"La cité bleue", c'est un film qui s'attache à la fin de la barre d'habitation Boutaric, dernier vestige des années 60 du quartier des Grésilles à Dijon. Un hommage à la tour et à ses habitants.
C'est par l'histoire d'une chasse aux trésors que le film "La cité bleue" nous entraîne dans les vestiges de l'immeuble Boutaric avant sa destruction, à l'été 2023. Les jeunes du quartier des Grésilles à Dijon ont pour terrain de jeux la barre d'habitation presque déserte, à la recherche de ses fantômes.
Un film 100% local
Le film, produit par l'association dijonnaise Smelly Dog Films, est à l'initiative de Zutique Productions dont les locaux sont implantés aux Grésilles. C'est Diane Blondeau et Fabio Falzone qui vont réaliser ce projet de mémoire avec l'aide des habitants: " on voulait savoir comment les habitants de Boutaric percevaient le fait de devoir quitter leurs logements avant la destruction et on a eu accès à pleins d'histoires différentes".
Le choix s'est vite porté sur donner la parole aux jeunes et aux enfants. L'un des souvenirs communs des habitants, c'est l'aire de jeux, "le lieu où tout le monde se rencontrait, le bien vivre ensemble. C'est à partir de cette mémoire commune que nous avons travaillée".
Diane Blondeau garde de ce tournage une expérience pleine de rencontres: "on a créé des liens très forts avec les habitants, on a vu les jeunes grandir. Une relation très forte s’est tissée". Pour Fabio Falzone, la chaleur du quartier lui a rappelé le sud son Italie natale.
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"Ça fait émerger des souvenirs, et en même temps de la tristesse"
C'est à l'occasion d'une projection en avant-première que quelques anciens habitants ont pu revivre avec émotion les derniers instants de vie de Boutaric. Kawthar, adolescente de 15 ans, a participé au tournage. L'immeuble symbolise pour elle sa jeunesse: "même avant le tournage du film et la destruction du bâtiment, Boutaric était notre terrain de jeux. On jouait à cache-cache avec les amies. Ce film est un peu comme un mémorial, ça peut me rappeler des souvenirs et honorer la mémoire des gens qui étaient là."
Rachid y a vécu pendant 20 ans. Ce film lui fait "émerger des souvenirs, et en même temps de la tristesse. C'est un patrimoine qui disparaît, avec les gens qui y ont grandi et vécu parfois sur trois générations."
C'est une façon de dire au revoir à mon premier chez moi
Hélène, ancienne habitante de Boutaric
Hélène, 40 ans, a elle aussi grandi aux Grésilles. Voir ce film, "c'est une façon de dire au revoir à mon premier chez moi". Catherine, sa mère, qui a habité dans l'immeuble pendant 47 ans, confie "que c'est émouvant de voir le bâtiment abandonné, c'est là qu'on voit que c'est la fin. Bien que sur les dernières années, on voyait le bâtiment se dégrader. Nous, on a connu les Grésilles où on avait tout, du magasin de chaussures, au fleuriste en passant par la droguerie. On n’avait pas besoin de sortir du quartier. Mais l'ambiance se dégradait d'années en années".
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Le souhait des deux réalisateurs est à présent d'organiser une projection publique dans le quartier des Grésilles afin de faire partager au plus grand nombre "La cité bleue".