La décennie 1965-1975 fut la période de l’âge d’or des piscines en France. A l’époque, on ne parlait pas encore d’économies d’énergie, et pourtant.
1976, le début des piscines écologiques
En 1976, le maire de Delle dans le Territoire de Belfort, Louis Clerc doit gérer un déficit budgétaire annuel de 40 000 francs, il pense alors à faire de sa piscine, une piscine écologique par un système de chauffage original : 150 m2 de matelas en plastique souple installés sur les toits du bâtiment afin de capter l’énergie solaire et de chauffer le bassin extérieur.
François Martin, notre caméraman de l'époque visitait cette installation le 5 août 1976. Regardez son reportage.
En 1981, pour faire face au coût élevé du chauffage de l’eau de sa piscine, la commune d’Audincourt dans le Doubs innove également en installant des panneaux solaires.
Sur deux mois d’utilisation, nous en sommes déjà à 15 000 litres de fioul économisés (…) nous atteignons une température de l’eau nettement supérieure entre 24 et 26 degrés.
Serge Paganelli, maire d'Audincourt en 1981
Le 18 juin 1981, le maire d’Audincourt explique à l'équipe de reportage de FR3 que l’étude de projet d’énergie solaire fut demandée à la préfecture dès 1979. Nous sommes en plein deuxième choc pétrolier et de recherche des économies d’énergie. Un an plus tard, le ministère retient la commune d’Audincourt parmi les 30 villes dans lesquelles vont être expérimentées des installations solaires dans les piscines.
Quelles solutions aujourd’hui pour les collectivités pour réduire la consommation énergétique des piscines ?
D’après l’ADEME, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, les piscines et centres aquatiques sont souvent les bâtiments les plus consommateurs d’énergie dans le patrimoine des communes : la consommation énergétique annuelle d’une piscine se situe entre 2 800 et 3 000 kWh/m² de plan d’eau selon les bâtiments, lorsque la consommation annuelle moyenne d’un bâtiment tertiaire est de 250 kWh/m².
En France en 2015, la moitié des bassins étaient encore chauffés au gaz. Ce secteur est donc un gisement potentiel conséquent de sobriété et d’efficacité énergétique.
Avec l’augmentation du coût énergétique ces derniers mois, certaines piscines ont été fermées en France par leur gestionnaire privé au grand dam des communes. Ce fut le cas en Franche-Comté pour les piscines des Fins près de Morteau et de Champagnole.
Finalement, les deux piscines ont pu rouvrir les 27 et 28 septembre.
Piscines : d’autres solutions moins radicales pour réduire leur coût énergétique
- Le chauffage par énergie solaire
Certaines communes ont pensé dès l’ouverture de leur installation ou lors de leur rénovation à chauffer leur piscine de façon économique et écologique en optant pour l’énergie solaire. Mais la capacité de production de cette énergie dépend de la localisation et du taux d’ensoleillement. Elle ne peut pas couvrir à elle seule les besoins de chauffage de cet équipement très énergivore. Elle doit encore aujourd’hui être associée à un système de chauffage complémentaire, soit à énergie fossile (gaz ou fioul) ou à énergie plus durable (bois, biomasse).
- Le chauffage biomasse
En Bourgogne-Franche-Comté, d’autres collectivités ont profité de la rénovation de leur piscine vieillissante pour repenser le système de chauffage.
En 2013, par exemple, la ville de Besançon a mis en service la chaufferie biomasse qui approvisionne en chaleur et en eau chaude sanitaire la piscine Mallarmé et le palais des sports situé dans le même quartier. Selon l'ADEME, la piscine représente alors 70 % des besoins thermiques (contre 25 % pour le palais des sports et 5 % pour les autres bâtiments communaux).
En savoir plus sur le fonctionnement d’une chaufferie biomasse :
- La géothermie de surface
D'après l'ADEME, la géothermie est un énergie performante pour les piscines mais elle n'est applicable dans tous les secteurs de Bourgogne-Franche-Comté.
D'après une carte de l'ADEME, les plus forts potentiels en ressources géothermiques de surface sur système ouvert (nappe) sont situés dans le Jura entre Dole et Lons-le-Saunier.
En Bourgogne-Franche-Comté, l’ADEME a contribué au financement du chauffage par géothermie de 13 projets. Un seul d’entre eux est consacré à une piscine, celle de Decize dans la Nièvre.
Et si l’avenir était aux piscines labellisées BEPOS ?
La première piscine labellisée BEPOS (bâtiment à énergie positive) de France est à Bourgoin-Jallieu (Isère) et son coût est estimé à 13.5 millions d’euros.
Le projet de cette piscine Alice Milliat a été initié par la Communauté d’agglomération Porte de l’Isère (CAPI) et a été conçue par Po&Po (Bruno Palisson, Jean-Luc Calligaro). Elle ouvrira ses portes d’ici quelques semaines en 2022.
Bepos signifie normalement « bâtiment à énergie positive », c’est-à-dire que le bâtiment produit plus d’énergie qu’il consomme. Ce ne sera pas tout à fait le cas ici.
De fait, une piscine est un gouffre énergétique et il n’y avait jusqu’à aujourd’hui ni label officiel ni certification permettant de qualifier les performances d’une piscine. Les architectes de la piscine Alice Milliat de Bourgoin-Jallieu sont cependant parvenus à obtenir une équivalence qui en fait aujourd’hui un établissement particulièrement innovant et unique en terme de consommation énergétique.
Pour y parvenir, les concepteurs ont notamment créé un fond modulable pour régler la profondeur du bassin en fonction des activités, installé un puits de lumière pour optimiser l’éclairage et installé des panneaux photovoltaïques.