L'agent de 33 ans est mort percuté par un train de marchandises en gare de Dijon, lundi 11 mars vers 23h30. Selon de premiers éléments, la rame ne circulait pas à une vitesse excessive.
De nombreuses questions demeurent, au surlendemain du terrible accident qui s'est produit en gare de Dijon, lundi 11 mars dans la nuit. Vers 23h30, un train de marchandises a mortellement percuté un agent de maintenance de 33 ans qui intervenait sur les voies. Un autre technicien a été blessé et hospitalisé. Quatre collègues, sur place également, ont été pris en charge très choqués.
À quelle vitesse roulait le train ?
Ce que l'on sait depuis le début, c'est que l'accident a eu lieu au niveau du quai J de la gare de Dijon, avec un train de marchandises circulant dans le sens Dijon-Paris. Mais pourquoi les victimes n'ont-elles pas évité le train ? Y a-t-il eu une erreur d'aiguillage, de vitesse, une inattention ?
Pour l'heure, ce mercredi, rien n'est officiellement confirmé. Mais les cheminots, les techniciens et tous les personnels de la SNCF cherchent bien évidemment à comprendre de leur côté. D'après nos informations, une donnée se précise : la vitesse du train. Selon les observations du personnel, elle n'est pas remise en cause.
Il semble que le train roulait autour de 45 km/h, ce qui est une vitesse tout à fait dans les normes, puisque l'allure est limitée à 60 km/h à cet endroit
un employé souhaitant rester anonyme
"De toute façon, la police a dû mettre sous scellé la "bande" du train", ajoute cet employé. La "bande", c'est l'équivalent des boîtes noires pour les avions. Ce qui permettra de connaître l'historique exact du train.
De son côté, la SNCF n'apporte aucune précision. "C'est beaucoup trop tôt pour tirer une conclusion, l'enquête vient seulement d'être ouverte", tranche la direction.
La visibilité était-elle bonne ?
Rapidement, le syndicat Sud-Rail a réagi en mettant en cause le travail nocturne sur les voies. "Est-ce une coïncidence, la fatalité...? On ne sait pas, mais la sécurité est forcément remise en cause lorsqu'on travaille de nuit", fustige Cyril Gourdon, délégué Sud-Rail en Côte-d'Or, interrogé par France 3.
La visibilité est moins bonne, on peut être ébloui par les lumières des trains et des gares, on ne voit pas où on marche. Sans oublier la fatigue
Cyril Gourdonsyndicat Sud-Rail
L'accident a eu lieu dans une zone où, justement, la visibilité pouvait être difficile : juste à la sortie de la gare de Dijon. Le conducteur, ou les agents de maintenance, ont-ils pu être éblouis ? Soit par les phares du train, soit par les lumières de la gare ?
"Quand on passe d'une zone peu éclairée à une zone très éclairée et vice-versa, on peut être ébloui. C'est le même principe que lorsque vous croisez une voiture en pleins phares", ajoute le délégué syndical, qui a également 29 ans d'expérience en conduite de trains.
Autre donnée à savoir : les conducteurs passent des visites d'aptitude sécuritaires "très poussées" selon Cyril Gourdon. "Ce sont des tests équivalents à ceux des pilotes de chasse. On mesure la vitesse de récupération de l'oeil exposé à la lumière, par exemple."
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Pourquoi les agents intervenaient-ils sur une voie en circulation ?
Lors des travaux SNCF, il arrive que les voies ne soient pas totalement neutralisées. Sur un "gros chantier", la circulation peut être réorganisée avec une déviation du trafic. "Lorsqu’un chantier est prévu sur plusieurs jours, SNCF réorganise la circulation de vos trains. Une déviation peut être mise en place afin de contourner la zone de travaux ou des navettes routières prévues pour effectuer votre trajet", indique la SNCF sur son site.
La société ajoute : "Afin de limiter les perturbations sur le trafic, SNCF mène les travaux de nuit à chaque fois que cela est possible."
Sur des chantiers de plus petite ampleur, la circulation peut en revanche être maintenue. Dans ce cas, des agents "guetteurs" ou "avertisseurs" sont mobilisés pour surveiller le passage des trains. Y a-t-il eu un dysfonctionnement dans le protocole ? L'enquête devra également le déterminer.
Combien de temps va durer l'enquête ?
Justement, cette enquête risque de durer longtemps, selon le syndicat Sud-Rail. "Il y a deux ans, un accident mortel s'est produit au fret de Savoie. Les conclusions ont mis un an et demi à arriver", relate Cyril Gourdon, délégué Sud-Rail en Côte-d'Or.
L'enquête devra notamment déterminer si les horaires de travail de l'agent étaient conformes, si tous les processus de sécurité ont été respectés... La famille et les collègues de la victime seront auditionnés.
À noter que deux enquêtes distinctes ont été ouvertes : une enquête interne à la SNCF, et une enquête judiciaire pour "homicide et blessures involontaires dans le cadre du travail". Elle est confiée à la direction interdépartementale de la police nationale. Contacté ce 13 mars, le procureur de la République de Dijon indique qu'il ne fera pas de communication à ce stade de l'enquête.
Que va faire la SNCF ?
Sud-Rail ont envoyé, dès mardi 12 mars au soir, un courrier adressé au PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou pour réclamer une réunion de crise avec les fédérations de cheminots "et qu'on arrête les morts au travail", ajoute Cyril Gourdon. Le tract rappelle également qu'une semaine plus tôt, le 6 mars, un autre accident a causé la mort d'un cheminot à Bischeim, en Alsace.
Quant aux autres agents présents sur place au moment de l'accident, le blessé est toujours hospitalisé mais son pronostic vital n'a pas été engagé. Une cellule d'aide psychologique a été mise en place par l'hôpital de Dijon, et la SNCF met à disposition de ses agents un numéro vert de soutien et d'écoute.