L'anesthésiste Frédéric Péchier, mis en examen pour 30 cas présumés d'empoisonnement de patients dont 12 cas mortels, a accordé une interview à nos confrères du Parisien. Il continue à clamer son innocence. Détails.
L'anesthésiste Frédéric Péchier est soupçonné de 30 cas d'empoisonnement, dont 12 mortels, survenus entre 2008 et 2017, lorsqu'il était en poste à la Clinique Saint-Vincent ainsi qu'à la Polyclinique de Franche-Comté, à Besançon (relire notre article). Cet incroyable volet judiciaire, dans lequel les victimes sont âgées de 4 à 89 ans, a débuté en 2017. S'il a déjà clamé son innocence à plusieurs reprises, cela faisait plusieurs années qu'il avait choisi de garder le silence, retranché à Poitiers (Vienne), chez ses parents.
Ce mardi 18 juillet 2023, nos confrères du Parisien ont publié un entretien avec celui qui peut à nouveau exercer la médecine, sous certaines conditions strictes, et sans lien direct avec les patients. Frédéric Péchier souhaite "rétablir certaines vérités". Il se dit exaspéré de voir sa "présomption d'innocence piétinée" et souhaite "laver son nom de tout soupçon". Alors qu'un procès aux assises est envisagé pour 2025, l'anesthésiste, décrit comme "las et combatif", dévoile une partie de sa ligne de défense dans les colonnes du média national.
Une ligne de défense dévoilée en partie
Selon lui, seuls trois cas portés au dossier soulèvent réellement une question quant à un potentiel empoisonnement. "Hormis ceux-là, il n’y a pas de preuve d’administration de produits anormaux", explique-t-il au Parisien (article payant). Il admet des erreurs médicales, notamment deux de sa part, mais pas de volonté de nuire. Concernant le fait qu'il arrive sur les lieux des arrêts cardiaques toujours au bon moment, tel "Zorro", comme le dira une de ses consœurs, il rétorque qu'il intervient à chaque fois sur la demande de collègues.
De plus, il pointe du doigt le manque de statistiques fiables quant aux personnes décédées dans les blocs opératoires. "Les chiffres officiels [qui] ne sont pas forcément fiables, car ils ne sont faits qu’à partir des déclarations aux assurances", selon lui. Il lance même la piste d'une femme de ménage, "mais ça n'a pas été exploré", dit-il. À ceux qui le décrivent comme un "serial empoisonneur", il répond qu'aucun psychiatre et psychologue qu'il a rencontré n'a décelé de pathologie chez lui. Aurait-il agi par vengeance et jalousie par rapport à ses collègues, comme le soupçonne la justice ? "Des conflits, il y en avait entre tout le monde, moi, je n’en avais pas en particulier", explique celui qui n'a jamais été incarcéré, dans une réplique quelque peu contradictoire.
Pour finir, l'anesthésiste dit comprendre la douleur des familles de victimes et précise qu'il est prêt à se réexpliquer. "Il n'y a aucune preuve. C'est ça le problème... Je suis innocent et je me bats pour que cela soit reconnu", conclut-il.