Innovation : un Bourguignon invente un aérateur connecté pour déguster le vin dans les conditions optimales

Nicolas Naigeon a mis au point un aérateur pour que le vin n’ait plus à être carafé avant la dégustation. Ce dispositif est connecté à une application smartphone qui permet de scanner l’étiquette et ainsi connaître les conditions de service idéales de chaque bouteille.

Nicolas Naigeon vit à Paris mais a grandi entre Nuits-Saint-Georges et Aloxe-Corton. "J'avais l'expérience du vin d'un Bourguignon, faite de plaisir et de simplicité. Mais quand j'ai emménagé à Paris, j'ai rencontré d'autres personnes qui trouvaient le vin difficile d'accès, persuadées qu'il fallait s'y connaître", explique le jeune entrepreneur.

Démocratiser le vin

C'est à partir de constat que Nicolas Naigeon, qui travaille alors dans les nouvelles technologies appliquées au milieu médical, a commencé à cogiter. Plusieurs critères conditionnent la bonne dégustation d'un vin : sa température, le temps qu'on y passe, l'humeur dans laquelle on se trouve et l'aération.

Et sur ce dernier point, il a senti qu'il avait un coup à jouer : inventer un dispositif pour que chaque cuvée dévoile son meilleur bouquet grâce à une aération parfaite et instantanée. En 2017, Nicolas Naigeon lance donc la société Aveine et, après plus de deux ans de recherche et développement fin 2019, l'objet naît et est commercialisé.

"Je voulais participer à créer un monde de partage autour du vin, loin du côté prout-prout et du prestige de l'étiquette", poursuit ce passionné de vin et de nouvelles technologies. Une volonté de démocratiser la dégustation du vin qui a tout de même un coût. Le prix de l''aérateur connecté oscille entre 249 et 399 euros, selon les modèles.

Comment cela marche ?

Il s'agit d'un dispositif qui se place sur le goulot de la bouteille. Ce filtre permet d'injecter des bulles d'air dans le breuvage, ce qui reproduit l'échange entre le vin et l'oxygène à l'œuvre quand on aère ou on carafe un vin.

L'écran tactile permet de choisir le temps d'aération, jusqu'à 12h pour le modèle grand public, voire 24 heures pour l'aérateur destiné aux professionnels. Sauf que là, l'opération se fait instantanément.

L'application smartphone permet de savoir le temps d'aération le plus propice pour chaque flacon. Il suffit de scanner l'étiquette.

Le chef parisien Omar Dhiab utilise depuis plusieurs mois l'aérateur connecté d'Aveine en tant qu'amateur de vins. Il y est venu au départ par curiosité, il est devenu un de ses ambassadeurs n'hésitant pas en faire l'article. Il pense s'en servir également dans l'établissement qu'il s'apprête à ouvrir courant 2022.

 "Ce n'est pas un gadget ! C'est super de pouvoir d'ouvrir une dernière bouteille en fin de repas avec des amis. On ne l'avait pas anticipé mais on peut se faire immédiatement plaisir grâce à l'aérateur sans attendre les 4 ou 5 heures qui auraient été nécessaires pour l''apprécier à sa juste valeur. Idem dans un restaurant quand un client commande un grand cru, c'est délicat de lui demander de patienter", affirme ce cuisinier.

Omar Dhiab considère cet objet comme "un complément au sommelier et l'occasion d'être encore plus précis dans les nuances entre les plats et l'aération des vins".

Et la suite ?

Nicolas Naigeon a d'autres idées pour marier innovation et vin. Pourquoi pas des caves à vin connectées ?

"L'application smartphone pourrait être un compagnon de dégustation. Elle pourrait permettre de choisir le meilleur accord mets/vins en fonction de ce qu'on a dans sa cave à l'instant T et ce que l'on cuisine ou nous dire qu'il faut boire telle bouteille rapidement sous peine de passer à côté de son apogée", s'enthousiasme le fondateur d'Aveine.

Une idée en cours de développement qui pourrait, selon Nicolas Naigeon, séduire une clientèle de passionnés du vin comme d'amateurs moins aguerris notamment à l'international.

"Les Américains et els Asiatiques sont très friands de ce genre de produits high-tech appliqués au monde du vin. Pour eux, tradition et innovation n'ont rien de contradictoires", affirme cet entrepreneur. Aveine, qui affiche une croissance insolente, réalise déjà 70% de son chiffre d'affaires en dehors des frontières de l'Hexagone.