Ce jeudi 3 juin 2021 était une journée nationale de mobilisation des Accompagnants d'Enfants en Situation de Handicap (AESH). Leur métier est primordial, pourtant leur statut est précaire et leur salaire misérable.
C’est un sujet qui revient régulièrement sur le devant de l’actualité, pourtant peu de changements pour le statut des AESH. Ils accompagnent les enfants porteurs de handicap pour leur assurer une scolarité la plus profitable possible. En lien avec l’enseignant, ils permettent à l’enfant de progresser comme il ne pourrait le faire seul. Sans les AESH, ces enfants ne pourraient rester en milieu ordinaire. L’inclusion est sur le papier une très belle idée, encore faut-il mettre les moyens suffisants pour les AESH et pour les enfants.
Être AESH qu’est-ce que c’est ?
C’est d’abord faire que le handicap de l’enfant soit moins un obstacle dans sa scolarité.
Mais c’est aussi avoir un salaire de 750 euros par mois pour 24 heures quand ils obtiennent des contrats de 24 heures, plus souvent réduits à 20 heures .
Avec l’arrivée des PIAL (pôle inclusif d’accompagnement localisé) en janvier 2021, les personnels AESH sont mutualisés, c’est-à-dire partagé entre plusieurs enfants, parfois de la même classe parfois pas. Un(e) AESH peut suivre jusqu’à quatre enfants, d’handicaps différents, d’âges différents et d'établissements différents et tout ça sans formation spécifique pour chaque handicap. En conclusion, c’est être peu considéré.
Nadine Gasne est AESH depuis 10 ans à Lons-le-Saunier dans le Jura. De premier métier préparatrice en pharmacie, elle ne changerait aujourd’hui pour rien au monde de profession.
"C’est un métier formidable, ils sont géniaux ces enfants. On a tellement de reconnaissance. Mais ça reste compliqué. Sans un 2ème salaire à la maison, c’est impossible. C’est un frein pour beaucoup pour s’engager dans ce métier" explique-t-elle.
Depuis un an, elle s’est syndiquée auprès du SNUipp 39 pour faire entendre la voix des AESH qui ne sont pas fédérés. Nadine Gasne sera aussi présente en audience en visioconférence avec le rectorat. Elle a beaucoup d’espoir que les choses changent.
Les syndicats suivent le dossier depuis des années
Séverine Duparet, secrétaire départementale du FSU 39 et Marjorie Breney du syndicat Snuipp25 sont unanimes. La liste des revendications est longue. A commencer par l’augmentation des salaires et l’augmentation du nombre d’heures des contrats en proposant du travail en périscolaire ou pendant les vacances.
Elles pensent aussi qu’il faudrait un nombre plus important d’AESH pour avoir une brigade de remplaçants. Aujourd’hui quand un AESH est malade, il n’est pas remplacé. C’est à l’enseignant de faire face au manque. Ou aux parents de récupérer leur enfant le temps de l’arrêt maladie.
Elles demandent par ailleurs l’abandon du PIAL. Il créée de la souplesse pour l’administration. Si en cours d’année une nouvelle notification MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) arrive pour un enfant, le rectorat peut alors récupérer des heures sur un autre contrat. C’est donc au dépend d’un enfant qui sera moins accompagné.
"Le PIAL c’est de l’inclusion affichage. Alors qu’il y a de la souffrance sur le terrain" déplore Séverine Duparet du syndicat FSU 39.
"Ceux qui trinquent ce sont les enfants" ajoute Marjorie Breney SNUipp 25.
Syndicats et AESH du Doubs et Jura réunis en visioconférence avec le Rectorat de Besançon
Ce jeudi à 16 heures, une rencontre virtuelle a eu lieu.
C’est la première fois dans le Doubs que des interlocuteurs académiques seront présents : Monsieur Patou, secrétaire général adjoint du rectorat et Monsieur Roche, conseiller technique AESH.
C'est une réunion importante pour soulever les problèmes et les faire remonter au Ministère de l'Éducation pour un changement en profondeur du statut des AESH.