Scandale des vendangeurs dans des logements insalubres en Bourgogne : "c'est de l'esclavage moderne"

Le 19 septembre dernier, les gendarmes découvraient à Chaux (Côte-d'Or) plus de 70 vendangeurs espagnols hébergés dans des conditions indignes. Dans ce village situé au cœur de la côte viticole, l'affaire suscite un vif émoi. Dans le viseur, les prestataires "galeux" qui recrutent des vendangeurs.

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Ce qui lui a mis la puce à l'oreille, c'est le va-et-vient constant. "On avait remarqué qu'il y avait beaucoup de monde ces derniers jours, et aussi des voitures espagnoles", décrit cette habitante de Chaux (Côte-d'Or), rencontrée mardi 25 septembre. "Ils étaient tranquilles et n'embêtaient personne. Si j'avais su que la situation était aussi dramatique pour eux, j'aurais réagi avant."

Je suis sidérée. En 2024, j'appelle ça de l'esclavage, ni plus ni moins.

Une habitante de Chaux (Côte-d'Or)

"Eux", ce sont ces 70 travailleurs espagnols venus en Bourgogne pour les vendanges. Employés par un grand domaine local via un prestataire de services, ils étaient logés dans deux maisons à Chaux, dans des conditions particulièrement insalubres. "Il y avait entre 11 et 20 personnes dans des petites chambres de moins de 10 m²", dénonçait à France 3 Bilal, l'un des salariés.

Les bâtiments en question ont été vendus en début d'année "après le décès du propriétaire", détaille Philippe Balizet, le maire de la commune, qui s'est dit "abasourdi" en découvrant la situation. Et de pester : "c'est surréaliste. Quand je vois ça, je suis révolté. C'est complètement inapproprié et inadmissible, au 21e siècle, on ne peut pas tolérer ça dans nos villages."

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De "l'esclavage moderne"

Comment une telle situation a-t-elle pu se produire ? Pour Thiébault Huber, président de la confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), ce genre d'abus prend racine dans le manque de main-d'œuvre auquel la profession est confronté. "Comme on a besoin de 45 000 vendangeurs sur une période très courte, la prestation de services est en hausse en Bourgogne. Donc des sociétés se développent... et malheureusement, on en a des galleuses."

"Le prestataire dont il est question recrute de l'étranger des populations salariées étrangères. Il vient lui-même de l'étranger (du Maroc, ndlr)", explique Armelle Rutkowski, directrice générale de la sécurité sociale agricole de Bourgogne (MSA). "Il a pu passer un contrat avec un viticulteur qui cherchait de la main d'œuvre, puis embaucher lui-même les salariés. Quoi qu'il en soit, c'est à lui d'assurer des conditions d'accueil, de logement et de vie qui sont correctes et en accord avec nos lois."

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"Cette fraude-là est très particulière : ce n'est pas de la fraude sociale, c'est de l'esclavage moderne", poursuit-elle. "Les viticulteurs peuvent se faire tromper par les prestataires, mais ce sont des cas à la marge. Ceux qui n'appliquent pas correctement la loi, peut-être 10% dans le cadre de l'activité saisonnière, nous sommes là pour les accompagner... après, oui, il y a ceux qui sont là pour frauder, même si les fraudes ne sont pas en augmentation." En 2023, l'interprofession a signalé trois cas de fraude au procureur de la République.

Pour accueillir les vendangeurs, les vignerons réfléchissent par ailleurs à leurs propres solutions. "On a par exemple essayé de créer des lieux pour accueillir des gens qui voulaient être logés dans des tentes ou camions aménagés", détaille Thiébault Huber. "Mais si on veut que les pratiques inhumaines cessent, il faut qu'on mène des actions coup de poing pour ne plus voir les responsables ici."

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