Besançon : le jeune migrant guinéen Mamadou Saliou obtient un titre de séjour temporaire après la mobilisation de ses patrons restaurateurs

Le jeune cuisinier guinéen Mamadou Saliou vient d'obtenir un titre de séjour temporaire de un an délivré par la préfecture du Doubs. Cette régularisation intervient alors que le jeune homme devait quitter le territoire français au 1er juillet. La mobilisation de ses patrons et une pétition en ligne ont fait changer d'avis les services de la préfecture.

Juste au dernier moment. C'est seulement la vieille de la date de son Obligation de Quitter le Territoire Français fixée au 30 juin, que Mamadou Saliou a appris qu'il n'irait pas en centre de rétention et qu'il n'était plus obligé de retourner dans son pays d'origine. 

Un soulagement pour ce jeune homme qui a décroché un CAP de cuisinier et qui est en CDI (Contrat à Durée Indéterminé) au restaurant l'Antr'Act à Besançon. 

Sans vouloir une forte médiatisation, Romuald Garozzo et Romain Donier, les deux responsables du restaurant bisontin, se sont mobilisés pour assurer un avenir en France à Mamadou Saliou et, aussi, garder leur salarié.

Une pétition en ligne demandant que le jeune cuisinier "obtienne son autorisation de séjour" a recueilli plus de 75 000 signatures.

Le mardi 21 juin, les services de la préfecture du Doubs ont reçu les deux restaurateurs et leur salarié. Ils ont pu exposer la réelle motivation de Mamadou Saliou de rester travailler à Besançon. Deux documents administratifs restaient à fournir. 

Je voulais un rendez-vous. Pour que les services de préfecture rencontrent l'être humain, pour que cela ne soit pas qu'un dossier.

Romain Donier, restaurateur à Besançon

La préfecture du Doubs s'était engagée à répondre sous sept jours, ce qui a été fait. Mamadou Saliou a reçu son titre de séjour provisoire le 29 juin. 

Un parcours qui n'est pas isolé

Le jeune Guinéen est arrivé en France en mars 2019, il avait alors 15 ans et 8 mois. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, il a fait un stage dans un restaurant du centre-ville de Besançon.“Il ne savait pas ce que c’était un poivron, il ne parlait pas Français” raconte Romuald Garozzo, gérant du restaurant. Le jeune migrant découvre le monde de la cuisine, et les patrons lui font confiance. Ils doivent attendre les 16 ans de Mamadou pour pouvoir le prendre en apprentissage. Durant des mois, ils lui apprennent le métier. Mamadou a été embauché en CDI en septembre 2021 comme second cuisinier. Il parle aujourd’hui français, il sait lire. Il a appris tout cela sur son lieu de travail. 

"J'ai mon travail ici. Maintenant, ma vie, c’est ici. Je n’ai aucun avenir en Guinée" a expliqué le jeune homme interviewé il y a quelques jours sur Brut.

Mais l'âge de la majorité sonne comme le glas pour ces jeunes mineurs. Un changement de statut administratif qui les fait basculer de mineur protégé à majeur sans papier. Quand ils arrivent sur le sol français, les mineurs étrangers sont pris en charge par l’État, via les départements qui ont pour mission de s’occuper de l’enfance en danger. Ils sont hébergés, encadrés par des travailleurs sociaux et formés, pour la plupart, en apprentissage. Comme le prévoit la loi, à leurs 18 ans, ils doivent quitter le territoire national.

La loi "Ravacley" rejetée par le Sénat

A Besançon, un autre chef d'entreprise s'est battu pour que son salarié puisse continuer de travailler. Le boulanger Stéphane Ravacley (candidat Nupes non élu aux législatives de juin dernier) avait lui aussi obtenu la régularisation de Lay Fodé Traoré après une grève de la faim de 11 jours. L'association Patrons Solidaires a pris le relais de cette mobilisation en 2021. Depuis 2021, 1350 patrons, en France, ont contacté l'association car ils vivent la même situation. L'association a soutenu une douzaine de chefs d'entreprise dont les responsables du restaurant L'Antr'Act de Besançon

Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire, avait alors déposé une loi pour permettre aux apprentis étrangers de rester une année après leur 18 ème anniversaire. Cette loi, qui porte le nom du boulanger bisontin, la « loi Ravacley » a été rejetée par les sénateurs par 237 voix contre et 107 pour.

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