Une "certaine crainte" mais aussi une importante "solidarité" entre les jeunes. En quelques jours, le quartier de la Fontaine d'Ouche, à Dijon, a été marqué par une fusillade et le décès d'un jeune, dans le contexte de règlements de comptes liés au trafic de drogue. Deux animateurs témoignent de l'ambiance sur place, plusieurs jours après les faits.
Ils accompagnent au quotidien une quarantaine de jeunes du quartier de la Fontaine d'Ouche, à Dijon, en Côte-d'Or. Tous deux sont animateurs au sein de la Maison phare, une association engagée dans l'éducation populaire qui accueille au quotidien des jeunes de 11 à une vingtaine d'années.
Ce vendredi 22 mars, aucun d'entre eux n'a souhaité s'exprimer devant la caméra. Un refus qui témoigne de l'ambiance actuelle dans un quartier encore sous le choc. "On a l'impression que c'est beaucoup plus calme. Il y a quand même une certaine crainte qui est assez palpable", décrit l'un des deux animateurs, qui a conservé son anonymat.
Le mercredi 13 mars dernier, un jeune de 17 ans a été blessé dans une fusillade sur place. Dans la nuit de jeudi à vendredi, c'est un autre jeune de 19 ans originaire du quartier de la Fontaine d'Ouche qui est décédé de ses blessures après avoir reçu plusieurs coups de couteau. Quatre faits divers se sont au total déroulés dans l'agglomération dijonnaise en une semaine, pour lesquels le lien a rapidement été fait avec le trafic de drogue.
"Certains jeunes ont exprimé qu'ils avaient peur, qu'ils étaient choqués. Ils ont peur que cela puisse toucher une maman ou un petit, exprime l'animateur. Il y a la crainte des dommages collatéraux".
"Une solidarité entre les jeunes"
"Tout le monde a peur pour sa vie, des dommages collatéraux. Une balle perdue est vite arrivée, abonde également l'une des animatrices. J'ai aussi remarqué une solidarité entre les jeunes très importante, et entre les quartiers. On a des jeunes qui sont venus en solidarité, donc on a une petite lueur d'espoir".
Des faits qui ont également enflammé les réseaux sociaux. "Comme tout le monde se connaît, a le contact de tout le monde, les vidéos ont circulé très vite. Cela peut participer à la montée de rumeurs, de fantasme. Il y a toujours eu des rumeurs, mais elles ont pris un autre degré", raconte l'animateur.
Des jeunes "rassurés" par la présence des CRS
Des actes qui ont conduit à un renfort policier dans le quartier. "On a des jeunes qui sont rassurées par la présence des CRS. Ils sont dehors un peu tard, notamment avec le ramadan, précise celle qui échange avec eux au quotidien. Hier, ça les a rassurés, alors que d'habitude on est plus dans des conflits, on imagine des conflits entre les forces de l'ordre et les jeunes. Là, on n’était vraiment pas sur cette dynamique".
"On essaie de faire en sorte de garder la tête froide, à assurer notre rôle d'animateur pour que les jeunes continuent d'entrevoir des choses qu'ils ont envie de faire", décrit l'animateur.