"La lutte est loin d'être terminée" : à Dijon, la mobilisation des manifestantes pour la journée internationale des droits des femmes

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Dijon ce vendredi après-midi à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Dijon ce vendredi 8 mars après-midi lors de la journée internationale des droits des femmes, à l'appel du collectif "Grève féministe", composé du collectif du 15 Novembre, de l'association Attac, la Ligue des droits de l'homme, des Robes oranges et noires, de l'Union communiste libertaire et de trois syndicats (CGT, FSU, Solidaires).

Égalité salariale, partage du travail domestique, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, contre la transphobie... Pour les manifestantes rencontrées par France 3, la lutte féministe est loin d'être terminée. 

Caroline, 36 ans : "On manque de moyens pour accompagner les victimes"

Caroline, 36 ans, est travailleuse sociale pour une association qui vient en aide aux femmes victimes de violences. Elle dénonce le manque de moyen pour les accompagner  : "Il y a eu un vrai mouvement de libération de la parole après MeToo, mais nous ne sommes pas encore en mesure d'écouter correctement et surtout de protéger les victimes", martelle-t-elle. 

Un constat qui rejoint celui de la Fondation des femmes. Dans un rapport sorti en septembre 2023, elle estime à 2,6 milliards d’euros par an le budget minimum que l’État devrait consacrer à la protection des victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles - soit 0,5% du budget de l’Etat. Aujourd’hui, il en dépense 184,4 millions, selon les calculs de la fondation.

La fille de Caroline, Rose, n'a que 12 ans, mais elle subit déjà le harcèlement de rue. "Je suis toute jeune, et pourtant je me fais déjà mater et suivre par des hommes qui ont l'âge d'être mon père", raconte-t-elle, indignée. Alors, pour elle, "c'est important d'occuper l'espace", ce vendredi, "sans se faire faire embêter" et de "profiter de la bonne ambiance" de la manifestation.

Claire, 33 ans : "Il faut écouter les femmes qui témoignent"

Claire, 33 ans, est de tous les combats : "Pour l'égalité salariale (NDLR : les femmes gagnent en moyenne 16 % de moins que les hommes en Bourgogne-Franche-Comté, selon une récente étude de l'Insee), pour écouter les femmes qui témoignent de violences, mettre en prison les violeurs... la lutte est loin d'être terminée."  

Elle exprime aussi "sa solidarité avec les femmes à Gaza" victimes de la guerre, après la publication d'un rapport de l'Onu qui documente des crimes sexuels lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre et alors que des expertes mandatées par l'organisation internationale ont exigé une enquête à propos des accusations d'exécutions et de viols par les forces israéliennes contre des femmes à Gaza et en Cisjordanie.

Isa, 55 ans : "J'ai passé ma vie à travailler gratuitement"

Isa, 55 ans, fait grève cet après-midi pour manifester. Elle n'a pas toujours été engagée dans les luttes féministes : "Ce sont mes enfants qui m'ont tout appris", raconte-t-elle. En scandant des slogans dans les rues, habillée en Rosie, aujourd'hui, elle a l'impression "de revivre"

"Comme de nombreuses femmes, j'ai passé ma vie à travailler gratuitement, sans même m'en rendre compte : le ménage, la vaisselle, les taches domestiques, je me suis occupée de mes enfants, je soutiens mes proches... Toutes ces tâches et ce travail émotionnel sont encore inégalement réparties et invisibilisées", s'indigne-t-elle. 46 % des femmes, contre 29 % des hommes consacrent au moins une heure chaque jour à leurs enfants ou à un proche dépendant, selon l'Observatoire des inégalités

Margot, 19 ans :  "On est des gamines et on est déjà sexualisées"

Margot et ses copines étudiantes manifestent parce qu'elles n'en peuvent plus du sexisme "partout, tout le temps". "On est des gamines et pourtant on est déjà sexualisées en permanence", raconte cette pompier volontaire âgée de 19 ans. 

À l'université aussi, Margot et ses copines ont été confrontées aux violences sexistes et sexuelles : "On y est de plus en plus sensibilisées, c'est un progrès, mais les moyens pour lutter contre les agresseurs ne sont pas encore suffisants", estime l'une d'entre elles. L'un de ses enseignants-chercheurs a récemment été suspendu pour cinq ans suite à des agressions sexuelles présumées, comme l'ont relaté nos confrères du Bien public. Si les faits qui lui sont reprochés sont exacts, "comment a-t-il pu agir impunément pendant toutes ces années ?", s'interroge-t-elle.

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