Christophe Barbarin est taxidermiste à Fixin (Côte-d'Or). Il nous ouvre les portes de son atelier, à la découverte d'un savoir-faire rare.
"Mon père faisait de la taxidermie. J'étais tout le temps fourré dans ses pattes à l'atelier." Christophe Barbarin a attrapé le virus tout jeune. Cette passion familiale, il en a fait son métier : aujourd'hui, il est taxidermiste, installé à son compte depuis 20 ans à Fixin, sur la côte viticole au sud de Dijon, en Côte-d'Or. Christophe Barbarin nous a ouvert les portes de son arrière-boutique, à la découverte de ce métier aussi confidentiel que minutieux.
"À l'époque, on travaillait à la paille, on coupait des morceaux de bois dans les planches... C'était vraiment très artisanal", sourit Christophe Barbarin. Au fil des années, ces techniques de "débrouille" ont bien évolué. Aujourd'hui, on "n'empaille" plus les animaux.
"La première étape, c'est le dépouillage. Il faut séparer la peau du crâne pour pouvoir les traiter chacun de leur côté." La peau est tannée. Ensuite, il faut s'occuper du mannequin. Christophe Barbarin travaille avec des moules d'animaux, en polyester, qu'il fabrique lui-même. "Ça me sert à sortir une forme de base." Ensuite, il peaufine, minutieusement, pour rendre l'animal aussi vrai que nature.
On touche à tout. Soudure, menuiserie... Et on travaille vraiment beaucoup de matières. Il faut être bon bricoleur !
Christophe Barbarintaxidermiste
Christophe nous amène ensuite vers une haute armoire à tiroirs. À l'intérieur... des yeux, des centaines d'yeux. Factices, bien sûr. "On a tous les yeux pour à peu près tous les animaux, de toutes les tailles", explique-t-il.
Plus un oeil est réaliste et bien conçu, plus on a l'impression que l'animal vous regarde et que son regard est profond.
Christophe Barbarintaxidermiste
Ensute, vient la dernière étape : enfiler la peau sur le mannequin. Avec des coutures les plus discrètes possibles - "souvent derrière les pattes, sous le ventre".
75 % des clients de Christophe sont des chasseurs venus lui apporter leurs cerfs, sangliers et chevreuils tués au cours de la saison. Le reste de son activité se partage entre les particuliers et les muséums. "J'ai fait un grand python pour le muséum de Grenoble, un lion pour le muséum de Dijon", liste le taxidermiste. Il lui arrive de travailler des oiseaux, poissons et petits mammifères.
"Mais ma préférence va plutôt vers les grands mammifères d'Afrique et d'Europe." En ce moment, il travaille sur un léopard. Une pièce rare, à laquelle il apporte un soin tout particulier. "Ce sera une grosse quinzaine d'heures de travail", pronostique-t-il.
"C'est un métier dont le but est de conserver", conclut Christophe Barbarin. "Je pense qu'il y a des animaux que j'ai faits qui seront sûrement encore là, quand moi je ne serai plus là."
En France, le métier de taxidermiste compte moins de 200 professionnels en France, contre plus de 1 000 quarante ans plus tôt.
► Reportage de David Segal et Corentin Renoult