Début 2022, le Muséum national d'Histoire naturelle annonçait vouloir délocaliser une partie de ses collections dans des nouveaux locaux à proximité de Paris. Dijon (Côte-d'Or) fait partie des trois villes encore en course pour accueillir ce projet.
Dijon aura-t-elle droit à sa propre grande galerie de l'évolution ? Rien n'est encore fait, mais la cité des Ducs fait partie des trois villes toujours en lice pour accueillir une partie des collections du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), dans le cinquième arrondissement de Paris. Face à elle, Villeneuve-d'Ascq (en métropole lilloise, dans le Nord) et Ris-Orangis, une commune au sud-est de la capitale.
Avec ce projet lancé début 2022, l'établissement veut déménager une partie de ses pièces afin, notamment, de "permettre un accroissement des collections" et "un développement de leur consultation dans les meilleures conditions" et d'en "garantir une conservation optimale". Il faut dire que, malgré son impressionnant bâtiment du Jardin des Plantes, où est conservée la majorité de son catalogue, le musée possède 67 millions de spécimens d'animaux, végétaux, et minéraux, ainsi que près de deux millions d'ouvrages.
Un centre universitaire important
Mais pourquoi Dijon plutôt qu'une autre ville ? Outre sa proximité avec Paris (1h30 en TGV), l'un des principaux critères définis par le MNHN dans son appel à projets, Dijon est un pôle universitaire important de l'est du pays, qui accueille chaque année plusieurs dizaines de milliers d'étudiants. Près de "40 000, dont 31 à l'uB (université de Bourgogne, ndlr), et plus de 4 000 étudiants étrangers", selon le site de la métropole.
Un réel atout pour la ville ? Pour Laurence Porte, la maire de Montbard - l'une des sept communes retenues lors d'une première sélection -, cela ne fait aucun doute. "C'est ce qui a fait défaut à notre candidature : nous n'avons pas d'université", avance-t-elle, alors même que sa candidature bénéficiait du soutien "de la région Bourgogne-Franche-Comté, du département de la Côte-d'Or et du pays Auxois-Morvan" et qu'elle avait réuni 35 millions d'euros d'engagements financiers.
Car au-delà de l'exposition de ses collections, fond de commerce par définition d'un musée, le MNHN cherche aussi à "améliorer les conditions de travail et d’accès aux collections pour les personnels du Muséum, les chercheurs". L'établissement exerce ainsi "cinq grandes activités", parmi lesquelles "recherche, expertise" et "enseignement". "L'appel à candidatures portait sur l'accueil des réserves du muséum, mais aussi sur le développement d'un pôle de recherche", précise quant à elle l'élue de Haute Côte-d'Or.
D'ampleur nationale et internationale
Mais l'argument du centre universitaire est certainement loin d'être suffisant. Villeneuve-d'Ascq concentre de son côté une partie du campus de l'université de Lille et de nombreuses grandes écoles. Quant à Ris-Orangis, sa proximité avec Paris facilite évidemment l'accès à l'enseignement supérieur, souvent renommé à l'international.
Reste qu'en matière de rayonnement à l'étranger, Dijon n'a pas à pâlir face à ses concurrents. En particulier depuis l'ouverture de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin en mai 2022, qui se veut un pôle de premier ordre dans ce domaine.
►À LIRE AUSSI : Cité de la gastronomie à Dijon : les touristes viennent... les Dijonnais beaucoup moins !
Autre source de fierté pour la métropole : l'accueil prévu en 2024 du siège de l'Organisation internationale de la vigne et du vin. "Dijon devient ce soir la capitale mondiale du vin", s'était enorgueilli en octobre 2021 François Rebsamen, le maire de la ville, lorsque "l'ONU" du vin avait rendu sa décision. De quoi donner à la commune une certaine renommée culturelle, au moins dans le domaine des arts de la table... et peut-être faciliter l'accueil de collections du MNHN ?
La Côte-d'Or, département d'origine de Buffon, l'un des pères du naturalisme
Tout est dans le nom : Musée national d'Histoire naturelle. Alors quoi de mieux pour accueillir l'une de ses antennes qu'une ville située dans le département de naissance de l'un des plus importants naturalistes français ? Oui, Georges-Louis Leclerc de Buffon, dont le magnum opus "Histoire naturelle" fait partie des plus fameux traités sur le sujet, est bel et bien originaire de Côte-d'Or. Et pas de n'importe où : il est en effet né à... Montbard. Manque de chance, la candidature de celle-ci a déjà été écartée, mais contre mauvaise fortune bon cœur : "Aujourd'hui, le mien est avec Dijon", sourit Laurence Porte.
Contactée, la ville de Dijon a refusé de s'exprimer, prétextant que les discussions sont toujours en cours et qu'il "est encore trop tôt pour évoquer le sujet". Le Muséum doit quant à lui rendre sa décision courant mars. Selon le planning du projet, la construction d'un nouveau site ne doit cependant pas débuter avant 2027.