Un coup de filet a été mené ce lundi 22 juin dans le quartier des Grésilles à Dijon. Vendredi, d'autres opérations avaient déjà eu lieu dans ce même quartier et à Chenôve, en lien avec les nuits de violence urbaines de ces derniers jours entre membres des communautés tchétchènes et maghrébines.
Les 9 gardes à vue ont été prolongées annonce ce mardi mardi le parquet de Dijon dans un communiqué. "L'enquête se poursuit" ajoute le procureur de la République, Eric Mathais.
Selon nos informations, les 9 individus interpelés hier aux Grésilles à Dijon et sur la commune de Saint-Apollinaire sont agés de 18 à 52 ans. Tous étaient déjà connus des services de police avec des antécédants judiciaires.
Une opération de police de grande ampleur
Ce lundi 22 juin, un vaste opération de police a eu lieu dans le quartier des Grésilles à Dijon (Côte d'Or). Elle a mobilisé 118 fonctionnaires (police et gendarmerie). Le raid était également engagé. Débutée ce matin à 6 heures, elle s'est terminée en milieu de matinée. Elle intervenaient après les violences survenues 8 jours plus tôt entre membres des communautés tchétchènes et maghrébines sur fond de trafic de stupéfiants.
Saisie de drogue et d'armes
Le procureur de la République de Dijon, Eric Mathais, confirme dans un communiqué de presse qu'« ont été découverts 158 g d'herbe de cannabis, 233 g de résine de cannabis, 91 g de cocaïne, 58,8 g d'héroïne, 52 g de tête d'herbe de cannabis, 5 balances de précision, de nombreux sachets de conditionnement, 2.153 kg de produit de coupe et la somme totale de 3.150 euros. Ont été découverts également, 3 carabines démontées et des sacs contenant entre 2 et 3 kg de cartouches, dont des cartouches à blanc et des cartouches de calibre 9 mm. »
Le parquet dresse aussi un bilan des arrestations. Lors de ce coup de filet, neuf personnes ont été interpellées pour détention d'armes et de stupéfiants aux Grésilles et à Saint-Apollinaire. Tout ont été placées en garde à vue. Le procureur poursuit : « sur le toit terrasse d’un bâtiment ont été découverts des tubes servant de lanceurs à tirs de mortiers. Armes souvent utilisées sur les force de l'ordre. » Vendredi déjà, des opérations anti-délinquance avaient été lancées dans ce même quartier ainsi qu'à Chenôve.
Dans quel contexte intervient cette opération ?
Cette opération s'inscrit dans le "plan local d'actions judiciaires renforcées contre les armes" (Plajurca), un travail de fond qui a été accéléré à la suite des récentes violences urbaines, a indiqué à l'AFP Eric Mathais, le procureur de la République de Dijon. Des heurts et de fortes tensions ont secoué notamment le quartier des Grésilles du 12 au 15 juin dernier. Le 12 juin, 140 à 200 individus se revendiquant de la communauté tchétchène ont afflué sur Dijon pour venger l'un des leurs, agressé quelques jours plus tôt.
Ils ont paradé avec des barres de fer et des battes de base-ball d'abord dans le centre de Dijon le vendredi soir mettant à sac un bar à narguilé, puis dans le quartier des Grésilles les deux nuits suivantes. Ils affirmaient vouloir régler un conflit avec des "dealers" qui auraient passé un tabac un jeune Tchétchène, un jeune qui serait gravement blessé.
Cette expédition punitive a fait une dizaine de blessés. Dans ce laps de temps, un homme a été blessé gravement, le samedi 13 juin devant une pizzeria, d'un tir dans le dos. 26 étuis de munitions avaient été retrouvés sur place. Un accident de la route spectaculaire a également eu lieu dans le quartier des Grésilles.
Le lundi 15 juin en début de soirée, une centaine de jeunes cagoulés et armés, sans doute du quartier des Grésilles, a alors répliqué en tirant en l'air avec des armes de poing et en incendiant des poubelles et des véhicules. Une équipe de France 3 Bourgogne a été agressée. Sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, on pouvait voir des fusils d'assaut et des pistolets. Certaines armes étaient factices, d'autres bien réelles; selon un source policière.
Dans le cadre de cette flambée de violences à Dijon, quatre hommes - trois ressortissants russes et une russe naturalisé - avaient déjà été mis en examen samedi 20 juin. Trois d'entre eux ont été incarcérés, le quatrième placé sous contrôle judiciaire. Lors des perquisitions à leurs domiciles, des armes factices, une barre de fer, de l'argent liquide et une grenade lacrymogène avaient été retrouvés mais aucune arme lourde.
Le reportage de V. Châtelier et R. Liboz avec :
- Jean-Claude Dunand, directeur départemental de la sécurité publique de Côte-d'Or
- des habitantes du quartier des Grésilles, sous couvert d'anonymat