En Côte-d’Or et en Saône-et-Loire, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) s’inquiète de la suppression de deux postes d’éducateur à Dijon et à Chalon. Les syndicats interpellent les pouvoirs publics sur la situation des éducateurs.
La Justice des Mineurs en Bourgogne est en pleine crise, selon le Syndicat National des Personnels de l’Education et du Social et la Fédération Syndicale Unitaire. C'est le cas notamment en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire.
Une situation qui ne serait pas nouvelle, puisque le personnel s’était déjà mis en grève le 24 novembre 2016 à Dijon et à Chalon-sur-Saône pour alerter sur le manque de moyens en personnels et contre la baisse de budget. Au tribunal pour enfants de Dijon, les juges et les greffiers ont également vu leurs effectifs réduits.
Le gouvernement vient d'annoncer la suppression d’un poste d’éducateur au service d’insertion à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) de Dijon et un autre à Chalon-sur-Saône pour la rentrée de septembre 2017. Ces postes d’éducateur au service d’insertion prenaient en charge des jeunes qui ne sont pas scolarisés ou en apprentissage, sans projet ou sans diplôme.
On est déjà au-dessus de nos capacités de prise en charge
Pour Philippe Aymard, éducateur à la PJJ de Dijon, « si le service public est amputé de ses éducateurs, cela va toucher aussi les responsables locaux et les villes de la région. Les jeunes ne pourront plus être suivis, la tranquillité des quartiers va forcément être impactée. C’est également les délais de prise en charge qui vont se voir rallonger. »
Un poste d’éducateur correspondrait à la prise en charge de 25 jeunes sur une année, en accueil permanent. En Côte-d’Or, cela représente 10% de la capacité départementale de la PJJ et 15% pour la Saône-et-Loire.
Une décision que ne comprend pas Philippe Aymard : « on est déjà au-dessus de nos capacités de prise en charge, parce qu’on ne peut pas mettre en attente des décisions judiciaires. Aujourd’hui, on nous supprime des postes d’éducateur alors que les jeunes à prendre en charge sont aussi nombreux qu’avant. »
A Dijon, les 13 éducateurs présents prennent en charge 250 jeunes à l’année.
Quelles sont les actions prévues contre la suppression des postes ?
Les éducateurs de Côte-d’Or et Saône-et-Loire alertent une fois de plus les décideurs et les pouvoirs publics.« On a adressé une lettre aux principaux décideurs du département - François Rebsamen, maire de Dijon, mais également le conseil départemental et l’ensemble des parlementaires des deux départements - pour demander un soutien » explique Philippe Aymard.
Les éducateurs rencontreront mercredi 12 avril 2017, dans l'après-midi, le directeur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).
Le Comité Technique Territorial 21/71 s’est opposé à ces suppressions de poste lors de la session du 5 avril 2017 à Dijon, estimant qu’elles entraîneraient une dégradation des conditions de travail des personnels, mais aussi une baisse la qualité du travail auprès des familles et des jeunes.
« Le gouvernement avait précisé qu’il n’y aurait pas de suppression de postes dans ce secteur d’activité. Si la situation continue d’empirer et que l’on a moins de capacité de prise en charge pour ces jeunes, on va devoir mettre en attente certains jugements », conclut, agacé, Philippe Aymard.
Le reportage de Gabriel Talon et Dalila Iberrakene :
Intervenants :
- Laurent Tissier, Educateur PJJ en milieu ouvert-Délégué syndical SNPES
- Philippe Aymard, Secrétaire régional SNPES-PJJ
- Christophe Millescamps, Directeur inter-régional PJJ Grand Centre