La deuxième phase des travaux du musée des beaux-arts de Dijon touche à sa fin. La réouverture est annoncée pour le vendredi 17 mai 2019. À cette occasion, François Rebsamen, maire de Dijon, revient sur l'ampleur des travaux et sur ses souvenirs d'enfance au musée.
En tant que Dijonnais, que représente pour vous la rénovation de ce musée ?
Si je dis un aboutissement, ça voudrait dire que j’en ai terminé avec mon activité.
Mais je vais dire que c’est quand même l’aboutissement de trois mandats, parce que c’est un travail qui s’est étendu et dont je ne mesurais pas le temps sur trois mandats. Quand je me suis lancé dans ces travaux d’Hercule, je ne pensais pas que cela prendrait 18 ans et ça m’amène à une réflexion sur le temps qui passe.
Je me dis que si je devenais aujourd’hui maire à mon âge, je n’aurais pas le courage de me lancer. Ça me fait comprendre un certain nombre de choses.
Poujade, il n’a pas osé finalement.
Moi, il m’a laissé des mètres cubes d’études qui ne servaient à rien, il a fallu tout reprendre. Mais il faut vous imaginer que là, en face, c’était la trésorerie municipale, qu’à la place de la brasserie, c’était des réserves et que quand j’ai dit « il faut enlever la trésorerie municipale » on m’a dit « ne pensez même pas à l’enlever, on va la mettre où ? ». J’ai dit qu’on allait faire des opérations tiroirs.
Et je pense qu’il faut quand même avoir envie, commencer à avoir du temps devant soi pour se lancer dans une telle rénovation.
Là, vous parlez en tant que maire. Mais en tant qu’homme ?
Ça se confond pour mes vingt dernières années forcément. J’y ai des souvenirs d’enfance.
Des souvenirs qui apparaissent comme un enfant qu’on emmenait au musée, pas comme un enfant qui allait au musée. J’avais des parents qui voulaient absolument que j’aille à l’opéra, que j’aille au musée, que je joue du piano. Mais moi, j’aimais la guitare, le football et les copains. J’étais un garçon normal. Jusqu’à l’âge de l’adolescence avancée, le musée était plutôt un endroit où il fallait me traîner plutôt qu’un endroit où j’allais spontanément.
Et puis je pense que c’est la donation Granville, l’art contemporain, l’art moderne, qui m’a fait redécouvrir cette envie. Depuis, je suis devenu un passionné : des débats à n’en plus finir, sur l’art, la fin de la peinture, sur les œuvres que Serge Lemoine [historien d'art et enseignant à l'université de Dijon, président du musée d'Orsay de 2001 à 2008] promouvait et que moi je refusais.
Vous avez une œuvre qui vous touche particulièrement ?
Oui, celle que j’ai mise sur ma carte de vœux 2019. Qui est Nicolas de Staël. C’est un clin d’œil aussi parce que c’était « Les footballeurs ».
Quand j’ai été élu maire de Dijon, on m’a demandé quelle était l’œuvre majeure de la peinture et j’ai dit « L’origine du monde » de Courbet. Ça a été publié comme tel et ça m’a valu une volée de bois vert. Même les psychanalystes cachaient cette œuvre. Donc depuis je fais attention, je n’ai même pas dit « La japonaise ».
Ces petites touches de couleur sur les tableaux de Nicolas de Staël, ça donne un côté vivant.
18 ans de travaux
Le projet de rénovation est né en 2001, avec un diagnostic des conditions de conservation des collections.Il y a eu deux phases dans les travaux de rénovation du musée des beaux-arts de Dijon. La première s'est achevée en 2013 avec la rénovation de 14 salles (Moyen-Âge, Renaissance) et de la cour du bar. La ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, Aurélie Filippetti, était présente pour l'inauguration.
La deuxième étape des travaux de rénovation touche à sa fin. Les trois accueils deviennent un seul accueil, plus grand. Cinquante salles d'expositions qui accueillent les oeuvres du 17ème au 21ème siècle, ainsi que celles de l'Antiquité, ont été rénovées. Les planchers ont été consolidés et les toits surrélevés.
Rendez-vous le vendredi 17 mai 2019 pour découvrir le nouveau musée des beaux-arts de la capitale des Ducs.