Les principales agglomérations de la région mettent en place un nouveau plan transport à partir du lundi 11 mai 2020, à l'occasion du début de la première phase du déconfinement. Fréquence, paiement, mesures de protection : chaque réseau de transport cherche les bonnes réponses. Tour d'horizon...
Ils s'appellent Zoom, Tréma ou Divia, Léo ou Tanéo... mais tous sont dans le même bâteau : les réseaux de transports urbains doivent résoudre rapidement un vrai casse-tête : augmenter leur offre dès le lundi 11 mai pour répondre à la demande, tout en mettant en place des mesures draconiennes pour rassurer les usagers et respecter des conditions sanitaires satisfaisantes.
A Nevers, le réseau Tanéo innove
L'idée était dans les cartons mais l'épidémie de Covid-19 a précipité sa mise en place : avec Dijon, Lyon, Madrid, Singapour ou New-York, Nevers entre dans le cercle très fermé des villes qui permettent aux usagers des transports urbains un paiement de leur ticket de bus "sans contact". Dès lundi 11 mai, l'opérateur Kéolis va déployer ce service de paiement pour tous les possesseurs de carte bleue sans contact. Concrètement, les passagers n'auront qu'à présenter leur CB devant leur valideur, comme n'importe quel autre titre de transport.Le réseau Tanéo peut même se targuer de proposer un service supplémentaire par rapport au réseau dijonnais Divia : avec une même carte, il sera possible de valider le trajet de plusieurs personnes en cliquant le nombre souhaité sur l'écran. Aucun ticket ne sera délivré : c'est la carte bleue elle-même qui fera office de titre de transport, un titre qu'il faudra représenter devant le valideur en cas de correspondance. Le prix du voyage reste inchangé, à savoir 1,25 euro. Le président de Nevers Agglomération, Denis Thuriot, ne cache pas sa satisfaction face à cette solution de paiement :
Bien sûr, cette innovation a un atout majeur, en cette période de distanciation sociale obligatoire : éviter un contact entre le conducteur et les clients. Sur le réseau Tanéo de l'agglomération nivernaise, le chauffeur sera d'ailleurs protégé par un plexiglas... mais il ne sera pas interdit aux usagers d'entrer par les portes avant du véhicule, ce qui est le cas dans d'autres villes.Keolis accompagne notre volonté de moderniser le réseau et prend en compte l’axe d’innovation suivi par Nevers Agglomération. Je me réjouis donc que plusieurs offres digitales soient déployées et qu’elles contribuent ainsi, d’une part, à renforcer le positionnement de Nevers Agglomération en tant que territoire innovant et intelligent et, d’autre part, à ce que notre mobilité et notre réseau entrent dans une ère nouvelle.
L'offre va être revue à la hausse à partir du 11 mai, même si elle n'atteindra pas encore le niveau d'avant le confinement. Le directeur de Kéolis Nevers, Vivien Croix, nous assure que "75 % du trafic sera assuré, ce qui correspond à 4 bus sur 5 sur les 2 principales lignes du réseau (soit un bus environ toutes les 20 à 25 minutes) et à 3 bus sur 4 sur les autres lignes". En revanche, tous les services qui avaient fermé avec le confinement vont rouvrir, notamment Noctibus, pour que les personnes qui travaillent en horaire décalé ne soient pas pénalisées.
La crainte de l'affluence
A Nevers, comme partout, c'est la crainte de l'affluence qui domine, avec la fin programmée du confinement. Comment faire en sorte que les gestes barrières soient bien respectés dans les bus ? Dans les véhicules neversois, des croix au sol seront tracées et des affiches seront aposées sur un siège sur deux pour les condamner.Mais sur un réseau qui transporte habituellement 12.000 personnes par jour, c'est avant tout le respect et la discipline des usagers qui seront décisifs.
70 % du service à Dijon
Et la question se pose évidemment encore plus dans la capitale régionale où le réseau DIVIA enregistre en temps ordinaire 180.000 voyages par jour. Depuis le 17 mars, l'offre s'est considérablement réduite et le nombre de passagers atteint environ 5 % du trafic habituel.Là aussi, c'est donc le comportement des citoyens qui va être essentiel pour assurer la sécurité sanitaire de tous les voyageurs. Des messages seront régulièrement diffusés, les portes avant des véhicules seront condamnés et, comme dans tout l'hexagone, le masque sera obligatoire dans les bus et dans les tramways. C'est sur cette dernière mesure que Kéolis Dijon Mobilités insiste, même si le flou demeure encore sur la possibilité de verbalisation par les contrôleurs assermentés.
Mode d'emploi, avec Sylvain Bouillot et Dalila Iberrakène
Avec :
- Thomas Fontaine, directeur Keolis Dijon Mobilités
- Eric Cinotti, directeur régional SNCF Mobilités
Dans l'agglomération dijonnaise, dès le 11 mai, toutes les lignes vont rouvrir (à l'exception de Pleine Lune) et l'opérateur annonce un service assuré à 70-75 % (contre environ 20 % pendant le confinement).
Divia prévoit une circulation des tramways de 5h30 à 22h30 avec une fréquence de 7 à 10 minutes en journée et de 20 minutes en soirée.
Les lianes fonctionneront elles-aussi de 5h30 à 22h30, avec un bus toutes les 12 à 20 minutes tandis que les autres lignes seront desservies de 6h à 20h.
Quelle fréquentation en Saône-et-Loire ?
Le niveau de la fréquentation des transports en commun urbains reste la grande inconnue pour ce lundi synonyme de déconfinement.A Chalon-sur-Saône, notamment, on reste très méfiant. L'agglomération avait mis en place la gratuité au début du confinement, mais elle a été dans l'obligation de revenir sur sa décision face aux nombreux abus. De nombreuses personnes en profitaient pour des déplacements injustifiés, "pour aller se balader", notamment nous explique-t-on, "les personnes âgées et les personnes desoeuvrées".
A partir du 11 mai, le réseau Zoom restera très limité : les lignes urbaines de 1 à 7 et les navettes Sud et Ouest circuleront aux horaires "vacances scolaires". D'autre part, les lignes périurbaines et les navettes "Le Pouce" et "Quais de Saône" resteront suspendues. Et l'ensemble du réseau restera interrompu le dimanche.
L'enjeu de la distanciation sociale
Comme à Chalon-sur-Saône, Mâconnais-Beaujolais-Agglomération a opté pour la suppression d'un siège sur deux dans ses bus, ce qui limitera le nombre de passagers à une vingtaine. Le réseau Tréma retrouvera son aspect "classique", nous assure Thierry Beillet, le directeur de "Transdev Mâconnais-Beaujolais". Mais, il précise que sur les 7 lignes urbaines, la vente de ticket restera suspendue à bord des véhicules et que des mesures seront mises en place pour le respect de la distanciation sociale. L'agence commerciale, quant à elle, rouvrira ses portes au public, lundi 11 mai à Mâcon.Dans cette agglomération, la fréquentation des autobus a fondu pendant le confinement, pour ne compter qu'environ 600 voyageurs par jour contre 7000 habituellement.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, le réseau Léo d'Auxerre n'a pas encore indiqué son plan de transport pour le 11 mai.
Dans toutes les agglomérations de la région, le trafic du transport scolaire sera aussi réorganisé en fonction de la réouverture ou non des établissements.
Et l'ensemble des opérateurs insiste sur un message auprès des voyageurs :
Portez un masque et respectez les mesures de distanciation sociale