Le confinement est imposé aux Français pour freiner l'épidémie de coronavirus qui a déjà tué 450 personnes. L’Etat demande aux industries, artisans, BTP, agriculteurs… de poursuivre leur activité pour "approvisionner la population et assurer la continuité de la vie économique".
"L’arrêt complet doit rester l’exception dans les secteurs essentiels"
"Notre pays traverse une crise sanitaire majeure" et "la nécessité de ralentir l’épidémie du coronavirus a donc conduit le gouvernement à réduire les interactions sociales des Français", déclare Bernard Schmeltz, préfet de la Région Bourgogne-Franche-Comté.
"Alors que nos concitoyens respectent des consignes contraignantes pour lutter contre la propagation du virus, il nous faut limiter les impacts du confinement dans leur vie quotidienne. Les produits de première nécessité doivent par exemple rester disponibles", ajoute-t-il.
"Pour les industries, artisans, BTP, exploitants agricoles, etc, l’activité doit être poursuivie dans toute la mesure du possible, et dans le strict respect de mesures barrières adaptées", indique le préfet.
"Pour ces établissements, l’arrêt complet doit rester l’exception. Le maintien de l’approvisionnement de la population en biens essentiels en dépend. Des consignes ont été données aux forces de l’ordre pour que soient facilités les déplacements professionnels de ces établissements."
"La menace, en cas d’arrêt prolongé, porte aussi sur les entreprises elles-mêmes : les sites dont les débouchés sont intégrés dans des chaînes de production internationales prennent le risque de perdre à terme leurs marchés.
La pérennité de nombreuses entreprises à rayonnement international et, surtout, de leur réseau de sous-traitance, est donc en question."
Des guides pratiques de mise en oeuvre des mesures barrière vont être publiés
"Les ministères en charge du travail et de l'économie élaborent, en ce moment même, et en concertation avec les branches professionnelles, des guides pratiques de mise en oeuvre des mesures barrières adaptés aux contraintes professionnelles spécifiques des différents métiers.
Les premiers, à paraître dans les heures qui viennent, concerneront les secteurs du bâtiment et des travaux publics, et de l'alimentation. Ils déboucheront sur des règles claires, strictes et qui devront être respectées par tous.
En parallèle, des dispositifs de soutien exceptionnels ont été actionnés pour soulager la trésorerie des entreprises touchées. Chaque entreprise en difficulté sera donc accompagnée.
Le gouvernement souhaite ainsi que toutes les activités économiques puissent se poursuivre, dès lors que ces règles sont respectées. Face à la crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés, j’en appelle donc au sens des responsabilités de chacun", conclut le préfet de Bourgogne-Franche-Comté.
Peut-on mêler confinement et poursuite de l'activité ?
En même temps, un peu partout en France, de nombreuses voix demandent la mise en place d’un confinement total.
C’est le cas de nombreux médecins. Le principal syndicat des internes de médecine (Isni) a écrit au président de la République car il estime insuffisantes les mesures prises face à l'épidémie de Covid-19. Il dénonce notamment la poursuite de l'activité dans de nombreuses entreprises "non vitales", ainsi que le maintien des transports en commun et l'autorisation de certaines sorties.
Dans le monde économique, des chefs d’entreprise et des salariés de plusieurs secteurs exigent eux-aussi la cessation globale d’activité, face au risque sanitaire.
C’est le cas par exemple du BTP (bâtiment et travaux publics), qui emploie plus de 2 millions de salariés en France. La Fédération nationale des Travaux publics (FNTP), -la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) et la Fédération française du Bâtiment (FFB) ont demandé au gouvernement d’arrêter temporairement les chantiers, à l’exception des interventions urgentes.
À Belfort, la direction de General Electric a suspendu la production jusqu'à nouvel ordre, après que 250 salariés ont exercé leur droit de retrait mardi en raison de la pandémie de coronavirus.
Les droits d'alerte se multiplient un peu partout dans les entreprises toujours en activité.
Au-delà du secteur économique, d’autres professions au contact de la population sont très inquiètes, comme par exemple les policiers qui ont menacé d’exercer un droit de retrait s’ils ne pouvaient pas porter de masques de protection.
Mais le gouvernement a déjà rappelé plusieurs fois qu’un arrêt total de l'activité n’était pas envisageable. Cette position n'est pas "contradictoire" avec les mesures de confinement et "il est absolument compatible et nécessaire de mêler les deux", précise-t-il.
Par ailleurs, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a appelé les entreprises à verser une prime défiscalisée à leurs salariés, notamment à ceux qui "ont eu le courage de se rendre sur leur lieu de travail" dans les secteurs essentiels.
Y a-t-il une "sur-interprétation" des consignes ?
C’est en tous cas l’avis de Jérôme Gutton le préfet de Saône-et-Loire qui a signé un appel commun avec le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Michel Suchaut et le président du conseil départemental André Accary.
"La prise de conscience des enjeux sanitaires, dont il faut se féliciter, peut conduire parfois à une sur-interprétation de ces consignes, au point de compromettre des pans essentiels de notre activité économique", disent-ils.
"Dans de nombreux secteurs (notamment distribution et chaîne logistique, traitement et recyclage des déchets, traitement et gestion de l’eau, travaux, industries de santé, industrie mécanique, fournitures de matières premières, emballages, agroalimentaire, etc.), des entreprises utiles doivent poursuivre, même partiellement, leur activité dans le respect des gestes barrières, sans durcir de leur propre initiative les consignes aux dépens de l’intérêt général.
Nous avons besoin des entreprises. Nos soignants en ont besoin aussi.
Ils doivent pouvoir soigner sans se préoccuper de la disponibilité de leurs outils de travail, de la maintenance de leurs matériels, de l’évacuation de leurs déchets, de la qualité de l’eau de leurs établissements, de la capacité à nourrir personnels et malades, de la disponibilité des transports et de la qualité des infrastructures pour aller au travail... ", ajoutent les trois signataires de cette déclaration commune.