Le vélo comme symbole du "monde d'après" ? C'est ce que tendent à prouver les Francs-Comtois qui ont répondu massivement à la prime gouvernementale pour réparer son vélo. Face à l'afflux de cycles en atelier depuis le déconfinement, petits magasins et grandes enseignes ont dû s'adapter.
"C'est un truc de dingue ! Je ne pensais jamais recevoir autant de vélos à l'atelier !" Pour Fabien Tournoux, gérant du magasin de cycle Sport Xtrême Loue à Ornans, la mise en place dès le 11 mai de la prime gouvernementale a eu un effet immédiat. Le but est d'inciter les Français à prendre leur vélo plutôt que la voiture pour les petits trajets. Le succès est tel que dès le 29 mai, le ministère de la Transition écologique a triplé le budget de 20 à 60 millions d'euros.
"Durant le premier mois, on m'a apporté 150 vélos à réparer à l'atelier! Je suis débordé, mais cela fait du bien après les deux mois de fermeture du magasin. Du coup, je m'adapte, je rattrape le temps perdu. Je commence vers 6 h du matin et la journée de travail se termine souvent tard le soir " nous explique Fabien.
Jean-Pierre est venu à l'atelier avec le vieux vélo de son fils. "Il travaille à Paris et il m'a demandé de le faire contrôler afin de pouvoir l'utiliser au quotidien dans ses déplacements". Fabien fait le tour du deux roues et il ne lui faut que quelques minutes pour voir tout ce qui ne va pas. "On va en priorité changer les éléments de sécurité. Les pneus, les freins, la transmission et on refait tous les réglages pour que le vélo retrouve une seconde jeunesse. Si les réparations ne dépassent pas les 50 euros HT, elles sont prises en charge par la prime. Si la facture est de 70 euros, je demanderai au client de me régler simplement la différence. Du coup, je comprends que les gens se précipitent dans les ateliers", nous explique le gérant du magasin. Fabien essaye de faire au mieux pour satisfaire les clients mais gérant d'un petit magasin, il travaille seul avec sa compagne et il ne cache pas qu'entre la réparation et les ventes, il a parfois du mal à faire face. Heureusement, beaucoup des ses clients sont compréhensifs.
Pour la plus grande enseigne de magasins de sport en France, il a fallu également s'adapter. Ludovic Filliau, chef de l'atelier Cycles au Décathlon de Montbéliard, a vécu la mise en place de la prime le 11 mai comme un raz-de-marée. Son rayon a été littéralement pris d'assaut. "Suite au coronavirus, nous avons dû, comme beaucoup de magasins, rouvrir en effectifs réduits. Dès la première semaine, c'est plus de 150 vélos qui ont été apportés en réparation. Les gens faisaient la queue 1 h 30 dehors avec leur matériel ! Du jamais-vu pour nous ! " L'équipe est confrontée également à une surcharge administrative. "Habituellement, il nous faut quelques minutes pour accueillir le client. Dans le cas de la prime gouvernementale, la gestion du dossier et son contrôle nous mobilise pendant 15 minutes. Vous imaginez le temps que cela peut prendre pour s'occuper de centaines de clients. Nous avons dû fermer l'atelier durant trois jours afin que mes quatre techniciens puissent rattraper le retard et ne pas être submergé" nous explique le responsable de l'atelier.
Pour faire face à la demande et ne pas dépasser une centaine de vélos en attente de réparation dans la réserve, le magasin de Montbéliard a dû s'adapter. "Fini l'atelier express où les gens viennent quand ils veulent. Nous avons dû mettre en place un accueil uniquement sur rendez-vous. Nous pouvons recevoir maintenant 10 à 12 personnes par jour. Cela prend à chaque fois près de 45 minutes. Nous donnons en moyenne un délai de deux semaines pour les travaux, mais c'est le prix à payer pour pouvoir continuer de faire un travail de qualité. Le problème est qu'aujourd'hui, les prochains rendez-vous disponibles sont fin juillet, mais nous n'avions pas le choix. Et puis la prime va se poursuivre jusque fin décembre, les gens ont encore le temps même s'il est plus agréable de circuler à vélo durant les beaux jours" nous explique Ludovic Filliau.
L'arrêt de la production sur le continent asiatique a une conséquence directe sur les délais à l'atelier. "Nous devons attendre beaucoup plus longtemps les pièces que nous avions auparavant, parfois du jour au lendemain. La Chine a arrêté de produire pendant plusieurs mois du coup aujourd'hui nous avons beaucoup de mal à être approvisionnés en pièces détachées pour réparer les cycles. Pour les vélos neufs, c'est pareil, nos rayons sont quasiment vides et ils va falloir attendre la fin de l'été pour commencer à retrouver des rayons mieux fournis" nous explique Ludovic Filliau, responsable de l'atelier.
Les deux mois d'enfermement ont donné des envies de liberté aux Français. Dès la réouverture du magasin, ils ont dévalisé le rayon cycles qui a battu des records ventes. Le chiffre d'affaire habituel a été multiplié de 4 à 5 fois selon les produits. 200 000 vélos ont été vendus en deux semaines par l'enseigne au niveau national.
La prime gouvernementale est un succès incroyable."On vise le million de vélos remis en état d’ici à la fin de l’année" annonce la ministre Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique. Si la diminution de l'utilisation de la voiture et le but premier de la prime. Le plan servira aussi à financer des places de stationnement temporaires pour les vélos et des formations pour apprendre ou réapprendre à rouler à vélo.
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