Les vignerons bourguignons doivent renseigner la composition de leur produit sur les étiquettes de leur bouteille à partir de ce vendredi 8 décembre 2023. Une réglementation européenne que les producteurs régionaux estiment tantôt légitime, tantôt excessive.
"L'alimentaire entre dans l'ère de la transparence". Pour le représentant des négociants du vin en Bourgogne (CAVB) Pierre Jernelle, "le vin n'aurait pas pu échapper éternellement aux nouvelles réglementations".
Depuis ce vendredi 8 décembre, les vignerons français doivent renseigner la composition de leur produit sur les étiquettes de leur bouteille. Jusqu'ici, le vin restait la seule denrée exempte de cette obligation.
Pour s'y conformer, les producteurs de la région ont en majorité opté pour la solution d'un QR Code. Appliqué en coin d'étiquette, il pourra être flashé par un consommateur pour en savoir plus sur les composants qui flottent dans la bouteille de son choix.
Une lourde tâche de traduction
Un changement qui n'effraie pas particulièrement les vignerons locaux. "On n'a rien à cacher", assure-t-on à la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB). En revanche, certains producteurs déplorent une complexification de leur métier ("une de plus"), pour des effets qu'ils jugent relativement inutiles, voire contreproductifs.
Le 8 décembre, le nouveau règlement européen sur l’#étiquetage des bouteilles de #vin sera en vigueur 🏷️ Il est nécessaire de se préparer à cette évolution.
— Vin & Société (@vinetsociete) December 5, 2023
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Matières premières, sucres, conservateurs, antioxydants, régulateurs d'acidité... La liste complète des composants devra être traduite dans toutes les langues des pays de l'Union européenne qui importent un vin de Bourgogne.
Une détail qui n'en est pas un et que le viticulteur Alexandre Molin estime excessif. "À l’heure actuelle, avec une simple photo sur un téléphone, on traduit dans la langue voulue", commente le vigneron au micro de France 3 Bourgogne.
"Semer le doute" dans l'esprit du consommateur
"Beaucoup de contraintes pour pas grand-chose", le constat d'Alexandre Molin semble être partagé par Christophe Ferrari. Propriétaire du domaine d'Irancy, dans l'Yonne, le vigneron considère qu' "on tombe dans l'hygiénisme" avec cette réglementation.
Il explique par exemple que les doses maximales de sulfite autorisées ne sont jamais dépassées par les vignerons. Et se demande ainsi l'intérêt d'ajouter ce mot à une étiquette, qui pourrait "semer le doute" dans l'esprit du consommateur.
Seul producteur de rouge en appellation sur les terres icaunaises, Christophe Ferrari ne s'inquiète pas pour la santé de son vin sur le marché : sa clientèle est "habituée au vin et à ce qu'il y a dedans". "Un métier qui devient de plus en plus compliqué à exercer", c'est, en résumé, le seul regret du vigneron.
De nouvelles étiquettes pour 2024
Pour faciliter tant que possible la tâche des producteurs, le CAVB met en place une plateforme pour permettre aux vignerons de générer facilement leur QR Code.
Ne cherchez cependant pas de petit pyctogramme à tout prix sur les bouteilles de votre choix pour le nouvel an : la réglementation européenne entre en vigueur ce vendredi mais elle s'aligne sur les rythmes de production des vignerons locaux.
En Bourgogne, ce sont les étiquettes du millésime 2023 qui seront modifiées. Beaucoup de ces cuvées ne seront donc pas mises en bouteille avant le début de l'année 2024.