L'usine SEB d'Is-sur-Tille est un centre de compétence de la cuisson électrique pour le groupe depuis 1976. Après des records de production dans les années 2000 et 2010, la chute des ventes provoque l'inquiétude des syndicats.
Après avoir vécu des situations de production historiques dans les années 2000 et 2009 avec les friteuses électriques puis les modèles "sans huile", le site SEB d'Is-sur-Tille voit maintenant son activité réduite, menaçant son existence, selon des syndicalistes.
"Fin 2024, on ne veut plus qu'on fabrique de produits SEB"
Franck Backes, délégué syndical central Is-sur-Tille, explique que le site est déjà "sous réorganisation".
Une nouvelle vision voulue par l'entreprise "qui va diminuer de 50% la population d'ouvriers dans l'usine. L'objectif-cible de la direction, c'est que fin 2024 nous ne fassions plus de produits SEB, tout ce qui est friteuses, Cookéo, fours, ce qui est déjà terminé actuellement. Nous, on ne comprend toujours pas, on se demande quelle est la stratégie industrielle pour Is-sur-Tille !"
Derrière cette réorganisation : la crainte de ne se retrouver qu'avec la dernière activité nouvelle du site, la production de vélos électriques, de marque Angell. "Une fois qu'on ne fera plus les produits Seb, qu'est-ce qu'on va faire si le vélo ne décolle pas ?, s'inquiète Franck Backes. Il y aura un gros problème de charge de travail."
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La direction s'est voulue rassurante auprès des salariés, et une nouvelle activité est espérée sur le site. Les syndicalistes n'attendent pas "un sparadrap" mais que cela apporte "la rentablité du site." L'activité serait du reconditionnement de 'cookware', des ustensiles de cuisine, mais le syndicaliste déplore que "le site ne soit pas adapté pour cette activité."
"On veut une situation pérenne pour le site"
Le site d'Is-sur-Tille a perdu une centaine d'emplois en 10 ans. Patrice Héliot, représentant syndical (délégué syndical) CGT est présent dans l'entreprise depuis 35 ans. C'est l'absence de toute visibilité qui déclenche la colère du syndicaliste : "On veut une situation pérenne pour le site, on n'a rien du tout ! Rien, aucune vision !"
Face à la restructuration du site de production, des années de travail et des succès : "On a donné beaucoup pour SEB, et là, cet outil de montage va disparaître. Pourquoi avoir fait autant d'efforts pour que d'un seul coup tout disparaisse ? On est très remontés, vu qu'on n'a aucune réponse face à tout cela."
"Garder ces entreprises, c'est essentiel"
Le maire d'Is-sur-Tille, Thierry Darphin (LR) demeure "confiant" face à la "reconversion" du site. Mais il tient à souligner l'importance de la présence de l'entreprise sur sa commune : "C'est des taxes, c'est des salaires, les salariés consomment dans les magasins, c'est tout un système. Pour une commune, garder ces entreprises, c'est essentiel. À Is-sur-Tille, il y a 120 commerces, il y a plein de PME, ce sont des emplois indirects. On a des entreprises de services qui travaillent avec Seb, c'est important."
Avec 4400 habitants et 3200 emplois sur sa commune, le maire d'Is-sur-Tille suivra le dossier SEB de très près.
Des ventes record puis des diversifications d'activité
En 2002, le groupe Moulinex, concurrent principal de SEB, dépose le bilan. Le marché des friteuses revient à SEB, qui va fournir le marché en battant des records de productions avec 2,2 millions de pièces.
Le contexte changeant, avec une fabrication venant de Chine, les volumes fabriqués à Is-sur-Tille baissent et le site se réorganise. En misant sur l'innovation, en 2006, la première friteuse "sans huile" voit le jour. Le modèle "Actifry" est un succès commercial, au point d'atteindre la barre du million d'appareil fabriqués en 2009, tout en continuant à diversifier la gamme.
En 2018-2019, les ventes reculent pour atteindre un niveau de production au plus bas, entre 70 000 et 80 000 appareil fabriqués en 2024.
Afin de relancer le site, une production de Cookeo a été mise en place et une nouvelle activité a été proposée en 2000 avec la fabrication de vélos à assistance électrique Angell. 22 000 vélos étaient prévus dans les projections. Mais en pratique, seulement 4000 vélos ont été assemblés.
68 ouvriers travaillaient sur le site d'Is-sur-Tille en 2023. D'après la CGT, une trentaine de reclassements ou de mobilités internes sont prévus pour la fin 2024.
La direction de SEB n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.