Plan anti-émeutes : "le tout répressif n'est pas la solution", un maire juge les annonces d'Elisabeth Borne

Jeudi 26 octobre, le gouvernement a détaillé son plan anti-émeute après les violences urbaines qui ont suivi la mort de Nahel, en juin dernier. Des mesures pour la plupart régaliennes et sécuritaires, qui manquent de "social" d'après Thierry Falconnet, maire PS de Chenôve (Côte-d'Or).

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Les maires attendaient "les réponses du gouvernement", après des journées de "violences urbaines". Jeudi 26 octobre, la Première ministre Elisabeth Borne présentait une série de mesures pour "accompagner et aider" les communes touchées par les émeutes ayant suivi la mort de Nahel, jeune homme tué par un membre des forces de l'ordre le 27 juin dernier.

Devant un parterre de 250 édiles issus de toute la France, Elisabeth Borne et ses ministres ont détaillé leur plan "anti-émeutes". 100 millions d'euros destinés à la reconstruction et la réparation des bâtiments détruits, placements "des jeunes délinquants, de manière obligatoire, dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse", encadrement des réseaux sociaux, prérogatives accrues pour la police municipale, "stages de responsabilité parentale"... le panel de mesure est large, "mais incomplet" pour Thierry Falconnet, maire de Chenôve (Côte-d'Or).

Sa commune a été lourdement touchée durant les émeutes et reste marquée par des épisodes réguliers de violences urbaines, comme l'incendie de l'hôtel de ville et du centre communal d'action sociale, en juillet 2022, ou celui du poste de police, en mars de la même année.

Nous avons ici un empilement de mesures régaliennes, répressives. Certaines vont dans le bon sens, mais il faut y ajouter des mesures sociales pour apporter un bon équilibre.

Thierry Falconnet,

maire (PS) de Chenôve

"Il faut que le gouvernement prenne conscience de l'urgence sociale dans certains quartiers", continue Thierry Falconnet. "On a eu aujourd'hui des mesures qui sanctionnent les enfants, les parents. Parfois, cela est nécessaire. Mais j'attends de voir les mesures qui les accompagnent pour que ce plan soit réellement efficace".

Une garantie d'assurance pour les collectivités territoriales ?

Un accompagnement également demandé pour les communes. Le maire de Chenôve porte ainsi avec lui une proposition de création d'un "fonds d'urgence de garantie assurantielle pour les collectivités locales". Pour faire simple, il s'agirait d'une caisse, financée sur les bénéfices des compagnies d'assurances, dans laquelle les collectivités pourraient piocher "si elles ne trouvent plus d'organisme qui accepte d'assurer leurs bâtiments".

Une mesure inspirée de la situation à Chenôve. Alors que son contrat d'assurance expire le 1ᵉʳ janvier 2024, la ville n'arrive pas à trouver un nouvel organisme prêt à assurer ses biens. "Après les sinistres qui nous ont touchés, soit on n'a pas de propositions, soit elles ont un coût exorbitant", regrette Thierry Falconnet. "Par exemple, un organisme nous a proposé une prime d'assurance à 300 000 euros, contre 40 000 en 2020".

Mesures sociales, avis du gouvernement sur cette proposition de fonds d'urgence... Le maire côte-d'orien espère avoir des réponses dès vendredi 27 octobre, lors d'un conseil interministériel au cours duquel une deuxième série d'annonces sera présentée.

Pour rappel, le bilan des émeutes ayant suivi la mort de Nahel a été particulièrement lourd. En France, près de 24 000 feux sur la voie publique, plus de 12 000 véhicules incendiés, 2 500 bâtiments incendiés ou dégradés, et plus de 3 500 interpellations ont été décomptés.

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