Ce sont 50 000 truites d'élevage qui se sont échappées dans l'Ouche durant la crue qui s'est déroulé le 1er avril. Au-delà du coup dur pour les professionnels, cet événement pose aussi des questions environnementales. Entretien avec Jean-Pierre Sonvinco, le président de la fédération de pêche de Côte-d'Or.
Libérées, délivrées ?.. Après les inondations qui ont frappé la Bourgogne au début du mois, les 50 000 truites arc-en-ciel échappées de leur bassin, à Velars-sur-Ouche, en ont fini avec la pisculture. Au-delà du préjudice subi par l'élevage, et de la polémique liée aux nombreuses prises réalisées par certains pêcheurs opportunistes, qu'en est-il des questions environnementales ?
Ces truites ne vont-elles pas créer un déséquilibre dans la rivière de l'Ouche ? Peuvent-elles nuire aux espèces déjà présentes ? Nous avons posé ces questions à Jean-Pierre Sonvinco, le président de la fédération de pêche de Côte-d'Or.
Ces truites risquent-elles de poser des problèmes environnementaux ?
Jean-Pierre Sonvico : "Non, ça ne va pas changer grand-chose. Ce sont des truites arc-en-ciel stériles. C'est ce qu'on appelle des truites triploïdes : les œufs subissent un choc thermique : très froid ou très chaud, ça dépend des producteurs. Ce choc annihile complètement leurs capacités de reproduction. Donc, quand on les met dans une rivière, elles ne risquent pas de polluer le patrimoine génétique des espèces locales. L'espèce arc-en-ciel d'ailleurs n'est pas une espèce française, c'est d'autant mieux qu'elles ne se reproduisent pas... Et puis, il y a eu un prélèvement assez important parce qu'il y a eu une foule de pêcheurs qui sont venus..."
Savez-vous combien de truites sont encore dans l'Ouche?
J.-P. S. : "Ce n'est pas facile à quantifier, mais il faut savoir que cette situation est déjà arrivée, il y a une dizaine et une vingtaine d'années avec autant de poissons. C'était dans les mêmes circonstances : il y a eu une crue, les truites ont aussi fini dans l'Ouche et il n'y a eu aucun problème au final... Alors oui, il y a un petit problème de surpopulation mais ça devrait se régler en deux mois maximum. Et puis, il faut savoir qu'elles se sont réparties, certaines doivent être très loin dans l'Ouche à présent.
Ne craignez-vous pas que la quantité de truites dans l'Ouche nuise aux autres espèces ?
J.-P. S. : "Ces poissons sont tout à fait sains. En pisciculture, nous avons des contrôles sanitaires très souvent, donc il n'y a pas de risque d'apporter des maladies aux poissons de la rivière. En revanche, il nous est aussi interdit de ramener les truites dans nos bassins. Elles ne mangent que des insectes, des petits poissons qui sont déjà dans l'Ouche. Mais bon, quand ça s'est produit, il y a quand même des gens qui sont venus avec des poubelles pour pêcher ces truites... Alors oui, il va en rester pas mal, mais elles ne risquent pas de se reproduire.
Comptez-vous intervenir pour en récupérer encore ?
J-P. S. : "Vous savez, maintenant qu'elles sont dans l'Ouche, elles n'appartiennent à personne. On est obligés de les laisser faire...Même si on garde quand même un œil dessus ! Mais il y a une réglementation, les personnes peuvent venir en pêcher six par jour, par personne. Ils peuvent venir tous les jours sans problème..."