Cela fait 4 nuits que la ville de Dijon est agitée par des troubles violents, notamment dans le quartier des Grésilles. Laurent Nuñez, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur, a rencontré les policiers mardi 16 juin 2020 pour leur dire que l'Etat était "présent".
C’est une situation totalement inédite que connaît la ville de Dijon
La capitale de région de la Bourgogne-Franche-Comté a été le théâtre de violents affrontements. Tout a commencé vendredi soir quand plusieurs dizaines de membres de la communauté tchétchène, venus de toute la France, se sont rassemblés à Dijon.
Pendant tout le week-end, ils se sont retrouvés chaque nuit près du centre-ville de Dijon, puis dans le quartier des Grésilles pour lancer des attaques ciblées dans le cadre de ce qui semble être un règlement de comptes. Un premier raid a été lancé vendredi soir suite à l'agression, le 10 juin, d'un jeune homme de 16 ans d’origine tchétchène.
Les troubles ont continué jusqu’au lundi 15 juin. Mais, cette fois, contrairement aux trois jours précédents, les fauteurs de troubles n'appartenaient pas à la communauté tchétchène, a indiqué Bernard Schmeltz, le préfet de Côte-d’Or. "Nous n'avons identifié aucune présence extérieure, ce sont des personnes originaires de Dijon", a-t-il déclaré.
Selon des sources policières, ces nouvelles violences seraient le fait de personnes voulant défendre leur "territoire" contre les incursions répétées des Tchétchènes.
Face à cette situation inédite, les réactions se multiplient dans la classe politique et Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, s'est déplacée à Dijon mardi après-midi pour tenir une conférence de presse.
Revoir l'édition spéciale du 19-20 de France 3 Bourgogne du mardi 16 juin consacrée aux violents événements survenus à Dijon
Quel accueil ont réservé les policiers à Laurent Nuñez ?
C’est dans ce contexte totalement inédit qu’intervient la visite du Secrétaire d'État Laurent Nuñez. Les "violents troubles à l'ordre public et les actes d'intimidation" de ces derniers jours sont "inadmissibles", indique le ministère de l'Intérieur qui promet "une réponse ferme". Laurent Nuñez a pour mission de rappeler aux forces de l'ordre et aux habitants que "l'Etat est bien présent".
► 10h : Laurent Nuñez est arrivé à la Préfecture de la Côte-d’Or où il a fait un point de situation.
La réunion, qui devait durer 45 minutes, a été prolongée d'environ une demi-heure.
► 11h20 : le Secrétaire d'État s'est rendu au commissariat de Dijon de la place Suquet, pour des échanges avec les effectifs et les représentants du personnel.
Le Secrétaire d'Etat a annoncé qu'il y aurait 2 unités de forces mobiles ce soir à Dijon, soit 150 hommes en plus des effectifs locaux. "Cela sera maintenu autant de nuits qu’il faudra", a assuré Laurent Nuñez.
"La discussion a été courtoise. Il nous a dit ce qu’il pensait, mais nous on ne lui a pas dit ce qu’on pensait", résume un syndicaliste. "L’ambiance en ce moment dans les commissariats partout en France, avec le jet de menottes symbolique, exprime le ras le bol du policier de terrain, du policier de base qu’on oublie souvent, le gardien de la paix", ajoute le représentant syndical.
► 12h00 : Laurent Nuñez est allé rencontrer François Rebsamen.
► 15h00 : Laurent Nuñez a indiqué qu'il ne se rendrait pas dans le quartier des Grésilles où il devait rencontrer la population. A la place, une délégation d'habitants devait être reçue à la préfecture. Mais, personne ne s'y est rendu.
Ceux-ci sont partagés entre colère et indignation face à ceux qu'ils appellent "des miliciens" mais aussi face à l'attitude du préfet et des forces de l'ordre, trop passives selon eux.
"Puisque la justice passe trop tard et que la police n'a pas les moyens de son action, la communauté tchéchène est venue faire respecter elle-même son droit. On n'est plus en République quand ça se passe comme ça", a déclaré pour sa part le maire François Rebsamen sur BFMTV.
"Des faits inacceptables" pour Thierry Falconnet, maire de Chenôve
La ville de Chenôve dans l’agglomération de Dijon a elle aussi connu une flambée de violence lundi 15 juin dans la soirée. Pas moins de 19 véhicules ont été incendiés et un départ de feu a eu lieu dans la cour de la mairiee. Depuis des années, le maire de Chenôve Thierry Falconnet et Francois Rebsamen, le maire de Dijon, ont écrit à plusieurs reprises au ministère de l’Intérieur pour demander des moyens supplémentaires.
"Il faut de tels événements pour avoir une réponse. Une réponse que nous attendons depuis des mois", dit Thierry Falconnet, qui avoue "un sentiment de colère". Il dénonce "une forme de dédain, voire de mépris, et aujourd’hui nous sommes dans une situation plus terrible avec des gangs qui se font violence sous les yeux de l’Etat."
"Chenôve, une ville dont je suis fière, va être stigmatisée alors que ce n’est pas ça", dit Thierry Falconnet.
Plusieurs personnes ont été interpellées
Lundi soir, ces hommes cagoulés pour la plupart ont tiré en l'air, détruit des caméras de vidéo-protection et incendié poubelles et véhicules, ont indiqué des sources policières à l'AFP. Au total, des dizaines de personnes, armées de barres de fer et d'armes de poing, se sont rassemblées notamment dans le quartier sensible des Grésilles.
Vers 20h30, 60 gendarmes mobiles, une quarantaine de CRS et des renforts de la brigade anticriminalité (BAC) et du RAID, sont intervenus afin de mettre fin aux violences. "Une centaine d'opposants" se trouvaient alors face aux forces de l'ordre, a indiqué le préfet de Côte d'Or Bernard Schmeltz.
Environ 85 sapeurs-pompiers de Côte-d-Or étaient aussi sur le terrain cette nuit à Dijon dans le cadre de ces violences urbaines.
Une équipe de trois journalistes de France 3 Bourgogne a été prise à partie et leur véhicule a été caillassé.
Par ailleurs, un conducteur a été "agressé et son véhicule projeté contre un barricade enflammée", a indiqué la préfecture.
L'intervention s'est terminée vers 22h, ne laissant que quelques carcasses calcinées de poubelles et de véhicules dans le quartier redevenu calme, a constaté un journaliste de l'AFP. Quatre personnes ont été interpellées, selon la préfecture.
Nous sommes confrontés à une panne généralisée du fonctionnement police-justice. On manque de présence policière sur le terrain et de sanctions.