Témoignage. Les étudiants choisissent toujours l'enseignement, "un métier dévalorisé, mais passionnant et indispensable"

Publié le Écrit par Noëlle Hamez
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En pleine période d'inscription aux concours de recrutement d'enseignants et alors que s'ouvre le procès des six jeunes impliqués dans le meurtre de Samuel Paty, des étudiantes en master enseignement témoignent sur leur futur métier, auquel elles continuent de croire.

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Alors que le procès des six mineurs impliqués dans l'assassinat de Samuel Paty s'est ouvert ce mercredi 29 novembre 2023, le vaste sujet qu'est la crise de l'enseignement est largement remis sur la table. En plus de l'insécurité qui s'immisce dans leur profession, avec notamment le récent assassinat de Dominique Bernard à Arras, les enseignants sont victimes d'une perte de sens et d'un épuisement émotionnel qui les poussent à quitter le métier.

Dans ce contexte alarmant, 53 700 étudiants et étudiantes se sont tout de même orientés vers un master MEEF (Master de l'enseignement, de l'éducation et de la formation) en 2022-2023. Ce mercredi, les équipes de France 3 Bourgogne se sont rendues à l'Institut National Supérieur du Professorat et de l'Éducation (INSPE) pour rencontrer celles et ceux qui continuent de s'engager dans la voie de l'enseignement.

"On doit garder la tête froide"

À peine revenus de leurs stages, les étudiants et étudiantes en deuxième année de master MEEF à l'INSPE doivent déjà s'inscrire aux concours de recrutement des enseignants. Confrontés à la réalité du métier pendant plusieurs jours, elles et ils ne semblent pas avoir perdu leur enthousiasme, en particulier Alice, 23 ans et future professeure de mathématiques : "les difficultés ne me font pas douter. Je ne me vois pas faire autre chose et au contraire, il faut relever le défi pour transmettre notre savoir à nos élèves."

Contractuelle en tiers-temps dans un lycée de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), la jeune femme est consciente de la défiance éprouvée envers les enseignants. "C'est un métier qui est assez dévalorisé, pourtant il est très beau, passionnant et surtout indispensable." Pour elle, l'école n'est plus le "sanctuaire" qu'elle pouvait être auparavant.

C'est un métier qui est assez dévalorisé, pourtant il est très beau, passionnant et surtout indispensable.

Alice

Faisant écho aux deux assassinats survenus ces dernières années, l'étudiante reste tout de même pragmatique : "on doit garder la tête froide. Malgré ces situations dangereuses, on ne doit pas oublier qu'on forme les citoyens de demain." Bien que dramatique, Alice estime qu'il s'agit même d'une occasion pour se rapprocher des élèves défiants, en leur transmettant plus de valeurs à travers le débat et l'échange.

"Il y a de quoi se questionner"

À côté d'Alice, Léa Lacambre se veut plus tempérée. La jeune étudiante en deuxième année de master MEEF EPS, aborde le sujet de la formation des enseignants : "on travaille beaucoup pour avoir un concours qu'on n'est pas sûrs de remporter... Et pour un métier, même s'il nous plaît beaucoup, qui derrière n'est pas forcément très bien vu par l'opinion publique."

Comme ses camarades de promotion, Léa espère pouvoir "apporter sa toute petite pierre à l'édifice" du monde de l'éducation. Mais avant cela, elle devra réussir le CAPEPS (Certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive) et affronter une certaine crise de légitimité, représentative de ce milieu : "dans ma promo on est tous motivés, on a tous envie d'y arriver, on a tous les mêmes capacités et finalement il y en a très peu qui vont avoir le concours."

On travaille beaucoup pour avoir un concours qu'on n'est pas sûrs de remporter.

Léa, étudiante en master MEEF EPS

Selon elle, avant même de faire partie de la profession, où la précarisation est grandissante avec un enseignant sur dix en contrat court, les futurs professeurs sont sous pression. "Le taux de réussite au CAPEPS est seulement de 25 %, il y a de quoi se questionner", fait savoir Léa, pour qui le métier d'enseignante reste une certitude malgré tout.

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