La production de sapins en agriculture est parfois contestée. Dans le Morvan, un collectif d'habitants a décidé de se mobiliser contre cette culture, qu'il considère comme une "colonisation des terres en milieu rural." Mais l'association française du sapin de noël naturel (ASFNN) assure que les faits sont exagérés.
"Oui, le mot colonisation est fort, mais cette production est pour nous une forme de colonisation sur la nature et notamment sur les terres agricoles." À quelques semaines du début des fêtes de Noël, un collectif d'habitants du Morvan a décidé d'alerter sur la production de sapins sur ce territoire.
La production de sapins en pépinière du Morvan abrite un quart de la production du pays, selon le parc naturel régional du Morvan. Un million de sapins y est produit en agriculture, puis coupés chaque année sur 1 500 hectares, soit plus de 2 000 terrains de football.
1 500 hectares de sapins, c'est 1% de la surface agricole utilisée dans le parc naturel régional, qui s'élève à 151 527 hectares.
"On s'inquiète de la prédation des terres agricoles, de la part, notamment, de ces résineux. Ils entraînent une grosse pollution de l'eau," explique Muriel André-Petident, la porte-parole de ce collectif.
"Il n'y a pas de preuves", répond Vincent Houis, ingénieur en agriculture auprès de l'association française du sapin de Noël naturel (ASFNN). "On n'a jamais eu aucun soucis environnemental."
La majorité des sapins du Morvan traitée aux pesticides
L'utilisation de pesticides avait été pointée du doigt par l'association Agir pour l'Environnement en 2022. Elle a réalisé une analyse de 13 sapins de Noël. Le résultat est édifiant : seuls deux sur les 13 ne sont pas contaminés par des produits phytosanitaires. 13 pesticides différents ont également été retrouvés dans ces conifères.
Certains, comme le glyphosate, sont d'ailleurs considérés comme les plus toxiques du marché. À l’époque, l'association écologiste a demandé à l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire), de réaliser une étude sur les conséquences sanitaires de cette découverte.
Une enquête dont l'Assocation française du sapin de noël naturel s'indigne. Ces derniers nous ont affirmé qu'un avocat avait été engagé pour entamer prochainement des poursuites à l'encontre de l'association Agir pour l'environnement.
L'utilisation de certains produits phytosanitaires n'est pas niée par l'ASFNN. En revanche, Vincent Houis, ingénieur en agriculture auprès de l'ASFNN, explique : "Nos producteurs ont l'indice de fréquence de traitement [un indice qui permet de suivre l'utilisation de pesticide à l'échelle d'un groupe d'exploitation] la plus basse de France".
"On veut faire du bio agronomiquement responsable"
Muriel André-Petident reconnaît pour autant que "certains agriculteurs font l'effort de ne pas traiter leur sapin de Noël". Ce collectif demande d'ailleurs à ce que "dans un premier temps, tous les producteurs passent en biologique, pour qu'une vraie filière puisse se développer".
L'ASFNN confirme le développement de certains producteurs bio. "Il faudrait qu'on arrive à faire du très beau biologique. Ce qui nous importe, c'est de faire du bio agronomiquement responsable."
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"On le voit déjà dans un certain nombre d'enseignes qui proposaient des sapins de Noël bio. Aujourd'hui, ils reviennent tous sur leurs choix car le consommateur n'achète pas des produits plus chers et qui ne sont franchement pas beaux !" assène Vincent Houis.
Cette vision est dénoncée par le collectif d'habitants du Morvan : "Le sapin de Noël devient l’emblème d’une société bullshit fondée sur le profit immédiat, une caricature de la consommation égoïste au détriment de la planète."
