Le président de la République s’adressait aux Français ce mercredi 2 mars à 20 heures. Alors que le conflit a fait déjà plus de 800.000 réfugiés, et que la Russie maintient la pression militaire autour de plusieurs villes dont la capitale Kiev.
Un discours solennel et grave de 14 minutes. Le président Macron a salué le courage du peuple ukrainien « qui résiste sous le feu des armes ». "Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs » redoute le chef du gouvernement. « La guerre en Europe n’est plus dans nos livres d’histoire, elle est sous nos yeux » a lancé Emmanuel Macron.
La Russie n’était pas agressée
Il n'y a pas de troupes ni de bases [de l'Otan] en Ukraine. Ce sont des mensonges. La Russie n'est pas agressée, c'est l'agresseur. Cette guerre est encore moins, comme une propagande intenable voudrait le faire penser, une lutte contre le nazisme. C'est un mensonge, une insulte à l'histoire de la Russie et de l'Ukraine, à la mémoire de nos aînés, qui ont combattu côte-à-côte contre le nazisme.
Emmanuel Macron, 2 mars 2022
Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie
Le président a souhaité faire la différence entre Poutine et son peuple. « Pour autant, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Nous savons tout ce qui nous lie à ce grand peuple européen qu'est le peuple russe, qui a tant sacrifié durant la Seconde Guerre mondiale pour sauver l'Europe de l'abîme. Nous sommes aujourd'hui aux côtés de tous les Russes qui, refusant qu'une guerre indigne soit menée en leur nom, ont l'esprit, responsabilité et le courage de défendre la paix et qui le font savoir en Russie et ailleurs."
La France prendra sa part dans l’accueil des réfugiés
"Plusieurs centaines de milliers de réfugiés venant d'Ukraine sont et seront accueillis notre continent. La France prendra sa part", a également déclaré Emmanuel Macron. L’industrie, l’économie, l’agriculture, la croissance en France seront affectés, dit-il. Avec des conséquences sur le pouvoir d’achat. Un plan de résilience économique et social sera mis en oeuvre. Pour lui, l’Europe doit aller vers une indépendance énergétique pour ne plus dépendre d’autres pays, comme la Russie et son gaz.
Le président de la République a annoncé la tenue d’un sommet européen les 10 et 11 mars à Versailles. Il a dit vouloir garder le contact avec les présidents des deux pays.
Près d’une semaine après l’attaque lancée par Vladimir Poutine sur son voisin l’Ukraine, Emmanuel Macron s’adressait pour la seconde fois aux Français. La Russie pilonnait mercredi une série de villes ukrainiennes, dont Kharkiv, deuxième ville du pays, alors que de nouveaux pourparlers russo-ukrainiens semblaient se confirmer.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "préoccupée" par les informations signalant des attaques contre des hôpitaux et des cibles sanitaires.
► Les dernières informations sur la guerre en Ukraine avec franceinfo
Plus de 800.000 réfugiés, le nombre ne cesse d'augmenter
En Ukraine, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) recensait exactement ce mercredi 2 mars à midi, 874.026 réfugiés soit 196.783 personnes de plus que la veille. Ils fuient en majorité par l'ouest, vers la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie, tous pays membres de l'UE et de l'Otan. Les autorités et l'ONU s'attendent à ce que le flot s'intensifie encore, l'armée russe semblant concentrer ses efforts sur des grandes villes ukrainiennes.
La Russie a lancé, jeudi 24 février, à l'aube, une invasion de l'Ukraine, avec frappes aériennes à travers le pays, notamment la capitale Kiev, et l'entrée de forces terrestres depuis le nord, l'est et le sud du pays, selon les gardes-frontières ukrainiens qui enregistrent de premières pertes. L'offensive a suscité un tollé international auquel Moscou reste sourd. Deux jours avant d’envahir l’Ukraine, le président russe avait reconnu l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, il a affirmé vouloir les "défendre" contre une agression ukrainienne.