Ils ont pris leur envol. À la mi-août, nombre d'espèces d'oiseaux ont entamé leur migration. Le groupe local LPO du Pays de Montbéliard a commencé le recensement de ceux qui passent par le Crêt des Roches mardi 20 août 2024. Un plaisir contributif à la préservation des espèces.
"Notre cerveau devient une banque de données photographiques", témoigne Georges Lignier, coordinateur du groupe local LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) du Pays de Montbéliard. Mardi 20 août 2024, les bénévoles, entre 50 et 80 observateurs sur toute la saison, commencent le suivi de la migration des oiseaux à Pont de Roide (Doubs).
Chaque personne ici a d'abord un plaisir à être dans la nature. À chaque instant, il peut y avoir une surprise, parfois une rareté.
Georges Lignier, coordinateur du groupe local LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) du Pays de Montbéliard
Jusqu'au 20 novembre, ils identifient et recensent les oiseaux migrateurs passant par le Crêt des Roches. Ce site est un endroit majeur et stratégique de la migration postnuptiale des oiseaux en France. "C'est une autoroute de la migration", indique Georges Lignier. Il se situe au commencement du Jura. "Soit les oiseaux contournent le Jura par l'est ou alors, ils débouchent sur nous", précise-t-il.
Entre 700 000 et 1 600 000 oiseaux recensés
Chaque année, les bénévoles recensent entre 700 000 et 1 600 000 individus de 90 à 500 espèces différentes. "On trouve deux dominantes : le pigeon ramier (entre 500 000 et 1 000 000) et le milan royal (entre 7 000 et 12 000)", précise Georges Lignier.
Les oiseaux commencent leur vol assez tardivement dans la journée, entre 9h30 ou 10h30 quand la chaleur commence à monter. Ils utilisent les bulles de chaleur comme des ascenseurs naturels pour pouvoir planer. Dans la journée, "le jeu est de trouver à chaque fois un autre ascenseur", explique le passionné.
Voler leur couterait trop d'énergie. À titre d'exemple, si une cigogne adulte parcourt 2 800 km en battant des ailes, il lui faudrait un peu plus de 800 grammes de graisse comme carburant pour se déplacer. En planant, cela nécessite tout juste 400 grammes. Une économie d'énergie non négligeable pour un oiseau pesant en moyenne entre 3 kg et 3,5 kg.
Pour autant, la plupart des espèces ne migrent pas en journée. "80 % des oiseaux migrent la nuit, car les vents sont moins forts et qu'il fait plus frais. C'est par exemple une adaptation chez les passereaux", précise Georges Lignier.
Le défi de l'identification
Les bénévoles doivent détecter le plus tôt possible les individus dans le ciel pour les identifier. "On les suit, car ils peuvent faire 15 km et revenir. Il faut une trajectoire complète pour le déclarer migrateur. On en voit certains 10 fois dans la journée", décrit George Lignier.
Ces amoureux de la nature détectent les individus à l'œil nu ou avec des jumelles. "Ensuite, on précise les critères avec des longues-vues." Ils s'appuient aussi sur des livres pour identifier les oiseaux et chacun progresse à son rythme.
Même un spécialiste peut se tromper donc on est prudent. C'est ce qui fait le charme et l'adrénaline de l'identification.
Georges Lignier, coordinateur du groupe local LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) du Pays de Montbéliard
Cette activité allie passion et contribution à la science : "On se fait plaisir et ont fourni à la LPO des données sur les évolutions du site". L'association s'est installée il y a une dizaine d'années à Pont de Roide suite à la situation alarmante qui touchait le milan royal, victime alors d'empoisonnement. En recensant les oiseaux migrateurs, le groupe cherche ainsi à contribuer à la préservation des espèces.