ARCHIVES VIDEO. Les Français et la langue anglaise : 50 ans de méthodes d’apprentissage à l’école pour un niveau toujours aussi médiocre

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Expérimentation de l'apprentissage de l'anglais en école maternelle à Besançon le 22 juin 1967. ©INA

La journée de la langue anglaise est célébrée le 23 avril. C’est bien connu, les Français ont mauvaise réputation sur la pratique de l’anglais. Mais est-ce un problème de méthode ou bien d’âge d’apprentissage ? Dans les années 60, l’initiation à l’anglais est expérimentée dès l’école maternelle. Retour sur cette expérience avec les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA).

Do you speak English ?

One, two, three, four… Ce sont les premiers mots anglais appris par les petits Français âgés de 3 à 5 ans. À la rentrée scolaire, 1966, une expérience est tentée dans quelques écoles maternelles en France, dont l’école Fontaine Argent à Besançon.

L’origine de cette expérimentation vient d’une observation :

On est frappé en France de voir qu’un certain nombre de personnes, relativement important, étudie une ou deux langues étrangères à l’école et lorsqu’ils sont à l’étranger, ils sont incapables de s’exprimer, de demander leur route et d’entretenir avec les étrangers une conversation même très simple ! On peut donc se demander si cet échec qu’on enregistre dans l’apprentissage des langues étrangères (…) n'est pas dû à l’âge auquel on commence l’apprentissage de ces langues étrangères.

Mme Gerbaud, inspectrice des écoles maternelles - 1966

INA

La méthode utilisée est simple et dérivée d’un précepte ancien : autrefois, dans les familles aisées, il y avait une nurse anglaise (ou d’une autre nationalité) et les enfants apprenaient, en même temps que leur langue maternelle, une langue étrangère.

Dans cette classe de maternelle, c’est donc une jeune fille anglaise qui vient parler chaque jour avec les enfants en anglais, les faire vivre en anglais.

Il n’y a rien d'intellectuel dans cette méthode, on veut juste que les enfants aient leur nurse anglaise et vivent en anglais !

Mme Gerbaud, inspectrice des écoles maternelles

INA

« I’m putting the cloth on the table » : six mois après la mise en place de cette expérience, on constate que les écoliers ont déjà acquis un certain vocabulaire, mais surtout une grande aisance pour construire des phrases. En particulier quand ils s’expriment à la forme progressive, ce qui est d’habitude difficile à obtenir avec des enfants plus âgés des classes de 6e.

Autre avantage de cette méthode, ils prennent beaucoup de plaisir à parler en anglais.

La meilleure méthode pour apprendre l’anglais ? En parlant et en s’amusant !

Learn english by speaking  

L’apprentissage en école maternelle est basé sur l’oral : aucun écrit, aucune réflexion sur la construction grammaticale. Cette méthode d’enseignement, où la grammaire n’est plus le point de départ, mais un aboutissement, a été également utilisée en classe de sixième dès 1974 au lycée d’enseignement féminin de Belfort. Si les débuts sont difficiles, on voit très vite les progrès des élèves quand ils sont en cinquième.
L’important dans cette méthode, c’est d’acquérir, d’assimiler un vocabulaire, de s’exprimer pour maîtriser la langue anglaise. Et pour cela, quoi de mieux que de créer et jouer des petits sketches en anglais ? 
C’est ce que nous explique Jacques Pfirrmann dans ce reportage du 15 décembre 1976 sur cette nouvelle méthode audio – orale de l’enseignement de l’anglais.

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Nouvelle méthode audio - orale de l'enseignement de la langue anglaise au lycée d'État féminin de Belfort le 15 décembre 1976. Un reportage de Jaques Pfirrmann. ©INA

Que pensent les enfants sur l’apprentissage de l’anglais ? 

Children’s words

L’anglais est la langue officielle dans plus d’une cinquantaine de pays dans le monde. La réponse n’est donc pas surprenante quand on demande à un enfant pourquoi il veut apprendre cette langue :

Quand on veut avoir un copain au camping, c’est un peu difficile si on ne comprend pas l’anglais !

Un petit Jurassien en 1995

En 1995, le village de Marigny (Jura) propose des cours privés d’anglais tous les mercredis matin pour une dizaine d’enfants : c’est le Kid’s activity club. Une façon d’apprendre la langue en s’amusant comme on le voit dans cet extrait d’un reportage de Frédéric Dotte et Michel Cohadier diffusé le 11 septembre 1995.

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Cours privé le mercredi matin pour les enfants de Marigny (Jura). Extrait d'un reportage de Frédéric Dotte et Michel Cohadier diffusé sur France 3 Franche-Comté le 11 septembre 1995. ©INA

Et pour apprendre l’anglais en dehors des salles de classe, les ados ont toujours la possibilité de faire des échanges avec des correspondants britanniques.   

La ville de Besançon est jumelée avec Huddersfield depuis 1955. C’est par ce biais, qu’une enseignante a contacté son homologue anglais afin d’organiser un échange entre leurs élèves.  En avril 1977, c’est au tour des jeunes Anglais de venir en Franche-Comté. En-dehors des visites touristiques, une partie importante de leur séjour se déroule au sein des familles françaises qui les accueillent. Cette nouvelle manière d’apprendre une langue étrangère en vivant le quotidien, semble appréciée des parents, enseignants et des adolescents.

Je trouve que l’école s’est modernisée. C’est mieux pour l’accent. On peut faire des connaissances. On parle anglais, français et… avec les mains aussi !

Une collégienne française en 1977

INA

L’évolution de l’enseignement des langues vivantes en France

L’enseignement des langues vivantes a été introduit à l’école primaire en 1954 à Arles dans le cadre d’un jumelage. 
Des années 60 à la fin des années 80, les quelques expériences d’enseignement des langues étrangères, comme l’anglais en école maternelle et en primaire, se développent grâce à des initiatives locales.
Puis l’enseignement des langues en France ne cessera d’évoluer au cours des décennies suivantes au gré des rapports et des réformes.

Quelques dates :

  • En 1989, Lionel Jospin, ministre de l'Éducation nationale, lance un plan d’expérimentation contrôlée des langues vivantes à l’école élémentaire sur 3 ans qui introduit l’enseignement d’une langue étrangère du CE2 au CM2.
  • Depuis 2013, l’enseignement de langue vivante est obligatoire dès le CP à raison de 54 heures par année scolaire.
  • En 2022, le ministère de l’Éducation annonce des mesures pour améliorer les apprentissages des langues vivantes étrangères. Son objectif : d'ici à 2025, au moins 80 % des élèves en fin de 3e doivent avoir atteint le niveau requis en anglais. (Au minimum le niveau A2 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL))

So the French still can't speak English well ?

Alors, les Français ne savent toujours pas bien parler en anglais ?

On peut se demander si les petits écoliers de 1966, aujourd’hui sexagénaires, ont eu plus de facilité pour s’exprimer en anglais au cours de leurs études ou de leurs voyages… 

D’après un sondage d’Ipsos réalisé en 2019 sur un échantillon représentatif de personnes âgées de 18 ans et plus, il n’y a que seulement 19 % des Français interrogés qui jugent leur niveau en anglais satisfaisant (21 % des actifs). 

60 % des plus de 60 ans considèrent leur niveau « mauvais » contre 37 % pour les moins de 35 ans. Quand on leur demande « Selon vous, quels seraient les meilleurs moyens d’améliorer le niveau d’anglais des Français ? », ils répondent à 60 % « apprendre l’anglais dès le CP ». Viennent ensuite « des séjours à l’étranger, des échanges inter établissements » pour 34 %.

Alors pourquoi les Français ne parlent-ils pas mieux en anglais ?

L’humoriste britannique Paul Taylor nous donne quelques explications dans cette vidéo. Pour lui, les principales difficultés pour les Français sont la prononciation et les faux mots anglais autorisés par l’Académie française dans la langue française ! (Footing, pressing, dressing, brushing etc.)

Le sondage d’Ipsos en 2019 se basait sur le propre jugement des Français sur leur niveau.

Mais l’institution internationale Education First publie chaque année un rapport sur le niveau de maîtrise de l’anglais. Dans celui de 2022, la France est classée 34e sur 111 pays. (Elle était 31e en 2021.) Comme quoi, la réputation des Français sur leur pratique de la langue de Shakespeare peut encore s’améliorer.

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