Dans la nuit du lundi 29 novembre au mardi 30 novembre, la statue a été recouverte d’une peinture rouge. Les arbres à proximité ont été gravés de croix gammées. La maire de Besançon annonce avoir porté plainte.
A Besançon, le visage d’Henriette de Crans a été entaché d’une peinture rouge. Une défiguration qui serait intervenue dans la nuit du 29 au 30 novembre. Autour de la sculpture du parc de Chamars, les arbres portent des croix gammées – des signes a priori gravés, bien avant cet acte de vandalisme.
Ce mardi 30 novembre, la mairie de Besançon a donné une conférence de presse, non loin du buste d'Henriette de Crans. Anne Vignot commence, l’air grave : « Je viens de porter plainte pour dégradation volontaire de biens publics. » La statue avait été inauguré le 20 décembre, à l’occasion de la marche contre les violences sexistes et sexuelles. Une manière d’honorer cette femme condamnée à mort pour sorcellerie en 1434.
Des échos à l'histoire ?
« C’est violent », lâche Anne-Valérie Dupond. La sculptrice constate les dégâts réalisés sur sa statue, et raconte : « La première fois que je suis allée la voir, il y avait déjà un crachat. C’est désolant. » Si elle admet s'être attendue à ce que son œuvre soit « décorée par des tags », il s'agit ici, d'une question de symboles : « Ce n’est pas un graffiti, c’est clairement un acte de violence. »
A la vue de cette statue, Brigitte Rochelandet, docteure en histoire des mentalités, ressent une immense colère : « c’est une atteinte à toutes celles qui subissent des violences. Car, dans ce portrait, toutes les femmes peuvent se reconnaître. » L'historienne, qui a participé à la reconnaissance de cette figure, rappelle qu'en 1434, Henriette de Crans était montée sur le bûcher à l'âge de 70 ans, « juste parce qu'elle était une femme. »
Un constat partagé par la maire de Besançon qui y voit un écho politique contemporain : « [Cet acte de vandalisme,] c’est s’attaquer à une femme qui a été brûlée vive sur un procès qui n’a jamais laissé de preuves. C’est une période où on se met à dire que la femme n’a pas à prendre une place politique et forte dans la société. »
Des expressions de haine
Dans sa conférence de presse, l'élue EELV a tenu à rappeler les « dégradations » déjà présente dans l’espace public. « Au moment de l’installation de la statue sur le socle, nous avions déjà constaté qu’il y avait eu une croix gammée qui avait été signée. Sur les arbres environnants, il y avait déjà ces signes gravés. Et là, cette fois, ce sont la peinture et ces signes qui sont associés à cette statue », précise-t-elle. Des « expressions de haine » dans un contexte « où s’expriment de plus en plus de personnes d’extrême-droite. » Anne Vignot annonce qu’une enquête sera ouverte pour retrouver les auteurs de cette dégradation.