"Quand j’ai rencontré ma conseillère, c’était la première fois qu’on prenait mon projet au sérieux." Comme Camille, Plus de 5700 jeunes ont contacté la mission locale de Dijon en 2021. Mais qu’y ont-ils trouvé ? Portrait d’une institution qui fête ses 40 années d’existence.
À la mission locale, tous les jeunes de 16 à 25 ans sont les bienvenus, ils ont accès à un accompagnement dès lors qu’ils ne sont plus scolarisés. "Ils peuvent avoir quitté les études très tôt comme après un long parcours post-bac" précise Carine Malardier, responsable au secteur centre-ville de la mission à Dijon. Les conseillers leur offrent un regard bienveillant sur leur projet de vie, et surtout un suivi pour se lancer dans la vie active.
Notre objectif, c’est de trouver un projet d’épanouissement personnel et professionnel pour chaque jeune.
Amandine Perveux, conseillère en insertion sociale et professionnelle
Pour les jeunes, et par les jeunes
Léo, 19 ans, est de ceux qui a entendu parler de la mission locale par un ami. Attiré par la possibilité d’obtenir un CEJ (contrat d’engagement jeune), il décide de se faire aider par l’antenne de Dijon. "J’avais pas mal de préjugés, je voyais ça comme un recours ultime, quand on est au bout du bout. Mais en fait, ils m’ont écouté et pris au sérieux quand je leur ai dit que je voulais devenir professionnel dans l’e-sport et le streaming avec mon Twitch", raconte-t-il. Sa conseillère d’insertion sociale et professionnelle lui propose d’abord de lui faire gagner de l’expérience.
Il obtient de faire son service civique au pôle média de la mission comme Camille, 22 ans. Ils sont entourés de Tony, en contrat aidé, et de Rémy, qui participe bénévolement, tous deux 24 ans. Ensemble, ils élaborent divers projets audiovisuels pour la chaîne Youtube de la mission locale, ainsi qu'une webradio. Mais ils peuvent répondre à d'autres besoins comme animer des plateaux pour des événements, et dernièrement réaliser une vidéo pour célébrer les 40 ans de la mission locale.
Tony possède sa propre chaîne Youtube. Après l’obtention de son master en langue française, il ne se voyait pas devenir professeur. Pôle Emploi le dirige alors vers la mission locale. "Je ne connaissais pas, j’ai tenté le coup. J’avais un bon parcours universitaire mais aucune confiance en moi. Pendant mon service civique, et maintenant en contrat aidé, j’ai pris des responsabilités, c’est épanouissant. On ne gagne pas grand-chose mais on a la possibilité de mener des projets énormes, de prendre des initiatives", explique-t-il en revenant sur son expérience de service civique, et désormais de contrat aidé à la mission locale de Dijon.
Camille, quant à elle, a suivi une formation en philosophie, elle avait son projet d’entreprise mais pas les codes du monde de l’entreprenariat. "Quand j’ai rencontré ma conseillère, c’était la première fois qu’on prenait mon projet au sérieux."
Souvent, les jeunes arrivent avec des envies mais ils se les interdisent, ils les enfouissent. Nous on les aborde avec réalisme.
Laurette Cardis, conseillère en insertion sociale et professionnelle
49 conseillers pour 14 antennes en Côte d'Or
La Milo (abréviation de mission locale) a pour mission de transformer toutes les possibilités offertes par les institutions pour proposer une solution adaptée aux besoins de chaque jeune qui demande son aide. Elle peut intervenir sur l'emploi, mais aussi sur la santé, le logement, la mobilité...
"On est là pour les aider à prendre une place dans la société, avoir des devoirs et des droits", rappelle Hamid El Hassouni, président de la mission de Dijon et délégué à la métropole de la participation citoyenne.
"La mission locale est au centre des institutions majeures de l'emploi et de l'éducation", précise Nicolas Nibourel, de la Direction départementale du travail, de l'emploi et des solidarités de Côte-d'Or. Cette structure est constamment en contact avec la plateforme de décrochage scolaire suivie par l'Éducation nationale et avec Pôle-Emploi.
Les conseillers en insertion sociale et professionnelle se basent d'abord sur les aspirations des jeunes. "Ce n'est pas facile d'avoir une idée de parcours professionnel quand on a 18 ans ou que l'on sort d'une vie d'école", précise Amandine Pervieux, une conseillère. "Alors on y va petit à petit, on part toujours de ce qu'ils savent faire, de leurs talents. Et ils en ont même s'ils ne le savent pas", rajoute Audrey Cossali, sa collègue.
On a des jeunes flippés pour leur avenir, même avec un Master de finance en poche. Quand ils passent la porte, d'abord on les rassure.
Pascal Pia, entrepreneur et parrain à la milo de Dijon
La période du Covid a perturbé les études de tous ceux qui se sont présentés en 2021. "On a vraiment ressenti un accroissement de la précarité cette année", indique Carine Malardier, responsable au secteur centre-ville de la mission à Dijon.
Mais les partenaires de la mission locale, qu'ils soient du Département ou à Pôle Emploi sont unanimes, c'est une réussite. L'accompagnement des jeunes et le travail des conseillers sont la bonne approche. "Le chômage de cette tranche d'âge reste faible en Côte-d'Or, et les plus de 5700 accompagnements de la Milo n'y sont pas étrangers", souligne Nicolas Nibourel.