Il y a 20 ans, à Dijon, l’immeuble du 145 avenue Eiffel explosait à la suite d’une fuite de gaz. Le bilan est lourd : 11 victimes. 20 ans après, nous sommes partis à la rencontre de leurs familles.
Six femmes, trois hommes, deux enfants. Le bilan de l’explosion du 145 avenue Eiffel, à Dijon, le 4 décembre 1999, est très lourd : 11 victimes. L’enquête montrera que cette explosion a été provoquée par la rupture d’une canalisation de gaz. Vingt ans après, comment vivent les familles des victimes ? Nous sommes partis à leur rencontre.
"Il y a quelque chose qui a changé en nous"
La famille Chaudron a vu sa vie basculer. Julie, 20 ans à l’époque, a été tuée dans l’explosion. "Il y a quelque chose qui a changé en nous", explique François, le père. "Il y a des moments, j’avais l’impression de sentir la mort, que les gens avaient peur de moi. J’avais l’impression dans le regard de mes amis d’être une bête bizarre", ajoute le frère de Julie, Loïc Chaudron.À l’époque, les familles passaient des heures sur internet. Le but : chercher des éléments pour faire avancer l’enquête.
François Chaudron, père de Julie, victime de l'explosion
Loïc Chaudron, frère de Julie, victime de l'explosion
Bernadette Chaudron, mère de Julie, victime de l'explosion
Françoise Bonin, mère d'Arnaud, victime de l'explosion
Sylvie Forest, mère de Fanny, victime de l'explosion
Jean-Pierre Forest, père de Fanny, victime de l'explosion
Un sentiment d’isolement
La vie de la famille Bonin a également changé en décembre 1999. Françoise Bonin a perdu son fils. Le soir du drame, Arnaud fêtait ses 18 ans avec des amis. Aujourd’hui, elle se sent isolée. Elle a besoin d’en parler tout le temps. Un besoin qui n’était pas partagé par son entourage."C’est le désert total. A part notre fille, on ne voit plus personne. On a la chance d’avoir deux copains d’Arnaud qui sont extraordinaires. Ils ne nous ont jamais lâchés. Ils viennent régulièrement. Pour nous, c’est un souffle d’air", explique Françoise Bonin, qui a souhaité nous rencontrer ailleurs qu’à son domicile. "Je ne me serai pas exprimée de la même façon devant mon mari. Même dans un couple, chaque peine est différente", ajoute-t-elle.
Sylvie Forest a perdu Fany, 19 ans, lors de l’explosion. Elle a décidé de créer un groupe de parole à la maison des associations de Dijon. "Etre porte-parole, ce n’est pas évident. C’est ce que je disais aux familles : on se bat, mais on n’est pas surs du résultat. On ne se battait pas du tout pour des indemnités. On se battait pour de la prévention", note-t-elle.
Ce 4 décembre 2019, les familles se sont réunies à 16h pour un hommage collectif à leurs proches. La stèle dédiée aux victimes de l'explosion avait été dérobée en septembre 2019. Elle a été retrouvée le 27 novembre dernier mais ne pourra malheureusement pas reprendre sa place à temps pour la cérémonie. Brisée en trois parties, elle a été mise en sécurité dans les réserves du musée le temps d'être restaurée.
Notre reportage sur la cérémonie du mercredi 4 décembre