À Besançon dans le Doubs, l’association Patrons Solidaires a été rejointe dernièrement par le restaurant l'Antr'Act. Mamadou Saliou, arrivé de Guinée Conakry, ne dispose toujours pas d’autorisation de séjour. Il travaille depuis plus de deux ans dans cet établissement.
Les jours passent. Et la date du 30 juin est dans toutes les têtes. Mamadou, 18 ans est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF). Le jeune Guinéen est arrivé en France en mars 2019, il avait à 15 ans et 8 mois. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, il fait un stage dans un restaurant du centre-ville de Besançon. “Il ne savait pas ce que c’était un poivron, il ne parlait pas Français” raconte Romuald Garozzo, gérant du restaurant. Le jeune migrant découvre le monde de la cuisine, et les patrons lui font confiance. Ils doivent attendre les 16 ans de Mamadou pour pouvoir le prendre en apprentissage. Durant des mois, ils lui apprennent le métier. Mamadou a été embauché en CDI en septembre 2021 comme second cuisinier. Il parle aujourd’hui français, il sait lire. Il a appris tout cela sur son lieu de travail.
"J'ai mon travail ici. Maintenant, ma vie, c’est ici. Je n’ai aucun avenir en Guinée" a expliqué le jeune homme interviewé il y a quelques jours sur Brut.
Patrons solidaires, un nouveau combat
Aujourd’hui, ses patrons disent ne pas vouloir faire le buzz. Leur pétition en ligne lancée le 2 juin a déjà rassemblé plus de 38.000 signatures à l'heure où nous écrivons. Ils font partie de l’association Patron Solidaires née du combat de Stéphane Ravacley, boulanger bisontin. Ce dernier avait en janvier 2021 mené une grève de la faim de dix jours pour la régularisation de son apprenti guinéen. Un combat médiatique qui avait fini par payer. “Nous, on demande juste que Mamadou puisse continuer à travailler en France dans la restauration, nous avons des projets avec lui” précise Romain Garozzo.
On a un gamin qui est là tous les jours, qui bosse, qui ne perd pas le moral, pour l’instant.
Romuald Garozzo, gérant de restaurant
Le patron souligne que son salarié cotise en France. Il pointe aussi le manque de main d'œuvre qui touche depuis ces derniers mois le secteur de la restauration. À l'Antr'Act par exemple, il manque toujours un cuisinier, le patron est revenu au fourneau pour que la maison puisse tourner 7 jours sur 7.
“Si les gens comme Mamadou, les exilés sont traités comme un dossier, et non comme un homme, on ne peut pas s’en sortir en fait” estime Romain Donier, associé du restaurant.
Le cas de Mamadou est entre les mains des services de l’Etat. De nouvelles pièces ont été versées au dossier ces derniers jours après une rencontre avec la Préfecture du Doubs. L’acte de naissance du jeune homme sera sans doute une pièce cruciale. Faute d’authentification formelle de ce document, de nombreux migrants guinéens se voient refuser une autorisation de séjour pour ce motif. Selon les patrons de Mamadou, la préfecture s’est engagée à répondre rapidement au plus tard, le 28. “On veut y croire” espère Romuald Garozzo.