Une cérémonie s'est tenue ce mardi après-midi sur l'ancien site de la base aérienne 102, à Ouges (Côte-d'Or). Caroline Aigle, première femme pilote de chasse au sein de l'armée française, y était entrée en 2000 pour prendre les commandes d'un Mirage 2000.
Sa vie, brillante, et son brusque décès avaient ému des milliers d’amis et d’anonymes. Une quarantaine de personnes se sont encore réunies ce mardi, pour un hommage organisé par l’association des anciens de la Base aérienne 102 de Dijon-Longvic, où Caroline Aigle avait exercé comme pilote de chasse. La première femme à avoir rempli cette fonction au sein de l’Armée de l’air française a perdu la vie il y a 11 ans jour pour jour des suites d’un cancer foudroyant, dont elle a appris le diagnostic enceinte de son deuxième enfant.
"J'étais surpris par sa simplicité vu son niveau d'études, ses connaissances, témoigne Jean-Paul Lanier, ancien pilote de chasse. Elle était vraiment modeste.""Je me souviens de ses courses autour du terrain où c'était impossible de la rattraper, sourit Jean-Patrick Vermare, ancien contrôleur aérien. Elle était hyper sportive."
Pionnière
En 1999, lorsqu’elle a obtient son brevet de pilote sur Alpha Jet à Tours, la jeune femme de 24 ans est déjà passée par Polytechnique – école qu’elle avait préférée à Normale, où elle était également admise -, et l'École de l'air de Salon-de-Provence, mais aussi décroché un titre de championne de France militaire de triathlon (1997). Formée sur Mirage 2000, elle rejoint l’escadron de chasse 2/2 Côte-d’Or de Dijon.
Passée à la division Sécurité du commandement des forces aériennes de Metz, après sept ans aux commandes d'un Mirage, la jeune femme nourrissait l'ambition de devenir astronaute. Un cancer en a décidé autrement. Enceinte, déjà mariée et mère, elle décide de mener sa grossesse jusqu'au bout avant de s'éteindre, le 21 août 2007, quelques jours après la naissance prématurée de son fils cadet.
Son parcours, relaté dans une biographie (Caroline Aigle : vol brisé, Jean-Dominique Merchet, éd. Jacob-Duvernet) a contribué à ouvrir aux femmes de nouvelles carrières dans l'armée. "On attend beaucoup nous, mais pas plus pour moi que pour les autres, déclarait-elle toutefois. C'est un peu plus de curiosité, c'est tout." Aujourd'hui, quinze femmes ont marché dans ses traces et sont pilotes de chasse.