Assassinat d'Houcine Hakkar sur fond de trafic de drogue : vers un procès aux assises en 2024 ?

Huit personnes sont mises en examen dans le dossier concernant la mort d'Houcine Hakkar, un jeune bisontin tué par erreur par des dealers en mars 2020. Un procès pourrait avoir lieu en 2024. Explications.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La procédure judiciaire avance dans le cadre de la mort d'Houcine Hakkar, ce jeune homme pris pour cible le 8 mars 2020, par des dealers qui sévissent sur Besançon et plus particulièrement dans le quartier Planoise depuis plusieurs années maintenant. Le parquet vient de livrer ses réquisitions au magistrat instructeur qui doit désormais trancher sur la tenue ou non d'un procès aux assises courant 2024. Huit personnes sont mises en examen. "C'est un dossier emblématique de la délinquance à laquelle nous sommes confrontés à Besançon", a commencé le procureur de la République de Besançon, ce 20 juillet, face à la presse. 

Âgé de 23 ans au moment de son assassinat, Houcine Hakkar, étranger au trafic de drogue, avait succombé à trois balles tirées à bout portant, dont une reçue dans la tête. Il circulait au volant d'un véhicule de type Megane, de couleur bleue, aux côtés d'un ami. Malheureusement pour lui, c'est cette même marque de voiture que recherchaient les instigateurs de la course poursuite mortelle. La couleur, elle, n'était pas la bonne, puisqu'ils devaient prendre en chasse une Megane grise, selon les indications d'un donneur d'ordre présumé, toujours en fuite. Houcine Hakkar a été tué "par méprise", a rappelé ce jour le procureur de la République Etienne Manteaux. Son passager à quant à lui été gravement blessé. Une balle n'a pu être extraite de son bras. 

Au total, 33 munitions de 9 mm ont été retrouvées par les enquêteurs, dans le véhicule de la victime, dans un véhicule stationné sur le chemin de la course poursuite, mais aussi dans le lampadaire accroché dans le salon d'une centenaire résidant rue Fontaine écu.

Une volonté de tuer

Les investigations ont été une nouvelle fois boostées par le décryptage des téléphones PGP, utilisés par les dealers et autres malfaiteurs des quatre coins du monde, pour échapper à la surveillance des autorités. Dans les échanges censés être secrets entre dealers, les policiers découvrent qu'une réelle volonté de tuer un membre du clan adverse est apparue dès 2020, du côté du clan Mordjane dit "Picardie".

La mort d'Houcine Hakkar serait une réponse à des intimidations survenues le 6 mars, et menées à bien par le clan adverse, le clan Abdou dit "de la Tour". "Un membre charbonneur principal explique que ce jour-là, il s’est fait viser par balle au niveau de la tête", selon le procureur.

Cette guerre entre les deux bandes se partageant la vente de produits stupéfiants à Besançon, a débuté en 2019. Pour rappel, une partie des membres de ces deux clans ont été jugés et condamnés en 2022 et 2023 par le tribunal correctionnel de Besançon.

>> A lire aussi : Guerre de la drogue à Planoise : un premier jour de procès sous haute surveillance pour les membres présumés du clan "de la Tour"

>> A lire aussi : Guerre de la drogue à Planoise : des peines allant jusqu'à 15 ans de prison requises dans le procès des membres du clan "Picardie" à Besançon

Les caméras de vidéosurveillance ont également mis en lumière la rapidité avec laquelle le véhicule chasseur s'était focalisé sur la mauvaise voiture, en "une minute" seulement avant de déclencher une course poursuite. 

Le numéro un du clan Mordjane a acheté une mitraillette, de type HKMP5 pour 4000 euros, et avait tout un parc de véhicules volés pouvant être utilisés.

Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon

Au total, huit utilisateurs de ces téléphones PGP ont été mis en examen dans le dossier concernant la mort d'Houcine Hakkar. Les chefs d'accusation sont les suivants : assassinat et tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat. Le procureur a requis le renvoi de trois individus devant la cour d'assises. L'un a avoué être le conducteur du véhicule chasseur. "Les conversations PGP sont tellement explicites qu’on a eu des aveux de certains mis en examen. C'est chose rare dans ce genre de dossier", a souligné Etienne Manteaux. 

Cinq autres personnes ont vu une requalification des faits qui pèsent sur elles en association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes. "Si le magistrat suit mes réquisitions, ce sera un procès en correctionnelle", a conclu Etienne Manteaux, précisant que la décision du magistrat instructeur devrait intervenir au plus tard début septembre.

Le quartier Planoise au coeur de la violence liée au trafic

Depuis quelques années, l'ambiance s'est considérablement dégradée dans le plus grand quartier de la capitale comtoise, en raison d'un intense trafic de drogue particulièrement visible et dangereux. Les tirs et les intimidations des dealers, sans limites, se sont multipliés.

Des armes de guerre sont utilisées, parfois en pleine journée, pour abattre froidement ou intimider des rivaux. Plusieurs victimes, dont certaines étrangères au trafic comme Houcine Hakkar, sont tombées sous les balles, provoquant l'indignation, la peur et la colère des habitants. Ces derniers, pris en otage au coeur d'une violence qui semble sans fin, espèrent que le calme revienne durablement. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité