Créat'Heure : Eve George, souffleuse de verre

Le soufflage de verre est un univers très masculin. Eve George s'y est fait un nom. Son travail est salué et aujourd'hui elle se confie. Rencontre avec Eve, une artiste ambivalente : si sereine près des flammes.

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Mont-Saint-Jean, un coin tranquille, reculé en Côte-d’Or. Un « hameau » avec sept maisons. Une grande cloche en verre trône devant l’une d’entre elles. On sonne. Enfin, on cloche. Eve George nous ouvre les portes de son chez-elle.

La jeune femme est souffleuse de verre. Mais ce n’est pas ici qu’elle souffle. Pour la voir à l’œuvre, il faut reprendre la voiture et se rendre dans une région voisine, dans le Rhône-Alpes, à Brussieu plus exactement. L’atelier dispose d’un four de soufflage qui est mutualisé et en marche 24 heures sur 24. De nombreux souffleurs peuvent ainsi s’y retrouver. En Côte-d’Or, Eve George vit, dessine et expose ses créations. La Bourgogne, c’est plus calme qu’ailleurs. Elle préfère.
 

« Ça a été un déclic »

Eve est souffleuse de verre depuis 5 ans. « Ce qui est peu », reconnaît la jeune artisane. Elle suit d'abord une formation en design et c’est au cours d’un projet dans un atelier verrier qu’elle a le coup de foudre pour la matière. Alors Eve se forme très vite.

Mais souffler le verre, en quoi ça consiste exactement ? C’est le travail du verre en fusion, quand il sort du four à plus de 1 000 degrés et le mettre en forme par son souffle. Un travail « exigeant » admet Eve. La matière laisse peu de place à l’erreur. Quand il est chaud, le verre a une grande capacité de mémoire de forme. Le moindre geste à côté est donc très difficile à rattraper. Déjà minutieuse, Eve a en plus dû travailler sa rigueur.

Quand elle parle de son métier, Eve fait le parallèle avec celui de vitrailliste : « Je travaille des volumes alors que le vitrail se travaille à plat ». La matière est la même mais les techniques, les gestes sont différents. Le verre se travaille chaud, le vitrail se manipule froid.
 

« Les décors naturels m’inspirent beaucoup »


Aujourd’hui, Eve crée essentiellement le luminaire et l’objet de décoration. Son inspiration, elle la tire du moiré : un effet de reflets changeants et chatoyants d’un objet. Sa première collection en a d’ailleurs gardé le nom. Pour Eve, c’était évident de travailler le luminaire « parce que ce qui faisait sens, c’était de jouer avec la transparence, les textures et les variations de lumières ».
Elle s’inspire aussi de l’univers aquatique, d’éléments minéraux, de marbrures.
 


Eve George est un paradoxe à elle seule. Sa douceur la caractérise et inspire. Quoi de plus ironique quand on travaille près des flammes ? D’ailleurs, elle ne travaille pas du tout les couleurs « flashs ». Pas question « pour l’instant » d’utiliser de l’orange…

Eve confie que les souffleurs de verre sont parfois de grands frustrés. Ils travaillent une pâte orange-vif, couleur de la chaleur, difficile à retrouver. « Il y a cette fascination autour de cette couleur mais c’est impossible ». Le processus de travail la comble déjà et de toute façon, une fois l’objet entre les mains, la souffleuse de verre est à la recherche de plus de sérénité.
 

Assez peu d’accidents dans le soufflage du verre


Aucun danger à travailler si près du feu, nous rassure Eve. Quand le verre est en fusion, le rayonnement est si vif qu’intuitivement, « on ne s’en approche pas ». Le seul risque, c’est de se brûler avec les outils, chauffés par le four mais qui, d’apparence, ont l’air froid.

« Je suis très frileuse ». Davantage depuis qu’elle est souffleuse de verre ? Peut-être. Eve admet qu’il est toujours très agréable de travailler près du feu… mais simplement en hiver. « L’été, ça devient vite une torture ». On la croit volontiers.
 

Un dialogue avec le verre


Plus qu’un métier, Eve vit de sa passion au quotidien. Être souffleuse de verre, c’est aussi entretenir une relation privilégiée avec la matière. Eve précise qu’elle ne « dompte pas » le verre mais qu’elle « communique » avec. « On ne peut jamais y aller en force ».
 


 
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