Les artisans du bâtiment n'ont jamais eu autant de travail mais ne peuvent pas ou plus travailler. La relance exceptionnelle du secteur, s'accompagne d'une pénurie de matériaux et d'une hausse des prix qui pénalisent les artisans et leurs clients.
La coopérative Casec, qui associe plus de 130 plombiers, chauffagistes et électriciens avait fait des achats à l'avance. Un surstock impressionnant, mais qui fond de jour en jour dans l'entrepôt de Fenay, en Côte-d'Or.
"Dans les gaines, il y a une molécule plastique qui est manquante les fournisseurs n'arrivent pas à s'approvisionner, précise Olivier Bacquet, le directeur adjoint de la structure. Au niveau du fil, c'est toute la partie cuivre qui est compliquée avec des prix qui varient toutes les semaines."
D'après une enquête publiée en juillet par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), 57 % des artisans ont des difficultés d'approvisionnement et tous les corps de métier sont impactés.
"Du jamais vu"
Suivant les matériaux, les prix sont en hausse de 30 à 80 %. Grâce à la mutualisation des achats, aux volumes de commande et aux contacts directs avec les industriels, la coopérative a pu jusqu'à présent garantir des prix plus avantageux à ses adhérents. Mais pour les délais, elle ne fait pas de miracle.
"On commence à nous annoncer, alors qu'on est en début de période de chauffe au mois de septembre, qu'on a des chaudières qui peuvent avoir des délais au début d'année [prochaine]. C'est du jamais vu", indique Olivier Bacquet.
En conséquence, des chantiers traînent en longueur, et pas simplement pour les chauffagistes. 67 % des entreprises artisanales du bâtiment déclaraient en juillet des retards de chantier.
Chantiers reportés
Jean-Sébastien Nonque, le président de la Capeb 21, a même dû reporter certains chantiers comme beaucoup d'autres artisans. Tout cela à cause de la pénurie de matériaux. Le résultat d'une demande qui explose et de capacités de production qui ne suivent pas.
"On a quand même passé le premier confinement. L'industrie, quand elle s'est remise en route en juillet [2020], elle a retravaillé. Mais quand il y a eu le deuxième confinement, en septembre-octobre [2020], elle avait cumulé trois ou quatre mois de retard de fabrication, plus les chantiers qui avaient démarré. Et on est parti en folie de bons de commande", précise-t-il.
Dans la région, l'activité des artisans du bâtiment a fait un bond de 39 % en un an. Une reprise en fanfare, mais des délais qui s'allongent pour les clients.
En Côte-d'Or, ils reçoivent maintenant une lettre avec leur devis. "Il y a beaucoup de pédagogie à apporter pour expliquer que ce sont nos fournisseurs qui n'arrivent pas à nous livrer le bon matériau au bon moment pour pouvoir avancer ou terminer votre chantier", souligne le représentant de la Capeb en Côte-d'Or.
Les chantiers seront, inévitablement, plus chers que prévu. Même si, pour l'instant, la plupart des artisans n'a encore pas répercuté les hausses de prix sur leurs clients.