Mécène, il investit 23 000€ pour installer un maraîcher : "soutenir les agriculteurs sans qu'ils s'endettent" :

Investir son argent dans la création d'un groupement foncier agricole (GFA) pour aider les agriculteurs plutôt que dans la finance spéculative. C'est le choix qu'a fait Eric Dalissier, un Dijonnais de 42 ans, qui nous éclaire sur ses motivations.

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Eric Dalissier a choisi d'investir au printemps dernier 23 000 euros pour financer l'achat d'une parcelle de 3,6 hectares sur la commune d'Arc-sur-Tille (Côte-d'Or). Grâce à cette acquisition, cet investisseur dijonnais a créé un groupement foncier agricole (GFA) aux côtés de deux maraîchers, Laurent Brullebaut et Geoffroy Lamy, un agriculteur de 28 ans qui n'aurait autrement pas eu les moyens financiers pour s'installer.

Pourquoi avoir choisi d'investir dans la création d'un groupement foncier agricole ?

Eric Dalissier : A titre personnel, je suis très sensible à la cause environnementale et aux bonnes pratiques qui permettent de produire une alimentation saine dans l'esprit du circuit court, d'une production locale. Le GFA que nous avons créé, qui s'appelle "les Champs Vivants", est juridiquement une entité morale, à but non lucratif. Il permet de mettre en location des surfaces de terre au profit des agriculteurs à un prix très accessible (120 euros par hectare et par an, ndlr). Geoffroy Lamy va donc pouvoir s'installer sur les 3,6 hectares de terre dont nous avons fait l'acquisition à Arc-sur-Tille, pour seulement un peu plus de 400 euros par an.

Cette démarche vise à soutenir l'installation des agriculteurs sans qu'ils aient à s'endetter. On veut manger localement des produits qui ont du goût, mais il faut comprendre que de nos jours les agriculteurs ont de moins en moins de revenus. Alors si déjà, en commençant, les agriculteurs sont submergés de dettes, comment voulez-vous qu'ils puissent faire du bon boulot ?

Comment la création de ce GFA s'est-elle initiée ?

E. D. : En fait, j'avais déjà investi de l'argent il y a quatre, cinq ans dans un autre GFA à Mâlain, en Côte-d'Or. Une belle expérience qui a abouti à l'acquisition d'une quarantaine d'hectares et à l'installation d'agriculteurs et d'éleveurs qui travaillent en polyculture élevage. La création des "Champs Vivants" a été le fruit d'une rencontre avec Laurent et Geoffroy par l'intermédiaire d'une connaissance commune.

L'objectif est clair, c'est de produire localement une alimentation de qualité à Arc-sur-Tille.

Eric Dalissier

J'aime leur façon de travailler, sans intrant chimique. J'ai appris à les connaître, les ai aidés à tenir leur stand et à vendre leurs légumes au marché des Halles de Dijon, et un jour, il y a eu une opportunité. Un agriculteur d'Arc-sur-Tille venait de décéder. Ses enfants souhaitaient revendre, donc on s'est positionné et notre dossier a été acceptée par la SAFER. Laurent, Geoffroy et moi-même sommes désormais les trois propriétaires à parts égales du GFA des "Champs Vivants".

Le GFA et-il l'avenir de l'agriculture de proximité respectueuse de l'environnement ?

E. D. : Au-delà du financement, la limite, c'est surtout la capacité à trouver des terres à vendre et des agriculteurs prêts à s'installer pour les exploiter. Il faut aussi, idéalement, trouver suffisament de surfaces pour pratiquer sur ces terres des activités de culture et d'élevage.

L'autre hiatus, c'est la question des débouchés car il faut à terme permettre aux agriculteurs de se décharger des activités de vente. Comprenez qu'à certaines périodes de l'année, les maraîchers perdent un temps considérable à tenir leurs étals, alors qu'ils seraient tellement plus utiles à travailler sur leurs cultures ! Pour finir, quand Geoffroy se sera bien installé, nous envisageons de faire évoluer les statuts actuels de notre GFA pour l'ouvrir à un maximum d'habitants d'Arc-sur-Tille ou de la région. Cet investissement permetrait aux gens de s'impliquer dans notre groupement agricole et les inciterait sans aucun doute à acheter nos produits.

L'objectif est clair, c'est de produire localement une alimentation de qualité à Arc-sur-Tille et de permettre à Laurent et Geoffroy de se passer de leurs marchés dijonnais pour se consacrer exclusivement à la conduite de leurs exploitations respectives, mais pour cela il faudrait aussi créer une SIC - une société civile immobilière agricole - pour ouvrir un bâtiment foncier destiné à vendre des produits, une sorte de drive fermier, mais là, c'est un peu mettre la charrue avant les boeufs !

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