de très important. Découvrir d'autres choses, cela permet de se revaloriser, de trouver des choses positives. Ici, ce n'est que du positif pour elles. Cela leur permet de se retrouver dans un environnement serein et apaisant."
Pour résumer leur détermination, Lola Cunin assure que "ce sont des femmes qui ont des parcours de vie complexes, qui n'abandonnent jamais et qui sont motivées pour s'insérer. Elles sont courageuses."
80% du coût des séances d'équithérapie sont financées par la fondation Orange.
Avec cette thérapie par le cheval, ces femmes espèrent retrouver le contrôle de leur vie et le chemin de la résilience.