VIDEO. Le zoo de la citadelle de Besançon doit-il fermer ses portes ?

Une pétition lancée par l'association Humanimo rassemble plus de 40 000 signatures sur internet. Elle réclame la fermeture du zoo de la citadelle de Besançon et souhaite interpeller les candidats aux élections municipales. Explications.

"Nous ne voulons plus voir ça ! Nous ne voulons plus que Besançon, capitale de la biodiversité, abrite un sinistre lieu de servitude, de captivité et d’oppression ! Nous voulons des animaux libres ! L’argument de la conservation, scientifiquement recevable pour quelques rares espèces, n’est pas éthiquement acceptable" explique une pétition numérique, lancée par l'association Humanimo, mercredi 15 janvier. Ce texte dénonce la présence d'un zoo au coeur de la Citadelle de Besançon, lieu touristique emblématique de notre région.

Les défenseurs des animaux avancent des arguments qui trouvent de plus en plus d'écho auprès de l'opinion publique. Après quelques jours seulement, plus de 40 000 personnes ont signé la pétition, alors que les auteurs interpellent les candidats à l'élection municipale de mars 2020.L'association Humanimo, basée en Franche-Comté, fait référence à la mort de la jeune lionne Aya, décédée le 2 janvier à la Citadelle de Besançon, à la suite d'une intervention chirurgicale urgente (lire notre article). L'animal n'avait pas un comportement habituel depuis plusieurs jours. "Nous [l']avions filmée plusieurs fois en train de faire des allers et retours sans fin dans les 500 m2 qui lui servaient de territoire, à elle et à son compagnon Hélios. Nous avons vu aussi le regard triste des tigres (700 m2), l’ennui du kangourou, la mélancolie des primates" écrit l'association à l'origine de la pétition.
 

"Se mettre autour d'une table"


"On espère surtout interpeller les candidats aux municipales. Certains se positionnent déjà. Nous on veut que ce zoo disparaisse et il semble que de plus en plus de gens soient sensibles à cette cause. Nous sommes notamment en discussion avec la liste "Besançon par nature" d'Anne Vignot. Nous avions aussi rencontré Eric Alauzet, il y a un moment déjà. Il faut que tout le monde se mette autour d'une table" explique Martine Landry, porte-parole de l'association franc-comtoise. 

Les candidats aux municipales 2020 ont effectivement, pour certains, un avis sur la question et l'ont d'ores et déjà exprimé. Anne Vignot, ancienne responsable du conservatoire régional des espaces naturels et désormais candidate EELV de la liste "Besançon par nature", est évidemment sensible à la question. "La principale décision de notre liste consiste à proposer au Conseil municipal de prendre en charge la question de la condition animale. C'est une réelle décision politique qu'on doit prendre, cela ne se fait pas du jour au lendemain. C'est un très gros dossier. Il faut réunir des associations, des scientifiques... Si nous sommes élus, on posera la question du zoo sur la table de la municipalité en 2020" nous a-t-elle détaillé.
 
 

"Une question complexe"


Ludovic Fagaut, candidat des Républicains, avait réagi sur les réseaux sociaux après l'annonce de la mort du félin Aya. "Je souhaite dans le cadre de notre Projet "Port Citadelle" que nous ouvrions le débat vers une évolution du lieu. Vers une prise en compte encore plus forte du bien-être animal, même si cela inclut de réduire le nombre d'espèces pour proposer des espaces plus grands, plus naturels, plus aérés pour chacun" avait-il écrit.

Pour Alexandra Cordier de la liste Ensemble !, le jardin zoologique de notre Citadelle est sous le feu de critiques disproportionnées. "Il s'agit d'un jardin zoologique, et non pas d'un zoo. C’est un atout majeur pour préserver la biodiversité. Nous avons en effet la chance d'avoir à Besançon un espace zoologique et scientifique reconnu mondialement dont les priorités sont la préservation et la reproduction d'espèces menacées d'extinction et vulnérables lorsqu'elles sont isolées dans la nature. Rappelons-le : plus de 50 espèces de primates, carnivores ou d'oiseaux sont hébergées à la Citadelle. 70 % de ces espèces font partie de programmes d'élevage européens et internationaux, qui exigent des conditions particulières de bien-être pour les populations captives animales" écrit la candidate dans un communiqué.
 


L'équipe municipale en place, dont Anne Vignot fait partie, ne s'est pas emparée de ce sujet avant. Patrick Bontemps, adjoint à la mairie de Besançon en charge de la culture, du patrimoine et des musées confirme que ce sujet n'a pas été abordé mais qu'il doit être pris en compte à l'avenir. "La question de la fermeture du zoo de la Citadelle n'a jamais été posée comme ça et ne se posera pas dans l'immédiat. Je pense que c'est une question qui est complexe. On se doutait bien que tôt ou tard elle se poserait" nous explique l'élu à la Ville de Besançon.

Le Muséum de Besançon participe au programme de sauvegarde du Lion d’Asie. Il fait partie des quelques établissements dans le monde à préserver cette espèce rare, classée en danger sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Faut-il en finir avec les programmes de sauvegarde des animaux au sein du Muséum de Besançon ? Certains se posent la question et pointent du doigt l'espace restreint, non modulable et inadapté pour les espèces, contrairement à d'autres réserves et parcs naturels en France, comme à Peaugres (07) pour les guépards ou encore à Romagne (86) pour les bonobos.
 
 

Conservation, recherche et pédagogie


La conservation des espèces dans les zoos est-elle efficace ? "Elle est nécessaire, mais pas suffisante" répond François Moutou, vétérinaire naturaliste, président d’honneur de la SFEPM dans un article de La Croix. "Les parcs animaliers ont trois missions : la conservation, la recherche et la pédagogie. Une partie des bénéfices des zoos sert aux programmes de protection dans leurs pays, en aidant la population locale à se nourrir, à s’équiper de façon à ce qu’il n’y ait pas de compétition entre l’espace sauvage et l’espace exploité par l’homme" précise également François Moutou.

Selon Martine Landry, de l'association Humanimo Franche-Comté, il existe de nombreux autres moyens pour faire de la pédagogie auprès des publics et les sensibiliser à la faune que d'exposer des animaux, notamment les grands mammifères dans un zoo comme celui de la Citadelle de Besançon. "Mais quelle sauvegarde ? Ce sont, dans le cas de Besançon, des animaux qui sont asservis. On l'observe parfaitement. Oui ils sont bien traités par les soigneurs évidemment, mais la conservation c'est dans un parc ! L'espace à Besançon, ce n'est juste pas possible. Ce zoo date des années 60. Ils ont déjà enlevé des animaux d'ailleurs. Fut un temps, il y avait même des éléphants..." explique-t-elle.


"Une réflexion sur le choix des espèces présentées"


Selon Humanimo, les techniques numériques peuvent permettre de se passer d'animaux vivants pour sensibiliser le public. "Il existe des techniques numériques, des hologrammes... Et pour les animaux présents, il existe des sanctuaires ou des refuges. Certaines associations s'occupent même des transferts vers des réserves en Afrique" conclut Martine Landry.

"Une réflexion est engagée en vue de la création d’un « master plan » (un document cadre équivalent à un Projet Scientifique et Culturel pour un musée), lequel définira la stratégie, les objectifs, les espèces animales à présenter, les aménagements, les investissements à prévoir, la planification dans le temps, en lien avec les services administratifs et les autorités compétentes. Sur la base d’un nouveau projet scientifique, une réflexion est en cours sur les investissements à prévoir pour un réaménagement du Jardin zoologique, incluant nécessairement une réflexion sur le choix des espèces présentées" explique quant à lui Jean-Louis Fousseret, dans un communiqué diffusé jeudi 23 janvier.

► Pour aller plus loin : Zoos : faut-il les fermer ?
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité