Bruno A. est accusé d'avoir tué Danielle Beauné, une femme âgée de 78 ans, à Semur-en-Auxois en 2018. Son procès s'est ouvert ce lundi 12 septembre à la cour d'assises de Côte-d'Or, à Dijon. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Bruno A., 61 ans, s'est présenté ce lundi 12 septembre au matin devant la cour d'assises de Côte-d'Or. Il est accusé d'avoir tué une femme de 78 ans en 2018.
Un homme qui profitait de l'argent de la victime
De son nom Danielle Beauné, la victime disparaît de son domicile de Semur-en-Auxois, dans l'ouest du département, en avril 2018. Huit mois plus tard, en décembre, des ossements sont retrouvés dans une carrière à Marmagne, une petite commune de quelques centaines d'habitants située non loin de Semur. Les expertises réalisées sont formelles : il s'agit bien de la dépouille de la disparue.
Rapidement, les enquêteurs établissent un lien avec Bruno A. Celui-ci se rendait régulièrement chez Danielle Beauné et entretenait fréquemment des contacts téléphoniques avec elle. Un appel entre eux en date du 20 avril 2018, date de la disparition de la vieille femme, constitue d'ailleurs son dernier signe de vie.
Au cours de l'enquête, plusieurs proches de la victime dépeignent un portrait peu élogieux de Bruno A. Ils affirment ne pas lui faire confiance. Et pour cause, le suspect a déjà été condamné quatre ans auparavant pour vol et utilisation frauduleuse de la carte bleue de Danielle Beauné. Pire, il a également fait l'objet d'une procédure judiciaire dans les années 90 pour tentative de viol sur personne âgée. Des antécédents qui, évidemment, attirent particulièrement l'œil des enquêteurs.
Poursuivi pour meurtre d'une personne vulnérable, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité
Entendu plusieurs fois pendant l'enquête, puis placé en garde à vue début décembre 2019, Bruno A. avoue dans un premier temps avoir un rôle dans la mort de la vieille femme. Il la décrit alors comme "accidentelle", la victime ayant affirmé vouloir se suicider. Face à ses suppliques répétées, le suspect aurait finalement craqué et accepté de l'aider à se donner la mort. Il décide ensuite de dissimuler son cadavre sous des feuilles et de la mousse sur le site de la carrière de Marmagne, où les faits se seraient produits, afin que la dépouille soit rapidement retrouvée et que les proches puissent faire leur deuil.
Il est vrai que Danielle Beauné, diagnostiquée dépressive, avait déjà commis plusieurs tentatives de suicide, précise le rapport d'enquête. Pourtant, ses proches l'assurent : au moment des faits, la septuagénaire ne manifestait en aucun cas de volonté mortifère. Le 4 décembre 2018, Bruno A. est donc déféré devant un juge d'instruction. Il est mis en examen pour homicide volontaire, placé sous mandat de dépôt et écroué.
► À lire : Semur-en-Auxois : un homme mis en examen et écroué pour le meurtre d'une femme de 78 ans
Bruno A. est aujourd'hui poursuivi pour meurtre aggravé par le fait qu'il a eu lieu sur une personne vulnérable. Si sa culpabilité devait être prouvée, il pourrait être condamné à la réclusion à perpétuité.
Aveux, puis rétractation... les versions de l'accusé fluctuent
Au fil des interrogatoires, l'homme se montre confus et change constamment de version. Au printemps 2020, il adresse un courrier au juge d'instruction dans lequel il affirme vouloir revenir sur toutes ses déclarations. Il indique n'avoir avoué sa participation qu'à cause de la pression des enquêteurs. Interrogé à nouveau en août 2020, il prétend alors être complètement étranger à la mort de Danielle Beauné. Il est finalement renvoyé devant la cour d'assises de Dijon en janvier 2021.
Ce lundi matin, c'est un homme vraisemblablement en état de faiblesse physique qui s'est présenté dans le box des accusés. Vêtu d'une chemise bleu, un masque chirurgical sous le nez, affaissé dans son siège, il a semblé profondément ennuyé par la lecture du rapport d'enquête. Interrogé par la présidente avant la suspension de l'audience pour la pause déjeuner, il s'est simplement fendu d'une contestation. "Tout est faux", a-t-il déclaré. "Je conteste tout ce que j'ai dit."
Un argumentaire qu'il a continué d'utiliser tout au long de l'après-midi pour répondre aux questions qui lui ont été adressées. "Vous pouvez nous parler de ce vol de carte bleue ?", s'enquiert la présidente. "Je ne peux pas vous le dire", répond l'accusé. "Je n'en ai aucun souvenir." Pourtant, quelques minutes plus tard, il admettra volontiers avoir remboursé la somme qu'il avait volée à la victime.
In fine, c'est un discours émaillé d'incohérences qui a marqué le long et minutieux interrogatoire de ce premier jour de procès. Au point que juges et jurés n'ont cessé de manifester leur surprise devant les déclarations de Bruno A. "Eh bien, c'est vraiment la première fois que j'entends parler de ça. Et je ne dois pas être la seule", glisse la présidente, pince-sans-rire. Puis, échauffé par les contradictions pointées par l'avocate de la famille de la victime, l'accusé se recroqueville en grommelant qu'il ne répondra "plus à aucune question" des ses contradicteurs.
Le procès va durer encore quatre jours. Le verdict doit normalement être prononcé vendredi 16 septembre.