ENTRETIEN. Du lac Kir à l'Atlantique : le skipper Maxime Cauwe, originaire de Dijon, participe à sa deuxième Route du rhum

Le navigateur de 38 ans, qui a vécu toute sa jeunesse à Dijon, participe à la Route du rhum 2022, mythique transatlantique en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. Départ le 6 novembre.

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Il n'a pas le CV des navigateurs "classiques" qui naissent et grandissent au bord de l'océan. Lui a passé sa jeunesse à Dijon, bien loin des vagues et de l'Atlantique... Pourtant, Maxime Cauwe sera bien au départ de la Route du rhum le 6 novembre prochain, pour une traversée en solitaire sur l'une des plus mythiques courses transatlantiques. Avant cela, le skipper, désormais installé à Saint-Malo, a répondu à nos questions.

C'est votre deuxième participation à la Route du rhum. Il y a quatre ans, vous aviez abandonné. Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ? 

Maxime Cauwe : "Ça commence à être bien la course, je fais des allers-retours entre Saint-Malo et Paris pour des rendez-vous avec mes sponsors. Par rapport à 2018, j'ai toujours le même bateau, un Class 40. Mais mon état d'esprit a pas mal changé.

"Il y a trois ans, c'était ma première traversée de l'Atlantique. Aujourd'hui, je ne suis plus du tout le même marin."

"Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis serein ! Mais entre temps, j'ai fait trois saisons du championnat de France, j'ai fait la Transat Jacques Vabre... Je suis plus organisé. J'arrive à prendre plus de plaisir qu'il y a quatre ans, je ne suis plus dans l'inconnu, il y a moins de stress. Je sais un peu mieux à quoi m'attendre pour cette Route du rhum."

La Route du rhum fait concourir ensemble à la fois de grands noms de la voile, de jeunes professionnels et des amateurs. C'est une particularité à laquelle vous êtes attaché ?

Maxime Cauwe : "C'est vraiment la magie de la Route du rhum. D'une part, c'est LA transat' la plus célèbre : si tu es un grand nom de la voile, il faut l'inscrire à ton palmarès. Mais c'est aussi une course qui, depuis le début, a toujours été très attachée à garder ce côté accessible à tous. Et la Class 40 est tout de suite devenue une catégorie phare de la Route du rhum - on sera 55 partants sur 138 dans cette classe. Elle a un peu cet ADN-là.

"La Class 40, c'est une catégorie qui regroupe à la fois des pros et de grosses écuries, comme Yoann Richomme qui va faire le Vendée-Globe, Kito de Pavant, Xavier Macaire qui est un grand nom du Figaro... Et aussi des gens qui font cela sur leur temps libre, qui ont moins d'ambition."

"Il y a des amateurs, des retraités, des jeunes, certains qui font revivre de vieux bateaux mythiques de la course... C'est une catégorie qui reste accessible financièrement."

Vous partez pour une traversée en solitaire jusqu'à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. De quels moyens techniques allez-vous disposer ? 

Maxime Cauwe : "On a beaucoup d'électronique et d'informatique, on est connecté au satellite, qui nous permet notamment de télécharger les données météo. L'organisation nous demande d'envoyer des photos, des vidéos et des mails régulièrement. On n'a pas le droit à une assistance météo, mais on peut communiquer et envoyer des nouvelles. Ceux qui ont beaucoup de budget restent très connectés ; moi, je donnerai l'adresse du bateau à quelques personnes, à mes proches. Mais je ne donnerai pas de nouvelles très détaillées tous les jours. Le but d'une traversée en solitaire, c'est aussi de se couper du monde."

À quoi ressemble votre quotidien ces derniers temps ?

Maxime Cauwe : "Il y a quatre ans, la Class 40 m'a permis de mettre un pied dans le monde professionnel tout en gardant mon métier. Aujourd'hui, je suis passé complètement professionnel. Ma saison, mon quotidien, c'est de préparer mon bateau, de m'entraîner.

Je cours avec le même bateau qu'en 2018. Il a un bon palmarès, il a gagné la Transat Jacques Vabre en 2011. Mais il date de 2010, il n'est plus de première jeunesse. Ce ne sera pas assez pour gagner les places d'honneur. Mais j'aimerais bien finir dans les deux premiers tiers de ma catégorie."

Combien coûte la préparation d'une Route du rhum ? 

Maxime Cauwe : "Le budget est hyper variable ; en gros, c'est entre 100 000 et 500 000 euros par an. 100 000, c'est pour ceux qui sont à la débrouille. Les grosses écuries tournent entre 500 et 600 000 euros. Moi, je suis à peu près au milieu, mais cette année j'ai eu mes budgets un peu tard, donc je suis un peu en-dessous."

Vous avez passé votre jeunesse à Dijon. Comment avez-vous attrapé le "virus" de la navigation en grandissant si loin de la mer ?

Maxime Cauwe : "Je suis arrivé à Dijon à cinq ans et j'y suis resté jusqu'à la fin de mon IUT "gestion des entreprises et administration", à 21 ans. J'habitais quartier Montchapet. Depuis toujours, on partait en Bretagne en vacances chez nos grands-parents. Mon père étant plaisancier navigateur, il nous a mis à la voile. Ça m'a plu dès le début, mais plutôt dans le jeu : on jouait aux pirates, etc... Et il y avait ce sentiment de liberté qui est venu assez vite, assez tôt. Puis, c'est vraiment en commençant à m'y mettre que la passion est arrivée."

"Un souvenir assez marquant, c'est le Vendée-Globe 1995. Mon père achetait des revues avec des extraits de carnets de bord des vainqueurs. Ça m'avait rendu assez dingue. Puis j'ai acheté un livre de carnets de bord, et j'ai dû le lire 300 fois... Ça m'a donné le virus du large."

"Pour naviguer, au début, je m'inscrivais sur les bourses d'équipiers pour partir en traversée. Dans le milieu, on commence comme ça. Au début, on épluche les patates... Et au fur et à mesure, on progresse. Ensuite, on rencontre des gens, etc..."

"Au début, je naviguais en Méditerranée. Je me souviens très bien : je prenais le TGV Dijon-Marseille en trois heures, il partait à 6h16."

"Est arrivé le moment où j'ai voulu monter mes propres projets. Au départ, j'avais de petits partenariats, mais j'avais envie de continuer à progresser. J'en ai parlé à mon employeur du moment, qui est devenu mon sponsor. Cette année 2022, j'ai un nouveau sponsor dont le bateau porte le nom : Wisper, une entreprise de logiciels, qui s'est engagée sur deux ans."

C'est donc possible, de vivre à Dijon et de devenir navigateur ?

Maxime Cauwe : "Même en étant à Dijon, j'arrivais à entretenir ma passion de l'eau. Je n'ai jamais navigué sur le lac Kir, mais j'y allais régulièrement pour faire du sport. Et rien que le fait de voir l'eau, de voir des risées sur l'eau, suffisait à mettre en route la machine à rêves.

Dans le même temps, je lisais énormément de bouquins. Je dévorais les récits de mer. Aujourd'hui, même si on est loin de la mer, avec internet et tous les contenus disponibles, on peut avoir accès à tout cela. Et maintenant, il y a une base nautique à Arc-sur-Tille, et j'entends plein de Dijonnais qui naviguent en plaisanciers dire qu'ils ont eu le goût de la navigation en y faisant de petits stages. 

Gardez-vous des liens avec Dijon, après toutes ces années et maintenant que vous vivez en Bretagne ? 

Maxime Cauwe : "J'ai toujours mes parents et une de mes sœurs qui vivent à Dijon. J'y reviens trois à quatre fois par an, et j'ai gardé des amis très proches du lycée, du club de foot... Ce sont les fidèles parmi les fidèles. Ils viennent me voir à chaque départ de course. Ils sont venus l'an dernier au Havre, pour la Transat Jacques Vabre, et pour la Route du Rhum, ils reviennent à dix, tout le week-end, ils ont loué une maison à Saint-Malo. Ça me fait beaucoup de bien de les voir. Le village départ est une énorme fourmilière, ça me permettra de sortir un peu la tête de l'eau avant le grand départ."

► Le départ officiel de la Route du rhum sera donné le dimanche 6 novembre à 13h02 précises. Les arrivées des skippers en Guadeloupe sont prévues entre le 11 novembre et le 4 décembre. La course est à suivre ici. Le village départ, lui, est ouvert dès ce mardi 25 octobre.

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