Pénurie de moutarde : la récolte 2022 a été bonne, la production "devrait revenir à la normale en novembre-décembre"

La première récolte bisanuelle de graines de moutarde vient de s'achever en Bourgogne, et elle est bonne. Les rendements devraient permettre de revenir à une production normale d'ici la fin de l'année, mais les agriculteurs réclament davantage de souplesse en matière de normes phytosanitaires afin d'éviter une nouvelle pénurie.

Bonne nouvelle pour tous les Bourguignons qui ont du mal à se passer de moutarde ! La récolte d'été fut "plutôt très bonne". Elle vient de s'achever dans la région, et "on dépasse le rendement historique qu'on avait avant 2016", se félicite Fabrice Genin, agriculteur et président de l'association des producteurs de graines de moutarde en Bourgogne.

Le problème de stock devrait être réglé cet hiver

"On va faire environ 18 quintaux par hectare", précise Fabrice Genin. De quoi faire oublier, dans les prochains mois, la pénurie que l'on constate sur tous les étals des supermarchés. "La récolte française ne représente pas l'ensemble des besoins de tous les industriels, par contre elle sera disponible très rapidement. À partir de novembre-décembre, on devrait revenir à une situation quasi-normale dans les rayons."

Un optimisme confirmé par les industriels de Côte-d'Or. Au siège de la moutarde Reine de Dijon, la directrice industrielle Marika Zimmermann explique : "À présent que la graine est récoltée, elle doit encore être nettoyée afin que nous, industriels, puissions l'utiliser. Elle devrait nous être livrée d'ici fin septembre." Le reste des graines utilisées par Reine de Dijon provient du Canada, où la récolte est plus tardive. "Le temps du transport et du nettoyage, on l'aura en décembre-janvier." C'est à cette période que les dernières inquiétudes devraient être levées, puisque 80% des graines de moutarde utilisées en France proviennent de ce pays.

Le problème de fond : les normes en termes de produits phytosanitaires

Pour cet hiver, la menace d'une nouvelle pénurie de moutarde semble donc éloignée. En revanche, un problème de fond se pose pour les cultivateurs de graines, qui risque de causer à nouveau des manques de stock. "Il y a de vrais freins à la culture de la moutarde. On vit un climat qui change, mais il y a aussi un choix politique d'avoir une règlementation très stricte sur les produits phytosanitaires", explique Fabrice Genin.

"On nous a supprimé la quasi-totalité des solutions qui nous permettaient de lutter contre certains insectes ravageurs, ce qui met une pression assez forte sur la production et une grande incertitude sur les rendements. Ça n'encourage pas les producteurs à tenter la culture de moutarde."

Fabrice Genin

Les producteurs demandent donc des dérogations sur de nouveaux produits phytosanitaires, afin de pouvoir traiter les cultures en cas de besoin. 

Quelles solutions possibles ?

Et la moutarde bio dans tout cela ? "On essaie depuis 10 ans, et ça fait quasiment 10 ans qu'on ne récolte rien. C'est possible de faire du bio, sauf que le résultat est aléatoire."

Autre solution : trouver de nouvelles variétés de graines plus résistantes. "Un programme de sélection variétale est en cours avec l'INRAE et Agrosup", ajoute Marika Zimmermann.

"Ce qu'on veut trouver, c'est la graine qui convienne à la fois aux agriculteurs en terme d'efficacité, de rendement et de facilité de culture, et aux industriels en termes de qualité."

Marika Zimmermann

Pour l'instant, la graine miracle n'a pas été découverte. Mais "il faut rester optimiste : on a vu plein de variétés intéressantes, et il n'y a pas de raison que l'on ne trouve pas", conclut la directrice industrielle.

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