Six jours après les séismes, l'association Secouristes Sans Frontières ne peut toujours pas se rendre en Turquie

L'association dijonnaise, qui voulait venir en aide aux victimes des violents séismes survenus lundi 6 février, n'a pas été autorisée à partir en Turquie. Explications.

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Tout était prêt. Tout était bouclé. Lundi 6 février, au lendemain des violents tremblements de terre ayant dévasté la frontière turco-syrienne, l'association humanitaire dijonnaise Secouristes sans frontières avait tout organisé pour pouvoir partir en Turquie, au plus près des victimes.

Mais six jours plus tard, la vingtaine de secouristes est toujours en France, et ne devrait visiblement pas pouvoir se rendre sur place. La raison : le gouvernement turc n'a pas donné son feu vert pour leur arrivée. Une situation frustrante, sur laquelle revient Hervé Roy, président de l'association.

France 3 Bourgogne : Pourquoi votre association n'a-t-elle pas pu se rendre en Turquie ?

Hervé Roy : Avant tout, il faut savoir que quand il y a des catastrophes naturelles, une demande d’aide internationale est émise par le pays concerné, ici la Turquie. Toute cette aide internationale est coordonnée par l’ONU (Organisation des Nations Unies, ndlr) et l’OMS (Organisation mondiale de la Santé, ndlr), qui mettent en place une cellule de coordination en relation directe avec les autorités turques. C'est en échangeant avec cette cellule qu'on a appris que le gouvernement turc ne voulait que des grosses structures médicales, comme des hôpitaux de campagne.

Ce qui n'est pas votre cas ?

Non. Nous sommes une antenne médicale de niveau 1 sur la classification de l'OMS. C’est-à-dire que nous sommes en capacité de faire des soins ambulatoires et de traiter au moins 100 patients par jour, pendant 15 jours. Mais on n'a pas de lits d’hospitalisation, contrairement aux structures médicales de niveau 2 et 3, qui sont des hôpitaux de campagne avec 30 ou 40 lits, voire plus, avec des blocs opératoires, etc. 

Cette situation a dû être une désillusion pour vous ?

Ca devient un peu pesant. On essaye par tous les moyens d’obtenir des informations, de pousser pour avoir ce fameux feu vert, mais nous ne sommes pas décideurs. Nous respectons la décision des autorités sanitaires turques. Ce sont elles qui gèrent la stratégie de gestion de crise. Mais on aurait pu apporter quelque chose.

C'est-à-dire ?

On a plusieurs points forts : la mobilité et surtout la vitesse de déploiement. Les hôpitaux de campagne sont des grosses structures logistiques. Il faut un certain nombre de jours pour mobiliser le personnel et ensuite pour les mettre en place. Une fois que c'est prêt, c'est une grosse machine, certes. Mais l’intérêt des antennes plus légères comme la nôtre, c'est qu'elles auraient pu intervenir en amont et en complément des grosses structures pour aller au plus près des victimes, plus rapidement. Si on avait eu le feu vert tout de suite, on aurait pu être en Turquie dès le mardi 7 février.

Aujourd'hui, vous gardez tout de même l'espoir de pouvoir partir ?

De toute façon, nous sommes prêts à partir en permanence. Dans nos locaux à Longvic, le matériel est révisé régulièrement, il est testé, etc. On vit au jour le jour, voire à l’heure. Tant qu’on n'a pas le feu vert, on reste en stand by. Lors de notre dernière réunion, le gouvernement turc n’a pas fermé complètement la porte, sans pour autant nous donner de réponses.

Là où ça va finir par devenir compliqué, c'est par rapport à nos bénévoles. Ils sont sous pression depuis une semaine. Ce sont des gens qui quittent leur boulot pour partir en mission, donc ils se sont arrangés cette semaine avec leurs employeurs et collègues pour rester libres. Mais on ne peut pas leur demander ça indéfiniment. Si on n'a pas plus de nouvelles dans les jours qui viennent, on sera obligé de lever notre mobilisation.

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