Depuis le 1er juillet, le centre AVIV de Quetigny (Côte-d'Or) accueille les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles. Le premier centre d'aide de ce genre dans la métropole dijonnaise répond à un besoin : 30 femmes ont déjà fait appel à cet accompagnement.
Les couleurs sont apaisantes. À la place du bureau qui sépare et qui occulte, on trouve des fauteuils cosy pour voir son interlocutrice dans son intégralité. "On ne peut pas recevoir des victimes de violences sexuelles sans qu'elles puissent voir chez l'autre les parties attaquées", confirme Stéphanie Vuilquez, la thérapeute des lieux.
Le centre Aviv de Quetigny a été pensé pour sécuriser les personnes qui en poussent la porte et permettre de libérer la parole. Nathalie est l'une d'elles. Pour préserver son anonymat, nous avons changé son prénom.
30 femmes déjà suivies
Nathalie a été victime de violence sexuelle dans son enfance. Prescrits aux yeux de la loi car les faits ont eu lieu il y a plus de trente ans, ce traumatisme la hante encore aujourd'hui.
Dans ce centre, elle a trouvé des réponses juridiques, des textes de loi. Elle a surtout le sentiment de se délivrer peu à peu de sa souffrance : "ça faisait trop longtemps que je portais ça en moi. J'ai un sac à dos qui est chargé. Et à chaque fois ici je dépose quelque chose. Ce n'est pas grand-chose. Ça avance petit à petit. Mais je me sens à chaque fois plus légère".
"Ça fait du bien de se sentir comprise. Ici, je trouve un accompagnement à ma problématique spécifique. Vous allez voir un médecin généraliste pour quelque chose de lambda. Le jour où vous avez un problème particulier, vous allez voir un médecin spécialiste. Là, c'est pareil", rajoute Nathalie.
Ça fait du bien de se sentir comprise
Nathalie, victime de violences sexuelles dans l'enfance
Un accompagnement juridique et thérapeutique
Harcèlement moral et/ou sexuel, agression sexuelle, inceste, viol... Cette structure balaye tous les champs de ce type de violences, que cela ait lieu dans la sphère privée, dans le milieu professionnel ou encore dans l'espace public.
L'équipe est composée d'une juriste et d'une thérapeute. Le duo se propose d'épauler les victimes de violences sexistes et sexuelles dans toutes les étapes de leur reconstruction.
Mais la première mission consiste à permettre à la victime de nommer les faits et de les caractériser pénalement. "Elles ont souvent tendance à minimiser ce qu'elles ont subi", analyse Élaura Pézard, la juriste du centre.
"C'est effectivement la première étape pour pouvoir travailler sur les conséquences de ces violences, qui sont toujours le résultat d'une stratégie globale de mise sous emprise, de mise sous terreur, d'inversion de la culpabilité et d'assurer leurs impunités pour les agresseurs. Tout cela doit être déconstruit", renchérit la psychothérapeute Stéphanie Vuilquez.
"On essaye de trouver les meilleures options pour que les femmes voient le moins d'interlocuteurs possibles, qu'elles aient le moins possible à raconter leurs histoires, qu'elles soient reçues correctement pour ne pas être retraumatisées. Je peux les accompagner pour déposer plainte, à la médecine légale, chez le médecin traitant, chez l'avocat, etc...", détaille Élaura Pézard, la juriste du centre.
Une première à Dijon
Dans la métropole dijonnaise, les victimes de violences conjugales peuvent trouver un soutien à Solidarité Femmes 21. L'association France Victimes, bien que plus généraliste, est aussi à l'écoute.
Mais c'est la première fois qu'un centre dédié spécifiquement aux victimes de violences sexuelles et sexistes voit le jour. C'est le Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles de Côte-d'Or qui a œuvré ces sept dernières années pour monter le projet et convaincre les financeurs.
"Cela répond à un réel besoin", martèle la juriste Élaura Pézard, qui a vu les créneaux de rendez-vous se remplir en un rien de temps dès l'ouverture du centre il y a deux mois. C'est d'ailleurs Élaura qui répondra au 06 70 60 15 03, la ligne du centre. "Ne pas multiplier les interlocuteurs, sécuriser les victimes, c'est très important pour nous", confie en chœur le duo pénaliste et thérapeute.