Déconfinement : reprise en demi-teinte chez les commerçants dijonnais

Depuis lundi 11 mai, la France a entamé son déconfinement. Après près de deux mois de fermeture les magasins non alimentaires ont été autorisés à rouvrir et accueillent de nouveau des clients. Un soulagement pour certains mais aussi beaucoup d'incertitudes notamment dans le prêt-à-porter.

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« Depuis lundi, il ne se passe pas grand-chose. On a l’impression que les gens ne sont pas sortis ». Dans la boutique de prêt-à-porter masculin rouverte depuis lundi, les clients de Pierre ne sont pas au rendez-vous : « ils écoutent ce qu’on leur a dit et rentrent souvent directement chez eux et puis il faut bien le dire la météo ne nous aide pas ».
 


Avec son épouse Dominique, ils ont pourtant pris toutes les précautions afin de permettre des achats en toute sécurité. « On a mis en place du gel hydroalcoolique à l’entrée, les poignées de portes sont désinfectées régulièrement et les cabines d’essayages aussi, après chaque passage de client comme les terminaux de paiement pour les encaissements ».

Les vêtements essayés et non achetés sont, eux, mis de côté pendant plusieurs heures et passés à la vapeur afin de détruire un éventuel virus. « On accueille les clients masqués et les clients eux-mêmes rentrent avec des masques. Ils sont quand même sérieux » précise le commerçant dijonnais qui ajoute : « on ne pourra vraiment prendre la température qu’après le premier samedi de reprise pour savoir si les gens sont enclins à sortir et à refaire des achats ».

Mais le sentiment de Michel Fournier c’est qu’il aurait mieux vallu « rester fermé encore une dizaine de jours et que tout le monde rouvre en même temps ». Pour lui, si les bars et les restaurants étaient ouverts également ça créerait du passage et de l’émulation mais il reconnaît : « en fin de semaine mon discours sera peut-être différent. C’est difficile de se faire une réelle opinion sur ce qui va se passer ».

 

" Si les dijonnais veulent garder leurs petits commerces, il va falloir qu’ils fassent un effort " - Michel Fournier



Alors faut-il repousser les soldes ? La réponse de Michel Fournier est oui, sans hésitation. Et pour les promotions ? « On n’a pas de grosses marges contrairement aux chaînes.  Si on commence à faire des promotions avant les soldes on est mort.  On a besoin de rentrer un peu d’argent car on a des charges et des salaires à régler. Il ne faut surtout pas qu’on commence à faire des prix maintenant parce qu’on n’a rien vendu ». Ce commerçant qui a 30 ans de métier en appelle aux dijonnais : « s’ils veulent garder leurs petits commerces, il va falloir qu’ils fassent un effort ».


L’heure de la réouverture a également sonné pour Florence Vervandier qui accueille à nouveau dans sa bijouterie de Dijon. « J’ai 100 m2 de locaux, ça permet de recevoir les clients dans de bonnes conditions ». Si elle a évidemment adpaté sa façon de travailler la bijoutière reconnait : « dans mon métier je ne peux pas me couper de la clientèle par un plexiglas, j’ai cependant adapté mon poste de travail ». Florence Vervandier interdit, par exemple, d’essayer les boucles d'oreilles et les bracelets « plus difficile à désinfecter ».

 


Dans son domaine, « on ne laisse pas toucher à tout, les choses sont en vitrines. On essaie d’aiguiller au maximum la recherche des clients pour ne pas sortir tous les bijoux et limiter les essayages ». Et il y a des moments plus difficiles : « au moment de prendre la taille du doigt on peut couper le gant au niveau de l’annulaire pour prendre la taille car c’est un passage obligé ».  


 

" Il y a quand même une envie d’achat, une envie de faire plaisir " - Florence Vervandier



Pour la bijoutière, le secteur du mariage est crucial et en ce moment ils sont, pour la plupart, reportés. « On attend les nouvelles dates. Certains se repositionnent sur le dernier week-end d’août ou alors septembre ou octobre. Certains espèrent aussi conserver leur mariage en juillet ou en août mais ça reste très incertain ».

Depuis lundi, les clients de Florence sont venus « comme en promenade ». D’autres concrétisaient des cadeaux qui n’avaient pas pu être faits depuis le début du confinement. « Je m’attendais à pire en matière de reprise. Je pensais que les gens resteraient confinés et je me rends compte qu’il y a quand même une envie d’achat, une envie de faire plaisir » nous confie la commerçante. 

 

" Je suis étonné et très heureux de l’attente des gens en matière de lecture ! "  - Christophe Fressy



Depuis lundi 11 mai, c’est aussi la réouverture pour Christophe Fressy, libraire à Dijon.  Après deux mois de fermeture dont, tout de même, 3 semaines de « drive » qui a connu un beau succès (650 commandes en 3 semaines), lui et ses 24 salariés étaient impatients de reprendre.  

Dans une librairie, même quand elle fait 900m2 sur 5 étages, il est difficile de réguler le nombre de clients qui par définition, vont de secteurs en secteurs. Les mesures sanitaires nécessaires en ont été prises : « sens de circulation, plexiglass aux caisses, masques pour le personnel et gel à disposition pour les clients » énumère le libraire dijonnais qui se dit agréablement surpris : « les gens sont assez disciplinés. On note vraiment la systématisation des gestes barrières et notamment l’utilisation du gel hydroalcoolique à l’entrée ».

 


Mais la meilleure surprise pour Christophe Fressy c’est le retour, en nombre, de ses clients. « Les gens sont heureux. On a eu beaucoup de remerciements. Lundi, on a fait le même chiffre qu’un lundi traditionnel et mardi 30% de plus ! se réjouit le commerçant. Alors c’est peut-être le début mais c’est encourageant ». Dans cette librairie, les commandes par internet ont même été multipliées par 10 : « les gens commandent sur leur ordinateur et viennent les chercher à la librairie, sans doute pour éviter trop de contact », explique Christophe Fressy.

Désormais, les clients attendent les nouveautés, la filière du livre ayant été complètement à l’arrêt pendant deux mois. « Mais tout revient petit à petit, on aura les grosses sorties à la fin du mois comme les nouveaux libres de Guillaume Musso et Joël Dicker qui sont très attendus », conclut Christophe Fressy.



 
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